La franchise et Zara : peut-on ouvrir un magasin Zara en France ?
Pourquoi Zara ne propose pas de franchise
Depuis sa création en 1975, Zara s’est imposée comme une référence incontournable dans le monde du prêt-à-porter. Réputée pour son modèle économique ultra-réactif et ses stratégies audacieuses, l’enseigne ne cesse de se réinventer pour répondre aux attentes d’un marché en pleine mutation. Mais alors que de nombreuses marques misent sur la franchise pour accélérer leur développement, Zara adopte une approche différente, s’appuyant exclusivement sur un développement en propre. Décryptons les clés de ce succès et explorons pourquoi ouvrir un magasin Zara en franchise est impossible.
Une expansion mondiale et des implantations stratégiques
Une stratégie d’expansion internationale parfaitement maîtrisée
Depuis l’ouverture de sa première boutique en 1975 à La Corogne, en Espagne, Zara s’est démarquée par sa capacité à conquérir de nouveaux marchés avec une efficacité remarquable. Initiée dès 1988 au Portugal, l’expansion internationale de Zara s’est étendue aux marchés européens, et a rapidement été suivie par des percées stratégiques en Amérique du Nord, en Asie et en Amérique latine. En l’espace de 50 ans, l’enseigne s’est ainsi imposée sur les marchés internationaux.
Le secret de cette réussite tient notamment à la capacité de l’enseigne de s’adapter aux spécificités locales tout en conservant une homogénéité dans son offre. Que ce soit à Paris, Tokyo ou Mexico, les boutiques Zara répondent aux mêmes standards de qualité, tout en proposant des collections ajustées aux spécificités des différents marchés sur lesquels elles se déploient.
Zara sur les Champs-Élysées, symbole des nouvelles ambitions de Zara France
En France, Zara compte un peu plus de 110 boutiques réparties sur tout le territoire. La stratégie d’implantation de l’enseigne repose sur le choix d’emplacements n°1, zones commerçantes de centres-villes ou galeries marchandes prémiums. Comme sur les autres marchés, Zara a toutefois tendance à réduire la voilure en termes d’expansion, privilégiant l’ouverture de magasins de grande taille, à l’image de son flagship parisien de 2.700m² inauguré en 2023 au rez-de-chaussée du 74 avenue des Champs-Élysées.
Doté de technologies innovantes, ce magasin Zara des Champs-Élysées incarne parfaitement les ambitions de la marque de redéfinir l’expérience client. Selon Le Figaro, l’enseigne serait en négociations avancées pour occuper l’espace laissé vacant par la fermeture de la Fnac dans le même immeuble. Si cet accord se concrétise, Zara pourrait ainsi doubler la surface de son flagship, sur l’un des axes commerciaux les plus prestigieux au monde.
Un modèle économique basé sur la réactivité et l’innovation
Un pionnier de la fast-fashion
Le succès de Zara repose sur une stratégie redoutablement efficace qui consiste à réduire considérablement les délais entre la conception d’un produit et sa mise en vente. Dès qu’une tendance est identifiée – qu’elle provienne de l’analyse des données de vente, des retours clients ou des tendances repérées sur les podiums – les designers de Zara conçoivent de nouveaux modèles ou déclinent à l'envi le modèle fétiche du moment. Des créations qui, en moins de trois semaines, passent de l’atelier de design à la mise en rayon.
Cette efficacité repose également sur un circuit de production qui combine proximité géographique et flexibilité. Une grande partie des fabricants qui produisent les articles de la marque sont situés à proximité de son siège social, principalement en Espagne, au Portugal, en Turquie et au Maroc. Cette proximité permet de réduire les délais de production, tout en offrant une flexibilité impossible à égaler pour les concurrents qui dépendent d’usines en Asie.
Les boutiques Zara sont livrées deux fois par semaine, garantissant un flux constant de nouveautés. Cette fréquence permet à chaque boutique de tenir en haleine les aficionados de la mode tout en créant un sentiment d’urgence : un produit vu en rayon aujourd’hui pourrait ne plus être disponible demain ! Et pour les autres, l'enseigne décline tout un rayon de basics à prix modérés. La coexistence de ces deux gammes en rayon permet de séduire une large clientèle. Cette stratégie a également le mérite de limiter les surplus de stock, bête noire de l’industrie de la mode.
Grâce à cette parfaite maîtrise de sa chaîne de production, l’enseigne espagnole a ainsi su se hisser au sommet de la fast fashion. Elle travaille aujourd’hui à se démarquer des autres acteurs du marché, notamment du très agressif Shein, en soignant l’expérience client et en adoptant une approche plus responsable de la mode.
