Loi Travail et franchise : le coup de gueule de Jean Claude Puerto sur BFM TV
L’amendement visant à instaurer une « instance de dialogue » au sein des réseaux de franchise, intégré en catimini dans le projet Loi Travail avant son adoption par recours au 49-3 (cf. Loi Travail El Khomri : cet amendement qui fait trembler la franchise), offusque les franchiseurs parmi lesquels Jean Claude Puerto, l’emblématique patron du réseau UCAR.
Invité sur BFM Business par Stephane Soumier, Jean Claude Puerto ne mâche pas ses mots pour dénoncer un dispositif visant à « tuer l’énergie entrepreneuriale », à « anéantir le système de la franchise ».
La franchise est basée sur l’indépendance du franchiseur et du franchisé
Le franchiseur rappelle que « la franchise est basée sur l’indépendance du franchiseur et du franchisé » et que le système doit son succès à « l’énergie entrepreneuriale du franchisé associée à la puissance d’un réseau avec un savoir-faire, avec des outils et une puissance d’achat ».
Stéphane Soumier soulève que le réseau UCAR « aurait eu les capitaux pour se développer de manière classique », présentant la franchise comme une manière de « contourner le système ». Une assertion contredite par Jean Claude Puerto qui affirme que s’appuyer sur la franchise pour se développer « ce n’est pas pour contourner le système, c’est pour fédérer des entrepreneurs ».
Il insiste sur le fait que « Le franchisé est un entrepreneur. C’est quelqu’un qui est indépendant. Quelqu’un qui se lève le matin parce qu’il a le propre rêve de sa projection. » C’est de cette énergie entrepreneuriale dont se nourrissent les réseaux de franchise pour se développer rapidement et qui fait que la franchise française occupe la 3e place au niveau mondial et le 1re en Europe.
la loi El Khomri est en train de remettre la bureaucratie au centre du système
Il admet que si la franchise connait une telle réussite c’est qu’il s’agit d’un « système qui permet de lutter contre la bureaucratie » tout en regrettant que « ce qui est dans la loi El Khomri est en train de remettre la bureaucratie au centre du système ». Une initiative qu’il qualifie d’« insupportable pour les entrepreneurs ».
Stéphane Soumier rapporte que selon le Ministère du Travail, contacté par les équipes de BFM TV, cet amendement serait avant tout un appel au dialogue pour une meilleure représentation des salariés au sein des réseaux de franchise et souligne la légitimité de cette démarche. « Ca fait 25 ans que je fais ce métier, je côtoie évidemment mon réseau et les salariés de mon réseau. Je côtoie des collègues franchiseurs, des franchisés d’autres réseaux et leurs salariés. Je n’ai jamais entendu la moindre demande dans ce sens-là », déclare le franchiseur.
Il ajoute qu’« un salarié dans un réseau de franchise est un salarié heureux dans un contexte économique difficile », mettant en avant le fait qu’il ait du travail, qu’il soit protégé par la loi et les conventions collectives, qu’il bénéficie de systèmes de formation et, le plus important selon lui, qu’il ait un patron à proximité. Le patron franchisé est, selon le dirigeant du réseau UCAR, « quelqu’un qui prend des décisions et qui, évidemment, défend aussi les intérêts de ses salariés ».
Jean Claude Puerto conclut cette interview en rappelant que « le secteur de la franchise a progressé de 4% l’an dernier dans cette économie difficile » et réclame : « Qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse travailler ».