Le commerce associé se porte bien mais s'inquiète
La loi Macron pourrait bien casser la dynamique
Le 20 mai dernier, la Fédération du Commerce Associé (FCA) publiait le bilan 2014 des enseignes du commerce associé et coopératif dans un contexte législatif délicat plombé par la loi Macron.
Le commerce associé et coopératif se porte bien ! Pour 2014 en effet, tous les indicateurs sont au vert selon le dernier bilan publié par la Fédération du Commerce Associé le 20 mai. Dans le détail, en 2014, les enseignes affichent une légère croissance supérieure à 1%, ce qui n'est pas si mal compte tenu du contexte économique encore morose. Dans le même temps, le commerce de détail dans son ensemble ne devrait pas dépasser + 0,4% de croissance. Pour l'ensemble des 153 réseaux recensés par l'Observatoire économique de la FCA en 2014, le chiffre d'affaire généré s'établit à 143,5 Milliards d'euros (en augmentation d'1,6 milliard par rapport à l'année précédente), ce qui représente 30,5% de parts de marché. Pour Eric Plat, Président de la FCA, « le commerce coopératif et associé s'inscrit dans le long terme et poursuit sa progression, malgré un contexte économique atone ».
1.200 nouveaux points de vente en 2014
En 2014, le commerce associé et coopératif a enregistré 1.200 points de vente supplémentaires (compte tenu en incluant les fermetures) par créations ou adhésions. Près de 640 entrepreneurs ont ainsi rejoint une enseigne du commerce associé ou coopératif l'an dernier. 46% de ces commerçants indépendants ont rejoint le mouvement en transformant leur point de vente existant, 28% ont opté pour une création pure, et 26% ont repris un commerce sous enseigne existant. Au total, la FCA recensait fin 2014 43.870 points de vente tenus par 31.574 entrepreneurs associés à 89 groupements coopératifs et associés. L'ensemble du secteur totalise quelque 534.308 emplois (+ 3,5% en 2014, soit 18.000 emplois créés), dont 93% dans les points de vente. Les entreprises du Commerce Associé comptent en moyenne 6 salariés par point de vente non alimentaire et 61 dans le secteur alimentaire. Ces salariés représentaient en 2014 près de 30% l’effectif salarié du commerce de détail. Les 89 groupements nationaux développant 153 enseignes disposent en moyenne de 286 points de vente par réseau. Les points de vente sont majoritairement situés en ville (65%).
30 secteurs d'activité
Présents dans 30 secteurs d'activité, les réseaux du Commerce Coopératif et Associé se développent majoritairement dans le commerce de détail (93% du chiffre d’affaires du Commerce Coopératif et Associé). Le reste évolue dans les services marchands (4% du CA global) et dans le commerce B to B (3%). Parmi les secteurs les plus dynamiques, la FCA cite l'alimentaire, et notamment le bio, mais aussi le jouet. A l'inverse, les produits culturels se retrouvent une nouvelle fois à la peine en 2014.
Dans le détail, le commerce alimentaire compte 6 groupements (17 enseignes - 5.796 points de vente) qui réalisent 101,57 milliards d'euros de CA.