Expérience client et durabilité pour se démarquer sur le marché de la fast fashion
Face à la montée du e-commerce, Zara a su transformer ses points de vente physiques en véritables prolongements de son expérience numérique. La pandémie de COVID-19 a largement accéléré cette transition numérique et les ventes en ligne représentent désormais une part significative du chiffre d’affaires de Zara (plus de 25%). Le service Click & Collect s’est naturellement imposé comme un atout stratégique, permettant aux clients de commander sur internet tout en profitant de la proximité des magasins pour récupérer leurs achats. Zara explore également d’autres solutions technologiques de pointe, comme les cabines d’essayage réservables en ligne de son flagship parisien ou encore les caisses automatiques permettant de fluidifier le parcours client.
L’enseigne travaille clairement à redéfinir son positionnement pour se démarquer des acteurs, notamment les pure players, qui abordent la fast fashion avec une offre pléthorique et des prix ultra-compétitifs. Zara mise sur une stratégie différente en s’efforçant de répondre aux attentes des consommateurs, en matière d’expérience, mais aussi de responsabilité environnementale. Sa collection Join Life, lancée en 2016, illustre cet engagement en proposant des articles fabriqués à partir de coton biologique ou de polyester recyclé. Zara a aussi mis en place des points de collecte dans ses boutiques pour encourager le recyclage des vêtements.
Inditex a notamment annoncé sa volonté de fabriquer 100% de ses produits textiles à partir de matériaux ayant un impact moindre sur l’environnement d’ici 2030. Cet engagement repose sur le développement de nouvelles fibres innovantes, l’utilisation de matières recyclées ou encore l’adoption de pratiques agricoles biologiques ou régénératrices. Le groupe vise par ailleurs à réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre à même échéance, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.
La diversification : une autre façon de se démarquer
Toujours pour se démarquer de ses concurrents, Zara diversifie ses activités afin d’enrichir son univers. En 2003, l’enseigne s’est aventurée vers la décoration intérieure avec le lancement de Zara Home et son offre de mobilier, linge de maison, accessoires de décoration et autres articles pour la table. Directement inspiré du modèle qui a fait le succès de la branche prêt-à-porter, Zara Home propose des collections élégantes à prix abordables, renouvelées au rythme des saisons et des tendances.
Et en novembre dernier, Zara a franchi une nouvelle étape en inaugurant son premier Zacaffè à Madrid, dans le quartier chic de Salamanca. Ce concept de coffee shop haut de gamme est pensé comme une extension de l’expérience Zara. Chaque Zacaffè se distingue par une décoration raffinée, inspirée de la culture locale et donc unique à chaque établissement. Ce souci du détail reflète une volonté de faire du Zacaffè une destination en soi, à l’image des cafés de maisons de luxe comme Dior ou Chanel.
Cette stratégie de diversification opérée par Zara contribue clairement à redéfinir le positionnement de l’enseigne qui cherche à se détacher de l’image de fast fashion. Tout en conservant une offre moyen de gamme, qualitative et abordable, Zara travaille ainsi à développer une perception haut de gamme.
Pourquoi Zara ne se développe-t-elle pas en franchise ?
Contrairement à de nombreuses enseignes de prêt-à-porter qui appuient leur expansion sur un réseau de commerçants indépendants – en franchise ou commission affiliation par exemple, Zara privilégie une stratégie fondée sur le contrôle total de ses activités. Ainsi, dès ses débuts, Zara a adopté un modèle de développement en succursales intégralement contrôlées par sa maison mère, le groupe Inditex. Ce choix, qui peut sembler contraignant à première vue, s’est avéré être l’un des piliers du succès mondial de l’enseigne.
En supervisant directement l’ensemble de ses magasins, Zara s’assure en effet d’une homogénéité dans la présentation des produits, l’agencement des boutiques ou encore l’expérience client, tout en garantissant une qualité constante. Chaque boutique Zara reflète fidèlement les standards de l’enseigne, gage d’une cohérence essentielle à l’image premium que l’enseigne souhaite développer. Un tel niveau d’exigence serait plus difficile à atteindre avec des partenaires franchisés opérant en autonomie.
Au-delà d’une totale maitrise de son image de marque et de sa logistique, cette stratégie succursaliste offre également une plus grande flexibilité pour ouvrir ou fermer des magasins en fonction des opportunités. Le groupe peut ainsi ajuster son réseau, optimiser sa présence dans des zones stratégiques ou se retirer des zones moins performantes, et ce, sans avoir à négocier avec des tiers.
Il est donc impossible d’ouvrir un magasin Zara en franchise. Cependant, les entrepreneurs souhaitant se lancer dans le prêt-à-porter peuvent se tourner vers d’autres enseignes, certaines tout aussi réputées, qui se développent en franchise, en licence de marque ou affiliation et qui offrent également de belles opportunités. Découvrez notre sélection de franchises de prêt-à-porter ouvertes aux entrepreneurs indépendants.