Le marché de l'occasion sort de sa marginalité
Acheter d'occasion c'est malin et c'est tendance !
Il fut un temps où acheter d'occasion était un signe évident de mauvais goût. A la rigueur il était dans les us et coutumes d'acheter une voiture d'occasion mais de là à acheter ses meubles, son électroménager ou encore ses vêtements d'occasion, il y avait une grande marge !
Pour vivre heureux, il fallait consommer du flambant neuf ! Mais la crise est passée par là, et au-delà même de l'effet crise, les modes de consommation ont connu des mutations profondes. Face à une société où les modes vont très (trop ?) vite, les consommateurs ont décidé de mettre les holà. Au lieu de jeter des biens encore tout à fait utilisables, de nombreux consommateurs se sont mis à les vendre.
En l'espace de quelques années, les vide-greniers sont devenus des lieux incontournables pour faire de bonnes affaires. Les enseignes de cash and carry se sont multipliées. Idem pour les enseignes de dépôt-vente. Dans le même temps, le succès fulgurant de sites internet comme Leboncoin ou e-Bay a confirmé la tendance : aujourd'hui, acheter d'occasion c'est malin et c'est tendance ! Outre le fait de payer moins cher un bien, l'achat d'occasion permet surtout de monter en gamme dans des produits de la vie courante pour une satisfaction redoublée. Selon l'étude Xerfi « Distribution de biens d’occasion » publiée en décembre 2008, le marché de l’occasion était estimé à un peu plus de 5 milliards d’euros en 2008. Les prévisions de l'époque tablaient sur une hausse de 8 % en 2009 et de 5 % en 2010.
Un mode d'achat de masse
L'achat d'occasion jusqu'alors marginal est devenu en quelques années seulement un mode d'achat de masse en France mais aussi en Europe. Selon l'étude consommation Cetelem 2010, 39% des français interrogés ont déjà acheté d'occasion des produits culturels (livres, CD, jeux vidéos). Les autres produits d'occasion qui ont la côte sont notamment les voitures (30% des personnes interrogées attestent en avoir déjà achetées d'occasion), de l'habillement (27% d'achat d'occasion), des jouets, du matériel de puériculture et des vêtements d'enfants (22%), des meubles (15%), des produits TV, hi-fi, micro-informatique (13%), de l'électroménager (10%), des articles de sport (8%), des articles de bricolage - jardinage (7%).
En terme d'achat envisagé en occasion dans les prochains mois, la voiture arrive en tête avec 40% des personnes interrogées qui disent souhaiter en acheter d'occasion. Les principales catégories où les achats sont envisagés sont sans surprise les produits culturels (livres, CD, jeux vidéos) à 34%, mais ce qui est plus nouveau des articles de bricolage - jardinage à 32%, des meubles à 25%, de la TV hi-fi et micro-informatique à 24%, des articles de sport à 23% et de l'électroménager à 22%. L'habillement reste en retrait dans les intentions d'achat avec seulement 13% ainsi que les jouets et matériels de puériculture, vêtement d'enfants à 16%. Que démontre ces chiffres ?
Deux principales tendances. La première est que les deux grandes catégories où l'occasion pèse le plus de poids (produits culturels et automobiles) restent des valeurs sûres en occasion pour les Français. Le deuxième enseignement laisse entrevoir les nouveaux marchés de demain en occasion au sein des catégories où les achats réalisés sont encore peu nombreux mais pour lesquelles les prévisions d'achat en occasion sont parmi les plus fortes (bricolage – jardinage, meubles, TV – son – informatique, articles de sport et électroménager).
Le jeu vidéo en tête des ventes d'occasion
Alors que la crise et l'inflation galopante malmènent le pouvoir d'achat, de plus en plus de particuliers traquent toutes les pistes pour mieux consommer sans moins consommer. L'achat d'occasion est l'une de ces pistes... A titre d'exemple, selon les conclusions d'un rapport réalisé par l'institut GfK, en 2009 sur 10 jeux vidéos achetés, 4 étaient des jeux d'occasion (38%). Dans le même temps, les ventes de jeux neufs connaissaient une chute de 16% par rapport à 2008 ! Le jeu est typiquement un produit phare en occasion. Pourquoi ? D'une part il est cher à l'achat et d'autre part, le jeu est un produit ludique dont l'intérêt est souvent de courte durée. Une fois qu'il a été utilisé, il n'amuse plus son propriétaire mais il reste toujours attractif pour d'autres personnes souhaitant varier leurs ludothèques.
