« 2020 est une année charnière pour le marché du vélo »
L’explosion de la pratique du vélo offre de belles opportunités de business
Dans une étude publiée fin octobre, l’institut Xerfi se penche sur le boom du marché du cycle, d’abord porté par les mouvements sociaux et les politiques incitatives puis par la crise sanitaire.
La fin du modèle du tout automobile
La question des mobilités est au centre des préoccupations des collectivités, confrontées à la nécessité de repenser la distribution de l’espace pour favoriser les alternatives au modèle du tout automobile prôné depuis les années 1970 qui a atteint ses limites. La limitation de l’engorgement des centres urbains passe par le développement des transports en commun et des aménagements en faveur des mobilités actives parmi lesquels la marche à pied et le vélo. Le marché du cycle profite de ces évolutions depuis plusieurs années mais les mouvements de grèves puis la crise sanitaire ont joué un vrai rôle d’accélérateur.
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En s’imposant comme un moyen de transport parmi les plus efficaces en milieu urbain, le vélo séduit toujours plus d’adeptes, notamment dans le cadre des déplacements domicile-travail. Les mouvements sociaux, engendrant des perturbations dans les transports en commun et une congestion du trafic automobile, ont encore amplifié cette tendance au même titre que la crise sanitaire qui a suivi. La nécessité de respecter la distanciation physique pour limiter les risques de contagion joue en effet en faveur des mobilités actives. Déjà engagées dans le développement d’infrastructures dédiées et l’instauration de politiques incitatives, les collectivités ont accéléré le mouvement à l’issue du confinement de mars 2020, notamment avec le déploiement des coronapistes, le programme Coup de Pouce Vélo ou encore le renforcement des aides à l’achat de VAE et autres vélos cargo.
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De nouveaux acteurs pour de nouveaux services
Le marché du cycle porté par le dynamisme du VAE
Le contexte est donc on ne peut plus favorable au marché du cycle comme le souligne l’étude de l’institut Xerfi « La flambée du marché du vélo à l’horizon 2023 » qui anticipe une croissance du marché de « 15% en valeur en 2020 pour dépasser les 2,6 milliards d’euros », et ce, malgré les difficultés d’approvisionnement et de production générées par la crise sanitaire. Cette montée en puissance confirme l’excellente année 2019 au cours de laquelle le marché avait déjà profité d’un bond de 10%.
Xerfi estime que le marché devrait ainsi continuer de « croître de 9% par an en valeur d’ici 2023, dopé par les ventes de VAE (+19% par an sur la période pour atteindre près de 800.000 unités) ». Le marché du cycle pourrait ainsi peser 3,4 milliards d’euros en 2023. Le VAE (Vélo à assistance électrique) est clairement le segment le plus dynamique du marché, illustrant parfaitement la révolution des mobilités actives et le retour du vélo comme moyen de déplacement du quotidien.
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La mutation des circuits de distribution
Comme le révèle l’étude Xerfi, les distributeurs traditionnels que sont les magasins spécialisés, comme Velo & Oxygen, Veloland, Culture Vélo ou encore Cyclable, et les enseignes multisports, comme Intersport et Decathlon, observent l’arrivée de nouveaux distributeurs sur le marché. Il s’agit de fabricants qui adoptent la vente directe, la grande distribution ou encore les pures players.
Profitant des nouvelles solutions offertes par le digital, tant en termes de distribution que de marketing, de plus en plus de fabricants optent en effet pour la vente directe en parallèle des canaux de distribution classiques. Certains ont même passé le cap de l’ouverture de magasins physiques comme le fabricant de vélos électriques Vélo Mad qui a ouvert une première boutique parisienne en juillet 2020 ou encore Peugeot Cycles qui a ouvert une boutique à Lyon. L’essor du VAE a aussi encouragé la création de nouvelles enseignes, comme Citibike, et des acteurs de la grande distribution, comme Fnac Darty, Auchan ou encore Norauto investissent également le créneau du vélo électrique.
Enfin, longtemps cantonnés à la vente de pièces détachées et accessoires, les pure players entendent également profiter du potentiel offert par l’essor du marché et plus particulièrement la vente de VAE. Des généralistes comme Amazon ou Cdiscount proposent ainsi une gamme de vélos, en propre ou via leur marketplace. Les e-commerçants spécialisés comme Alltricks, Materiel-Velo ou encore Probikeshop se tournent, eux, vers le développement de réseaux de magasins physiques. Alltricks envisage ainsi de développer son parc actuel de trois magasins pour atteindre 12 à 15 boutiques à l’horizon 2020 alors que Probikeshop a inauguré son premier concept store à Lyon en juillet 2019 et que Materiel-Velo compte déjà huit implantations.
Pour répondre à ces évolutions, les acteurs historiques tablent sur un renforcement de leur maillage territorial, l’optimisation de leur stratégie omnicanale et le développement de nouveaux services (entretien et réparation de cycles, offre de vélos d’occasion, assurance en cas de vol, location, etc.). Si le développement de nouveaux services et l’amélioration de l’expérience client sont fondamentaux pour préserver leurs parts de marché, les acteurs historiques sont aussi confrontés à une nouvelle concurrence sur ce terrain.
Le développement du vélo, notamment en milieu urbain, a en effet contribué à l’émergence de nouveaux acteurs sur le segment de la réparation et l’entretien de vélos comme Cyclofix, Ridy ou Help My Bike qui proposent des services de réparations géolocalisés. Cyclofix, le pionnier, et Ridy s’appuient sur un réseau de réparateurs indépendants quand Help My Bike recrute ses propres salariés. Ces trois start-ups sont en pleine expansion et profitent pleinement de la conjoncture, notamment du dispositif Coup de Pouce Vélo.
Outre la réparation, la location enregistre aussi une forte croissance. La location courte durée, et notamment très courte-durée via le libre-service, devrait rester l’apanage des « acteurs collaborant avec les collectivités comme Keolis, Smoove ou JCDecaux », souligne l’étude Xerfi qui met en exergue l’échec des tentatives d’implantation des sociétés de location de vélos en free-floating (sans bornes), confrontées à la concurrence des trottinettes et à la réticence des collectivités face aux stationnements sauvages. La location longue durée (LDD), en revanche, semble séduire les consommateurs, essentiellement pour les VAE qui affichent des prix de vente élevés.
Selon Xerfi, cet engouement pour la location longue durée de VAE s’explique par un service qui répond à « certains freins à l’achat (prix de vente élevé, crainte du vol ou de choisir le mauvais modèle) l’abonnement inclut généralement une assurance contre le vol, une révision annuelle ou encore la possibilité de changer régulièrement de monture ». Plusieurs acteurs ont ainsi développé une offre LDD, parmi lesquels des acteurs traditionnels comme Holland Bikes, Giant, Décathlon ou encore Culture Vélo et de nouveaux acteurs comme Swapfiets avec une offre exclusivement axée sur la location.
L’essor de la pratique du vélo offre des opportunités de business
Cette étude Xerfi ne fait que confirmer le développement exponentiel du marché du cycle déjà observé depuis plusieurs années déjà. Ce contexte favorable offre de nombreuses opportunités de business, notamment en franchise. Le développement des réseaux de magasins spécialisés et de prestataires de service ouvre de belles perspectives pour les porteurs de projet qui souhaitent lancer dans une activité dans l’univers du vélo en profitant des atouts de l’entrepreneuriat en réseau.
Découvrez ci-dessous une sélection d’enseignes évoluant sur le marché du cycle ouvertes aux entrepreneurs indépendants.