Commerce de proximité : l'état du marché en 2019
Bilan et perspectives du commerce de proximité pour 2019
Alors que les médias généralistes, et spécialisés, enchaînent les sujets sur la désertification des centres-villes, la vacance commerciale et que, dans le même temps, toujours plus de communes, franciliennes et de province, valident des projets d’implantation de grandes zones commerciales, les consommateurs, eux, sont de plus en plus en quête de proximité, en particulier dans les zones rurales, mais aussi en ville, et réclament de la diversité dans cette offre de proximité. Par ailleurs, de nouvelles solutions innovantes émergent pour créer, dans les centres-villes, des « mini-Amazon » locaux. Il est donc plus que jamais temps de s’interroger sur l’état du marché de la proximité en 2019 ainsi que sur les opportunités de création d’entreprise, en franchise ou pas, mais aussi sur les outils à disposition des commerçants pour face aux enjeux à venir.
La proximité : l’un des formats les plus dynamiques du commerce alimentaire
Selon une étude IRI Vision 2018, en 2017, la proximité a rapporté 11 milliards d’euros, sur un marché total de la GMS de 106 milliards. Cependant, si les parts de marché de la proximité ne sont ainsi passées que de 9,1% en 2013 à 10,4% en 2017, en revanche, cette même année, elle a rapporté 545 millions d’euros de plus qu’en 2016, soit presque autant que les supermarchés, qui ont progressé de 584 millions d’euros.
Inversement, les enseignes à dominante marque propre (EDMP), ont reculé de178 millions tandis que les hypers n’ont progressé que de 138 millions. Le drive quant à lui arrive en 3ème position avec une progression de 465 millions.
Il ressort donc de cette étude que, si la proximité compte encore de belles marges de progression, elle est aussi et surtout l’un des formats les plus dynamiques du commerce alimentaire.
Les boulangeries : reines de la proximité en ville
C’est une étude OpinionWay pour le cabinet de géomarketing Asterop qui le révèle. Selon cette étude en effet, dans l’ensemble, les Français sont 73% à effectuer leurs achats dans une boulangerie en ville, contre 23% pour la périphérie. Par ailleurs, selon un sondage BVA, les Français sont 96% à acheter leur pain dans les boulangeries, dont 62% qui le font souvent. Malgré, donc, la concurrence des produits de boulangerie proposés par les supermarchés et les hypermarchés, les boulangeries artisanales ont encore et toujours la cote et restent, malgré tout, les reines du commerce de proximité.
Toutefois, comme le rappelle au Parisien Frédéric Micheau, d’OpinionWay : « les consommateurs militent en faveur d’une offre plus diversifiée encore et voudraient faire moins de kilomètres (…) ils réclament plus encore de commerces de bouche, mais aussi d’habillement. Bref, plus de diversité à proximité de chez eux. »
La livraison urbaine : l’avenir du commerce de proximité en ville ?
C’est un fait établi depuis quelques décennies maintenant et dont les impacts s’accroissent rapidement : les commerces de centre-ville sont fortement déstabilisés par les grands centres commerciaux de périphérie, qui regroupent de nombreuses enseignes, disposent de nombreuses places de parking et sont facilement accessibles via les grands axes routiers. Un rapport de l’Inspection générale des finances révélait ainsi en 2016 que le taux de vacance moyen des locaux commerciaux en centres-villes était passé de 6,1% en 2001 à plus de 10% en 2015, et pouvait même atteindre plus de 20% dans certaines communes.
Par ailleurs, depuis peu, les grands acteurs du e-commerce, Amazon en tête, accroissent cette déstabilisation, en proposant des produits moins chers et livrés gratuitement à domicile dans des délais incroyablement courts. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la pratique du showrooming, qui consiste à aller voir un produit en magasin pour ensuite le commander, moins cher, sur internet, se soit considérablement développée en très peu de temps.
Cependant, cette perte de vitesse des petits commerces de proximité urbaine n’est pas une fatalité. Non seulement les consommateurs se détournent de plus en plus des grandes zones commerciales de périphérie (et appellent de leurs vœux un retour des petits commerces de proximité, comme le montre l’étude OpinionWay pour Asterop déjà citée), mais en plus de nouveaux services émergent pour proposer aux commerçants des outils leur permettant de contrer les grands acteurs digitaux.
En effet, deux entreprises au moins proposent déjà des services de livraison urbaine aux petits commerçants : Stuart et Deliver.ee. Le principe est de fournir à ces entrepreneurs des outils leur permettant de concurrencer les géants du web comme Amazon en offrant la possibilité aux clients d’acheter/commander en magasin ou en ligne puis de se faire livrer. Et ce, en choisissant le délai de livraison. Dans plusieurs agglomérations françaises, des commerçants se sont ainsi regroupés (dans des GIE par exemple) pour mutualiser leurs moyens et leurs ressources et proposer ces services de livraison urbaine à leurs clients.
Les drives piétons arrivent en ville
La grande distribution souhaite cependant éviter de rater le coche et les enseignes d’hypermarchés ne disposant pas de concepts de proximité ont donc décidé d’investir les centres-villes avec une offre dédiée aux consommateurs urbains : les drives piétons. Inspirés des drives classiques, dont le nombre et le chiffre d’affaires ne cesse de croître depuis quelques années, ces drives d’un nouveau genre sont implantés sur de petites surfaces commerciales, en centres-villes, et liés à des hypers installés en périphéries. Livrés jusqu’à 10 fois par jour, ils devraient constituer d’ici quelques années une concurrence à prendre en compte pour les supérettes de proximité implantées en ville.
Quid de la proximité dans le monde rural ?
L’étude OpinionWay pour Asterop fait également état d’un constat évident distinguant France des villes et France des champs. En effet, dans les zones éloignées des grandes villes, l’accès aux commerces est de plus en plus limité. Ainsi, en zone rurale, les Français parcourent en moyenne un peu plus de 12 km pour faire leurs courses. A ce titre, les personnae élaborées par Asterop pour mieux comprendre les attentes des consommateurs ruraux et les enjeux d’implantations de points de vente sont particulièrement éclairantes.
Jean (65 ans) et Stéphanie (40 ans, salariée, mère de 2 enfants) aimeraient ainsi tous deux trouver une offre plus complète à proximité. Stéphanie car son emploi du temps est chargé et qu’elle préfèrerait éviter d’aller dans les grandes surfaces implantées en périphérie de la ville la plus proche. Jean parce que lui et son épouse ont plus de difficulté à utiliser la voiture et, d’une manière générale, se déplacer. Pour ces deux personnae, qui sont représentatives de la population rurale française, des commerces regroupant une grande diversité d’offres (papèterie, journaux, pain, viandes et autres denrées alimentaires mais aussi courrier/colis, voire retrait d’argent et tirages photo) sont devenus indispensables. Dans cette optique, pour répondre aux attentes de jean et Stéphanie, il convient d’ouvrir une supérette de proximité rurale sous des enseignes telles que Vival, Spar ou encore Coccimarket.
Ainsi, que ce soit en ville ou dans les zones rurales, ouvrir un commerce de proximité est plus pertinent aujourd’hui que cela n’a été le cas au cours des 3 dernières décennies, qui ont au contraire vu un glissement des consommateurs vers les grandes zones commerciales de périphérie. Désormais, non seulement les consommateurs sont en quête d’une nouvelle proximité, mais en plus les outils existent pour leur garantir la qualité de service des commerçants de proximité associée au confort et à la performance des grands acteurs du web. Qualité de l’offre, qualité du conseil, adaptation des produits et services et innovation sont donc les clés pour performer dans la proximité en 2019 et dans les années à venir.