Evolution professionnelle : comment bien accompagner les salariés de votre réseau à devenir franchisés ?

Evolution interne : une vraie force pour les réseaux de franchise

Mieux connaître les franchisés

Recruter de nouveaux franchisés constitue un véritable défi pour les réseaux de franchise. C’est à chaque fois un pari sur l’avenir, car il est impossible de réellement savoir comment un porteur de projet va s’impliquer dans sa nouvelle activité. Les entretiens successifs, phases d’immersion et autres points en amont de la signature du contrat de franchise permettent de se faire une idée de la personnalité du candidat et de son désir de réussir mais seul le temps offrira l’assurance d’avoir fait le bon choix !

Dans le cas d’une évolution professionnelle en interne, le risque est clairement limité. « Le franchiseur a beaucoup plus de temps pour comprendre et qualifier le candidat, confirme Sylvain Bartolomeu, président dirigeant associé du cabinet Franchise Management et membre du collège des experts de la Fédération Française de la Franchise. Le recrutement de franchisés souffre souvent de l’absence d’une période de test suffisamment longue. Ce type de candidat permet d’avoir eu le temps nécessaire pour tester. »

Donner à vos talents la possibilité d’entreprendre et de se créer un patrimoine peut être créateur d’attractivité. 

Ouvrir l’entrepreneuriat à ses salariés

Mais l’évolution interne représente également une force sur un point complètement différent pour les réseaux de franchise, et « c’est très intéressant pour la raison d’être dans l’entreprise : celle d’ouvrir la perspective de pouvoir entreprendre aux salariés ». 

« On créé ainsi une nouvelle strate à l’ascenseur social qu’offre l’entreprise, ce qui permet de fidéliser et d’attirer des salariés qui envisagent un jour d’entreprendre, poursuit Sylvain Bartolomeu. Les ressources humaines, le recrutement de talents est stratégique aujourd’hui pour la plupart des entreprises. Donner à vos talents la possibilité d’entreprendre et de se créer un patrimoine peut être créateur d’attractivité. »

Ayoub FADIL, multi-franchisé Chamas Tacos, est l'illustration parfaite de cette ascension permise au sein de l'entreprise. Entré chez Chamas dans le cadre d'un job étudiant, il explique qu'il a « gravi les échelons au fur et à mesure et [a] finalement ouvert [son] premier restaurant à la fin de [ses] études.»

Le jeune chef d'entreprise est aujourd'hui à la tête de quatre restaurants de l'enseigne et, avec son associé, ils annoncent déjà plusieurs autres projets d'ouverture dans les mois à venir ! Découvrez ci-dessous son témoignage vidéo 

L’accompagnement des salariés, facteur clé de la réussite de l’évolution professionnelle

En devenant franchisé d’un réseau dans lequel il a déjà évolué, un salarié maitrise forcément tout la partie métier pure. Il en connaît le concept, l’offre produits, les clients c’est-à-dire tout ou partie des composantes techniques du métier. « Ce qui m’a poussé à prendre mon envol et à devenir mon propre patron, c’est le potentiel que j’ai pu voir durant les dix-huit mois passés en tant que salarié, témoigne ainsi Grégoire Brun, franchisé Imedia Location à La Talaudière, près de Saint-Etienne, qui a racheté l’agence dans laquelle il était salarié. C’était naturel ; presque comme une évidence de reprendre l’affaire par la suite ! »

Mais même si les valeurs et l’ADN de l’entreprise ne sont pas non plus inconnus au salarié qui devient franchisé dans son entreprise, mais cela ne veut pas dire que l’accompagnement doit être mis de côté. Bien au contraire. 

« Le franchiseur doit concentrer ses efforts sur l’acculturation du candidat à passer du statut de salarié à franchisé, voire à déconstruire les schémas établis depuis quelques années avec ce futur franchisé en termes de management, détaille Sylvain Bartolomeu. Le lien hiérarchique a existé et il devra disparaître. La relation salarié / patron a créé des habitudes qu’il faudra casser pour évoluer vers une relation horizontale patron / patron, ce qui n’est pas évident et simple. En règle générale donc, les trajets de formation pour cette typologie de candidat sont allégés sur la partie technique (déjà maîtrisée), mais ils ne sont malheureusement pas « musclés », alors qu’ils devraient l’être, sur le changement de posture attendu dans la relation. »

« Un franchisé qui le devient en changeant d’entreprise passe en effet par l’étape "reconversion", qui participe à faire de lui un entrepreneur. Il fait un saut vers l’inconnu. Il passe par les étapes de démission / d’incertitude / d’études de différents projets / de comparaison. Le salarié ne le fait souvent pas totalement.  Le franchisé qui change d’enseigne repart de zéro, sans préconçu, alors que l’ex-salarié a plutôt le sentiment de vivre une "évolution de carrière". Entreprendre doit être une rupture ! »

Bien évaluer les aptitudes d’un salarié à devenir franchisé

 « L’excès d’assurance constitue le principal piège [quand on accompagne un de ses salariés dans son projet de création d’entreprise en franchise], conclut Sylvain Bartolomeu. On pense que la maîtrise technique du métier est suffisante pour faire d’un salarié un entrepreneur, alors que le plus dur pour qu’un franchisé réussisse durablement, ce n’est pas le savoir-faire (l’acquisition de compétences techniques), ce sont les savoir-être (la capacité à adopter durablement une posture de chef d’entreprise indépendant vivant en réseau) ! »

Reste donc à bien mesurer les capacités de son salarié à devenir chef d’entreprise. Tout le monde ne possède en effet pas les aptitudes pour créer et diriger son entreprise. Il est capital pour le réseau de prendre le temps de bien évaluer la situation et de mettre en place le parcours de sélection nécessaire en interne. Un parcours exigeant, axé sur les savoir-être du salarié en passe de devenir franchisé. « La résilience, l’enthousiasme, le sens de la compétition, l’engagement, la confiance en soi, l’auto-motivation sont à la base des réussites entrepreneuriales », résume l’expert de la franchise.