Le même usage éphémère caractérise les produits de puériculture. Une fois que bébé a grandi, poussette et autre cosy n'ont plus d'utilité. Au lieu de les garder comme faisaient nos grands mères pour les générations futures, les jeunes mamans préfèrent les vendre à d'autres mamans qui en feront bon usage au lieu de les jeter.
Les « trésors cachés » de nos maisons
Si de toutes évidences, certains produits de la vie courante arrivent facilement à trouver une seconde vie en deuxième main, d'autres produits restent à encombrer nos armoires inutilement pendant des années sans vraiment qu'on y prête attention. En mars 2010, un sondage réalisé par BVA pour le compte du célèbre site d'enchères e-Bay, a tenté de chiffrer le poids financier des « trésors cachés » de nos armoires. Et ce chiffrage a de quoi donner le tournis ! Jugez plutôt : 76% des personnes interrogées disent conserver sans utiliser bien qu'ils soient en bon état des livres, 68% conservent des CD, DVD, jeux vidéo, 66% des vêtements et des accessoires de mode, 58% de la vaisselle et des articles de cuisine, 51% des objets de décoration, 50% du linge de maison... et la liste est longue.
En moyenne, les personnes interrogées possèdent 43 livres non utilisés en bon état chez eux, 30 DVD, CD et jeux vidéo, 26 articles de vêtements, accessoires de mode, 20 articles de linge de maison, 21 articles de puériculture, jouets... En extrapolant sur l'ensemble de la population française, la valeur marchande de tous ces trésors cachés détenus par les Français atteint selon les auteurs du sondage 17 milliards d'euros ! BVA et e-Bay se sont également logiquement penchés sur la revente, le fonds de commerce du célèbre site d'enchères... Et là encore, les chiffres sont étonnants : 74% des 15-25 ans ont déjà mis en vente des objets dont ils n'avaient plus l'utilité. Le même pourcentage est enregistré pour les 25 - 34 ans. Les classes d'âges les moins vendeuses sont les 65 ans et plus (41%).
Parmi les raisons de ces ventes, le gain de place à la maison arrive en tête avec 74% de citations soit un total bien supérieur avec le fait d'accroitre son pouvoir d'achat (43%) et l'achat à la place des objets vendus des objets neufs (51%). Autre donnée intéressante : le montant des ventes effectuées dans les derniers 12 mois atteint en moyenne 243 euros. Les vecteurs utilisés pour la revente sont internet (55% des citations), les vide-greniers, puces et brocantes (30%), les petites annonces sur internet (30%), le bouche à oreille, à des proches (20%), le dépôt-vente (19%). Les enchères classiques ne récoltent que 8% et les petites annonces dans la presse 4%.
Et la franchise dans tout ça ?
Plusieurs enseignes de dépôt-vente ou de cash & carry se sont développées ces dernières années en France, mais au regard du potentiel croissant, les expériences sont somme toutes assez peu nombreuses en franchise. Mais déjà de nouveaux concepts débarquent ici et là, surtout sur le secteur de la puériculture et du vêtements d'occasion.
Si l'on se fie aux enseignements des sondages évoqués plus haut, il est fort à parier que de nouveaux concepts plus ciblés comme notamment la revente d'articles de sport d'occasion ou encore de l'outillage d'occasion, des livres d'occasion ou même des jeux d'occasion voient prochainement le jour.
Déjà de nombreux indépendants se sont lancés sur ces créneaux porteurs... Les franchiseurs n'ont plus qu'à récolter les fruits de ces premières expériences pour passer à la vitesse démultipliée de la franchise !
Dominique, Journaliste toute-la-franchise©