"20 à 25% des entrepreneurs sont confrontés à des difficultés immédiates" Gilles Menguy, président national de la commission CEPA
Echange avec le président de la commission CEPA créée par l'Iref pour venir en aide aux entreprises du commerce en réseau touchées par les effets de la crise sanitaire.
Maître Gilles Menguy, fondateur du cabinet GM Avocats, spécialisé dans le droit de la franchise, revient sur la naissance du CEPA, le Centre d'Ecoute, de Prévention et d'Accompagnement pour les entreprises du commerce en réseau touchées par les conséquences de la crise due au Covid-19. Créée à l'initiative de l'Iref, la fédération des réseaux européens de partenariat et de franchise, la structure devrait être opérationnelle dès la fin du mois.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Ma spécialité est le droit de la franchise, j'accompagne les réseaux de franchise côté franchiseurs depuis un certain temps maintenant. Je ne suis pas très exposé dans les médias ou les salons, mais je travaille en France et à l'étranger avec de grandes enseignes. J'écris également des ouvrages sur la franchise, notamment en anglais pour le barreau américain.
Comment est née l'idée du CEPA ?
Le CEPA correspond à une "rencontre de la pensée" entre Michel Kahn (le président de l'Iref, ndlr) et moi-même, pendant le confinement, sur le constat que nous allions sans doute rencontrer de graves problèmes dans notre économie. Franchiseurs et les franchisés courent des risques économiques, mais aussi psychologiques, avec de possibles drames humains.
Nous nous sommes demandés ce qui pourrait avoir le plus d'impact pour aider des entrepreneurs, et nous avons décidé d'organiser un centre qui soit à la fois à Paris mais aussi décentralisé pour être au plus près des personnes concernées. Tout ceci est bénévole, associatif. L'objectif est de parvenir à aider les entrepreneurs à la fois par une écoute, des échanges, et des conseils en gestion de crise.
Quand la structure sera-t-elle opérationnelle ?
Nous sommes en train de lancer la machine, pendant que nous parlons, plusieurs dizaines d'avocats qui seront responsables de leur territoire, et devront animer localement leur cellule, œuvrent à réunir autour d'eux des psychologues, des magistrats à la retraite, des commerçants qui ont pu traverser des phases difficile et s'en sortir.
D'ici la fin juillet, nous pourrons sûrement lancer des cartes avec les référents, et le numéro vert sera ouvert : nous serons en ordre de bataille, prêts à répondre aux difficultés des entrepreneurs.
Quels sont, selon vous, les secteurs les plus touchés et le nombre d'entrepreneurs concernés ?
Le nombre d'entrepreneurs concernés est difficile à évaluer, mais je pense que 20 à 25% d'entre eux sont confrontés des difficultés immédiates dans tous les secteurs. Les prêts accordés par l'Etat ne le sont que si les entreprises ont un résultat d'exploitation susceptible de leur permettre de rembourser le prêt qui leur serait accordé. Et ceux à qui ils sont accordés devront faire face à leurs dettes d'ici un an.
Dans la restauration, notamment, les risques de faillite sont élevés : les marges sont assez faibles, et pour peu qu'il y ait 10 à 20% de consommateurs en moins, ne serait-ce que sur quelques mois, cela déséquilibre complètement le modèle. De plus, certains marchés vont déjà beaucoup mieux, comme l'ameublement, mais la reprise dans la restauration n'est pas encore complète, et le secteur reste fragile.
Le CEPA a-t-il vocation à durer ?
Non, c'est une structure temporaire, une commission ad hoc, dont la finalité est de se concentrer sur l'année ou les deux ans à venir.
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