Les diagnostiqueurs immobiliers dans l'œil du cyclone
L'enquête réalisée par l'UFC-Que Choisir sur les diagnostics de performance énergétique (DPE) publiée le 21 février dernier a mis le feu aux poudres. L'association de consommateurs n'y va, il est vrai, pas par quatre chemins pour fustiger les pratiques des professionnels du diagnostic. « Sur 4 maisons visitées par 16 diagnostiqueurs : deux maisons ont été classées dans pas moins de 3 classes énergétiques différentes, une a été classée dans 2 étiquettes différentes, une seule s’étant vue attribuer la même étiquette énergétique par tous ces « professionnels ».
Et l'UFC-Que Choisir d'insister : « Une des maisons enquêtée a été classée, selon les diagnostiqueurs, en C, D ou E, avec une estimation de consommation de 134 kWh à 244 kWh par m2 et par an, soit une facture annuelle variant de 1000 à 1800 euros ! »
Des résultats d'autant plus « effarants » et « inquiétants » selon l'UFC Que-Choisir qu'aujourd'hui plus encore qu'en 2008 où une première enquête avait déjà donné des résultats discordants, « les DPE sont dorénavant obligatoires dès la mise en vente ou en location des logements et leur affichage est obligatoire dans toutes les annonces immobilières. » Face à ce constat, l'UFC-Que Choisir a demandé aux pouvoirs publics « d'adopter sans délai des mesures techniques pour fiabiliser les Diagnostics de Performance Energétique » ainsi que « de rendre opposable le DPE entre l'acheteur et le vendeur pour que la responsabilité du diagnostiqueur puisse être engagée en cas de diagnostic erroné. »
Vers une moralisation des pratiques
La réponse du ministère ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué, Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement et Benoist Apparu, Secrétaire d’Etat chargé du Logement, rappelaient « qu’un vaste plan d’actions a été engagé dès octobre dernier pour rendre plus fiable le diagnostic de performance énergétique (DPE). » Annoncée le 27 octobre 2010, par Benoist APPARU, cette démarche de fiabilisation porte « sur 7 points essentiels, tels que l’amélioration des méthodes de calcul pour la réalisation des diagnostics, le perfectionnement du contrôle des diagnostics effectués, ou encore la mise en place d’un suivi amélioré des réclamations. Il s’agit également d’améliorer les compétences des diagnostiqueurs, en passant par un encadrement de la formation, et de rendre clairement explicite l’ensemble des données prises en compte dans le calcul du DPE. »
Des réunions de consultations avec les fédérations de diagnostiqueurs et l'ensemble des acteurs concernés auront lieu tout au long du mois de mars. Ces travaux feront l’objet d’un premier bilan en avril prochain lors d’une table ronde autour de Benoist Apparu.
Les réseaux en franchise ont une carte à jouer !
Le secteur en plein essor du diagnostic immobilier est dominé en franchise par le réseau Agenda (200 franchisés) devant les autres réseaux comme Abc Immodiag, Activexpertise, Arliane, Defim, Eco-énergistes conseil, O2 diagnostics ou Oméga expertise. Face au durcissement annoncé des procédures visant à fiabiliser les pratiques, ces réseaux de franchise spécialisés dans le diagnostic immobilier ont incontestablement une carte à jouer !
Mieux structurés que les indépendants, ils imposent déjà à leurs franchisés d'adhérer à une charte de qualité de services. Ils proposent de plus une veille juridique et technique mutualisée ce qui rend les franchisés notablement mieux armés que les indépendants pour faire face aux changements réglementaires.
En pointe pour tout ce qui concerne la formation, les réseaux en franchise spécialisés dans le diagnostic immobilier bénéficient d'un marché porteur : Amiante, plomb, parasites, gaz, électricité, performance énergétique... en quelques années, les diagnostics obligatoires se sont multipliés. En France le marché est d'environ 300 millions d'euros pour 1.500.000 diagnostics réglementaires, répartis entre des opérations de transactions et de locations immobilières.