Passoires énergétiques : Bernard Cadeau prône l’incitation plutôt que la coercition
En réponse à l’annonce de Nicolas Hulot de vouloir instaurer un système de bonus/malus en fonction de la qualité énergétique des logements, Bernard Cadeau, président du réseau ORPI, assure qu’une telle démarche pourrait avoir des incidences préjudiciables.
Nicolas Hulot veut abolir les passoires thermiques
Dans la lignée des 4 premières mesures de son plan climat, annoncées il y a quinze jours et ciblant, entre autres, les voitures polluantes et les chaudières au fioul, le ministre de la Transition énergétique s’attaque maintenant aux logements mal isolés en proposant la mise en place de mesures visant à pénaliser les propriétaires de logements présentant de mauvaises performances énergétiques.
Plusieurs types de mesures sont évoqués comme la création d’une taxe sous forme de bonus/malus, inspirée de ce qui se fait dans l’automobile, l’obligation de réaliser des travaux avant de vendre un bien ou encore imposer aux propriétaires de logements mal isolés en locations de payer une partie des factures de chauffage de leurs locataires. Certains propriétaires de « passoires énergétiques », les logements classés F ou G en matière de performance énergétique, pourraient même être contraints de réaliser des travaux. Après une première salve de mesures plutôt incitatives, comme la transformation en prime de l’actuel crédit d'impôt pour la transition énergétique, Nicolas Hulot présente donc un arsenal bien plus coercitif pour atteindre l’ambitieux objectif de rénover le parc de logements anciens et s’attaquer aux passoires énergétiques.
« Oui à l’incitation, non à la sanction ! », la réaction de Bernard Cadeau
Suite à ces annonces, les réactions ne se sont pas faites attendre. Les acteurs du bâtiment et de l’immobilier ont notamment émis des craintes quant à l’application de telles mesures. Pour Bernard Cadeau, président du réseau ORPI, « le ministre de la Transition énergétique prépare une salve de mesures qui ont un point commun : la coercition ». S’il assure partager l’objectif du ministre d’intensifier la rénovation énergétique des logements anciens, il s’oppose à la méthode : « Pour atteindre l’objectif ambitieux mais nécessaire de rénover en 10 ans toutes les passoires thermiques, nous disons oui à l’incitation, mais non à la sanction ! »
Bernard Cadeau dénonce des répercussions néfastes, assurant qu’un tel dispositif basé sur la contrainte suppose d’« opposer certains acteurs aux autres » et implique que les propriétaires soient « les grands perdants » et « les victimes expiatoires ». Sur un marché de l’immobilier qu’il qualifie de « déséquilibré et marqué par une forte pression sur les prix », il alerte sur les conséquences inflationnistes de ces mesures, arguant qu’« imposer des travaux avant la vente fera inévitablement monter les prix. »
ORPI s’engage pour la nécessaire rénovation énergétique des logements
Pourtant, souligne le président d’ORPI, d’autres pistes sont envisageables pour accompagner la nécessaire rénovation énergétique des logements anciens. Il parle « d’impulser le mouvement » à travers des actions de « pédagogie, accompagnement, financements et incitations fiscales », mettant en avant le fait que « tout propriétaire est en mesure de comprendre l’intérêt que représente le fait de rénover son bien : valorisation et entretien de son patrimoine, dans le but de revendre ou de transmettre, mais aussi bien sûr confort et économies ».
Enfin, il assure que le réseau ORPI est « tout à fait prêt à participer à une réflexion globale dans le cadre d’une incitation pour la rénovation énergétique ». En la matière, l’enseigne a déjà prouvé son engagement, notamment en signant, en février dernier avec le Ministère du logement, le premier Green Deal à la française visant à encourager la transition énergétique du parc de logements privés.