Loin derrière, l'on trouve des secteurs comme :
- la pharmacie et la parapharmacie (12 groupements, 7 enseignes, 13.169 points de vente) à 12,12 milliards € de CA ;
- l'équipement de la maison (20 groupements, 32 enseignes, 5.307 points de vente) à 9,95 milliards € de CA ;
- l'immobilier et autres services (8 groupements, 13 enseignes, 4 765 points de vente) à 4,47 milliards € de CA ;
- le tourisme - restauration (8 groupements, 13 enseignes, 2.693 points de vente) à 4,41 milliards € de CA ;
- l'optique / audio prothèse (6 groupements, 12 enseignes, 4.448 points de vente) à 2,78 milliards € de CA ;
- les sports et loisirs (6 groupements, 16 enseignes, 1.460 points de vente) à 2,47 milliards € de CA ;
- l'automobile (6 groupements, 7 enseignes, 983 points de vente) à 1,49 milliard € de CA
- l'équipement de la personne (8 groupements, 15 enseignes, 2.962 points de vente) à 1,19 milliard € de CA ;
- les fournitures de bureaux (3 groupements, 4 enseignes, 442 points de vente) à 978 millions € de CA ;
- les jouets - Puériculture (2 groupements, 4 enseignes, 452 points de vente) à 789 millions € de CA ;
- les produits culturels (3 groupements, 3 enseignes, 426 points de vente) à 452 millions € de CA ;
- la photo (2 groupements, 2 enseignes, 393 points de vente) à 363 millions € de CA ;
Un commerce de proximité qui a du sens
A l'heure ou le capitalisme mondial montre de plus en plus ses limites, le local reprend la main auprès des consommateurs, et par ricochet auprès des entrepreneurs. C'est ce qui ressort globalement de l'étude FCA-OpinionWay* dont les résultats ont été dévoilés en mai. Ainsi, selon cette étude, 70% des Français déclarent vouloir privilégier les enseignes du commerce coopératif et associé dans leurs actes d'achat. Ce plébiscite est surtout porté par les valeurs du modèle : démocratie, actionnariat équilibré, indépendance, mutualisation et solidarité. Rien d'étonnant alors que près d'un Français sur deux connaissent ce modèle, mais du chemin reste à faire car en effet, si 56% des plus âgés connaissent le commerce associé et coopératif, la proportion retombe à 26% pour les plus jeunes.
La FCA vent debout contre la loi Macron
Si tout confirme la bonne santé du modèle du commerce associé et coopératif, les prochaines semaines promettent d'être décisives lors du dernier round de discussions de la loi Macron. En effet, ce projet de loi comporte deux points farouchement dénoncés par la FCA visant tout deux à limiter la durée des contrats d'affiliation entre les entrepreneurs et leur réseau (obligation de ne pas dépasser une durée de 9 ans et tacite reconduction réputée non écrite). Selon Eric Plat, l'amendement « créera une concurrence déloyale aux effets délétères pour le secteur. Les Groupements du Commerce Coopératif et Associés verraient leur modèle économique entièrement remis en cause. »
Dans une lettre ouverte adressée le 19 mai dernier à Emmanuel Macron, le président de la FCA s'insurge. « Ne cassez pas la dynamique du Commerce Coopératif et Associé !Laissez les entrepreneurs français gérer leurs groupements, dans le respect des valeurs de l’économie coopérative ». Et Eric Plat d'argumenter : « Les entrepreneurs indépendants de nos organisations sont propriétaires à la fois de leur point de vente et de leur réseau – sous forme de parts sociales. Quand une personne achète un appartement en copropriété, rien ne l’oblige à le revendre au bout d’une période déterminée. Pourquoi cela devrait-il être le cas pour les coopératives de commerçants ? »
La FCA défend clairement ses spécificités intrinsèques. « Rejoindre un groupement est un engagement fort, une alliance durable, non un contrat à durée déterminée. A la différence d’autres organisations en réseau, chez nous ce sont les entrepreneurs eux-mêmes qui décident des règles internes au fonctionnement de leur groupement, et de la durée de leur engagement en assemblée générale, par un vote démocratique. » Limiter les durées d'affiliation selon la FCA « c’est limiter la liberté de nos associés et de nos organisations. C’est augmenter la charge administrative pour tous. C’est alourdir le risque financier et contentieux pour nos groupements ». En clair, la FCA est contre l'amendement limitatif et espère que les sénateurs qui s'étaient déjà positionnés contre cet amendement fin avril, resteront fermes sur ce point.
* Sondage FCA-Opinion Way réalisé du 6 au 7 mai 2015 auprès de 1.001 Français âgés de 18 ans et plus. Echantillonage sur les critères du sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle et de région de résidence, représentatif de la population française.