Le collaboratif, du mythe à la réalité
Des pratiques de plus en plus ancrées dans le quotidien des Français
Deux études récentes menées par Odoxa pour Allo Voisins et par le Crédoc arrivent aux mêmes conclusions : le collaboratif bouleverse nos habitudes de consommation. Dons, partages, recyclages... le collaboratif donne du sens pour tendre à un concept de vie idéale.
Alors qu'en ces temps de grèves, le système D, et notamment le co-voiturage explose, l'heure est plus que jamais au collaboratif, au participatif, au coopératif ! Et les chiffres le prouvent ! Ainsi, selon un récent sondage réalisé par Odoxa pour AlloVoisins, 2 Français sur 3 (68%) utilisent ou ont déjà utilisé un service de consommation collaborative. Pourquoi la consommation collaborative fait-elle recette ? Parce qu'elle permet concrètement de faire des économies, mais aussi de se simplifier la vie, tout en cultivant un autre rapport avec les autres, plus social, plus humain et solidaire. Pour toutes ces raisons, 27% des Français pensent que l'économie de partage est un bouleversement, permettant même, pour 26% d'entre eux, de recréer du lien social. Par ailleurs, près d’1 Français sur 5 juge que l’économie collaborative est avant tout écologique et 12% qu’elle est surtout innovante. Pour Edouard Dumortier, CEO et co-fondateur d’AlloVoisins : « Nous ne sommes plus dans une tendance, mais face à un changement profond de nos habitudes de consommation. Aujourd’hui plus de 2 Français sur 3 ont déjà expérimenté l’économie collaborative, et ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Au-delà des usages courants, il est certain que d’autres formes d’économie circulaire vont émerger. Louer plutôt qu’acheter, partager un savoir-faire, se rendre service, les Français sont d’ores et déjà prêts à investir de nouveaux usages ! »
Un vrai potentiel de progression
Selon le sondage Odoxa pour AlloVoisins, les usages traditionnels, tels que l’achat ou la vente de biens entre particuliers, continuent de convaincre une majorité de Français bien que le potentiel de progression semble néanmoins se stabiliser. 59% sont ainsi déjà utilisateurs et 61% comptent y avoir recours dans l’avenir, soit 2 points de progression. Ce sont les services les moins développés qui présentent le plus grand potentiel ; en tête, la location et le prêt de biens entre particuliers avec un potentiel de 24 points. 35% des Français déclarent qu’ils comptent utiliser ce type de service (VS 11% aujourd’hui). Juste derrière, l’achat ou l’échange de services entre particuliers pourraient eux aussi se développer très rapidement (avec un potentiel constaté de 23 points). « Contrairement aux idées-reçues, la consommation collaborative ne séduit pas que les jeunes, elle fédère toutes les générations, partout en France, que ce soit en milieu rural ou dans de plus grandes agglomérations » », précise Edouard Dumortier. Et si la consommation collaborative concerne davantage les jeunes (79% des 25-34 ans) et les cadres (87%), une part toujours plus importante des plus âgés est à noter : 50% des 65 ans sont déjà utilisateurs et 66% d’entre eux affirment qu’ils y auront recours à l’avenir.
Le collaboratif, une utopie qui devient réalité
Dans sa dernière lettre intitulée Consommation et modes de vie, le Crédoc (Centre de Recherche pour l'Etude et l'Bbservation des Conditions de vie) arrive aux mêmes conclusions et va même plus loin ; « ces pratiques (collaboratives) se développent notamment parce qu’elles font écho à de nouvelles aspirations : distance aux institutions et remise en cause des fonctionnements hiérarchiques, besoin de reconnaissance individuelle, valorisation de l’intelligence collective, attrait pour la figure de l’amateur et de l’artisan, etc. Pour une partie de la population, le « faire ensemble » devient ainsi un nouvel idéal. » Et de l'idéal à la réalité il n'y a qu'un pas ou presque. Ainsi, selon le Crédoc, les Français changent de priorités. « Avec la société de consommation, l’acquisition d’objets est devenue un moyen pour exprimer son identité, sa personnalité, donner à voir son statut social, affirmer son appartenance à un groupe ou garder une trace des souvenirs de son histoire personnelle et familiale. Aujourd’hui, dans une société où la mobilité, l’éphémère, la vitesse, la flexibilité deviennent les valeurs de référence, posséder et accumuler sont des valeurs remises en question. » Ce changement de priorité explique pourquoi désormais 65% des Français se disent aujourd’hui prêts à partager ou prêter des objets qu’ils utilisent. Ils n’étaient que 54 % en 2014. « Certaines pratiques non marchandes alternatives à la propriété comme le troc, le don, l’emprunt, le réemploi, la mutualisation, longtemps cantonnées à la sphère privée, rencontrent un nouvel essor par le biais des plateformes numériques et collaboratives. » 36% des Français interrogés déclarent ainsi avoir au cours des douze derniers mois échangé ou partagé de biens et de services entre particuliers (ex. covoiturage, colocation entre personnes âgées et étudiants, échanges de services de jardinage, bricolage/recyclage, échange de livres, de jouets, petits cours, monnaies locales, fablab, etc.).
Méthodologie
L'enquête Odoxa pour AlloVoisins, a été réalisée auprès d’un échantillon de 1011 Français de 18 ans et plus, interrogés par Internet les 12 et 13 avril 2018. L’enquête Crédoc est menée en face à face en juin de chaque année depuis 1978 auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas ; et en décembre janvier en ligne auprès d’un échantillon de 3 000 personnes de 15 ans et plus intégrant les DOM.