Focus : qui sont les femmes entrepreneuses ?
232.000 femmes sont auto-entrepreneurs, soit 40% de femmes
Selon une récente enquête menée par l'Insee, les femmes représentaient un tiers des indépendants et dirigeants salariés d’entreprise en France fin 2012. Que font-elles ? Dans quels secteurs d'activité ? Et pour quelle rémunération ? Quelques éléments de réponse.
Le 28 juillet dernier, la division Études sociales de l'Insee publiait les résultats d'une vaste enquête menée sur les femmes entrepreneuses. Il ressort de cette enquête portant sur les chiffres de la fin 2012, qu'en France 900.000 femmes sont indépendantes ou dirigeantes salariées d’entreprise, contre 1.800.000 hommes (hors agriculture). Qu'ont-elles en commun avec leurs homologues masculins ? « D’être à la tête de leur entreprise, même si cette entreprise n’emploie qu’eux-mêmes dans trois quarts des cas. » Ainsi, parmi l’ensemble des indépendants et des dirigeants salariés, 70% des hommes et 81% des femmes travaillent seuls dans leur entreprise. Plus souvent seules que les hommes, les femmes entrepreneuses officient majoritairement sous le statut d'entrepreneur individuel « classique » ou en auto-entreprises. |
« Quel que soit leur statut, 770.000 personnes dirigent ou co-dirigent une entreprise comprenant au moins une autre personne. Parmi elles, il y a 190.000 femmes, représentant 25% de cette population. » En terme d'âge, les femmes entrepreneuses sont globalement plus jeunes que les hommes : « Les femmes indépendantes et dirigeantes salariées d’entreprise sont âgées en moyenne de 44,6 ans contre 46,2 ans pour les hommes. La proportion de femmes décroît dans les tranches d’âge les plus élevées : en 2012, 40% des indépendants ou dirigeants salariés âgés de moins de 30 ans sont des femmes ; elles sont 35% parmi les 30-44 ans, 31% chez les 45-59 ans et 29% chez les 60 ans ou plus. »
40% des auto-entrepreneurs
Sur les 2,7 millions d'indépendants ou dirigeants salariés d’entreprise, 1,2 million de personnes exercent leur activité sous le statut d’entrepreneur individuel « classique », c’est-à-dire hors auto-entrepreneurs, et 587.000 sous régime auto-entrepreneurs. Parmi ces deux grandes catégories d'entreprises, les femmes pèsent respectivement pour 37% des entrepreneurs individuels et 40% des auto-entrepreneurs, soit largement plus que le tiers globalement enregistré pour l'ensemble des dirigeants. « À l’inverse, avec une part de 25%, les femmes sont sous-représentées parmi les 802.000 gérants de sociétés à responsabilité limitée (SARL). » La proportion féminine est encore plus réduite (17%) parmi les 81.000 dirigeants salariés de sociétés hors SARL (présidents ou directeurs généraux de sociétés anonymes (SA), présidents de sociétés par actions simplifiées (SAS). De manière générale note l'Insee, « la part des femmes parmi les indépendants et dirigeants salariés diminue avec la taille de l’entreprise » : 37% des dirigeants travaillant seuls, 28% des dirigeants employant de 2 à 4 personnes et 22% des dirigeants employant entre 5 et 19 personnes. « La proportion de femmes parmi les dirigeants est encore inférieure dans les entreprises de 20 à 49 personnes (16%) et atteint son minimum dans les entreprises de 50 personnes ou plus (14%). »
Ces écarts par taille d’entreprise reflètent en partie des différences observées quant à la proportion de femmes suivant le statut juridique de l’entreprise considérée. (figure 3).
Une sur-représentation dans les services aux particuliers et la santé
« Les hommes et les femmes indépendants ou dirigeants salariés d’entreprise ne se répartissent pas de la même façon par secteurs d’activité » note l'Insee. Les femmes représentent ainsi 28,6% des dirigeants d'entreprises de services aux particuliers (vs 15,7% chez les hommes). « Elles sont particulièrement nombreuses dans les services personnels, en particulier la coiffure et les soins de beauté, dans l’enseignement et dans l’hébergement-restauration ». 25,4% des femmes officient aussi dans le secteur de la santé (10,6% chez les hommes).
Dans ce secteur, « 55% des indépendants et dirigeants sont des femmes ; elles représentent 83 % des infirmiers et sages-femmes, mais seulement 35 % des médecins généralistes et spécialistes. » La répartition hommes/femmes est plus équilibrée pour les secteurs des services aux entreprises et mixtes (20,0% chez les femmes, 22,6% chez les hommes) et le commerce (19,3% chez les femmes, 20,7% chez les hommes). La balance penche ensuite largement en faveur des hommes pour les secteurs de la construction (21,2% chez les hommes vs 1,8% chez les femmes), l'industrie (5,8% chez les hommes, 4,0% chez les femmes), et le transport (3,4% chez les hommes vs 0,9% chez les femmes).
Selon l'Insee, « les disparités sectorielles entre les femmes et les hommes sont particulièrement visibles chez les entrepreneurs individuels « classiques », en raison du nombre important de professions libérales et d’artisans parmi eux. » À l’inverse, les dirigeantes salariées de sociétés hors SARL exercent globalement dans les mêmes secteurs d’activité que leurs homologues masculins et notamment dans les services aux entreprises et mixtes (37% des hommes et 41% des femmes) et dans le commerce (respectivement 24% et 28%). « Chez les auto-entrepreneurs, les femmes se démarquent par une forte présence dans les services aux particuliers : 39% contre 22% pour les hommes. Notamment, 95% des auto-entrepreneurs dans les métiers de la coiffure et des soins de beauté sont des femmes. »
Des revenus moindres de 31%
Les indépendantes et dirigeantes salariées d'entreprise gagnent 31% de moins en moyenne que leurs homologues masculins, soit en moyenne un revenu d’activité mensuel de 2.020 euros (nets de cotisations sociales mais pas de contributions sociales) contre 2.915 euros pour leurs homologues masculins. Comment expliquer cette différence notable ? Selon l'Insee, la réponse est plurielle (âge, secteurs d'activité, statuts juridiques), mais globalement, les écarts de revenus entre hommes et femmes s’expliquent « principalement par des écarts au sein de chaque catégorie ou chaque secteur d’activité, et non par des effets de structure. Ils s’expliquent en partie, notamment, par un nombre d’heures travaillées moins important sur l’année. »
Dans le détail, les écarts de revenu sont plus prononcés pour les gérants de SARL et les dirigeants d'entreprise salariés. « Les inégalités de revenu entre hommes et femmes sont importantes quel que soit le statut juridique sous lequel ils exercent : parmi les auto-entrepreneurs, les femmes gagnent 20% de moins que les hommes ; l’écart de rémunération est de 25% chez les entrepreneurs individuels « classiques » et de 29% chez les gérants de SARL ; il atteint 36% pour les dirigeants salariés de sociétés hors SARL » En moyenne, les entrepreneurs individuels « classiques » retirent de leurs activités des revenus plus élevés que ceux des gérants de SARL (respectivement 3.390 euros et 2.595 euros par mois en moyenne). Les auto-entrepreneurs quant à eux ont les revenus les plus faibles (380 euros par mois en moyenne pour les femmes contre 480 euros pour les hommes). Les dirigeants salariés de sociétés hors SARL enfin perçoivent les plus fortes rémunérations (4.770 euros pour les femmes et 7.480 euros pour les hommes).
« En 2012, hors auto-entrepreneurs et revenus nuls, la moitié des femmes indépendantes ou dirigeantes salariées ont perçu plus de 1.930 euros par mois, 10% plus de 6.050 euros, et 1% plus de 17.910 euros ; dans le même temps, la moitié de leurs homologues masculins ont perçu plus de 2.265 euros, 10% plus de 8.450 euros, et 1% plus de 26.520 euros. »