Un projet de loi pour légiférer le drive
Alors que les drives poussent comme des champignons en France, Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du commerce et de l'industrie revient à la charge en annonçant un projet de loi ad hoc pour mieux encadrer la pratique.
Quasi inexistante en 2009, la formule du drive fait aujourd'hui recette. Il s'en ouvrirait en moyenne trois nouveaux par jour ce qui porte leur nombre aujourd'hui à environ 2 400 avec une estimation de 3 000 d'ici la fin de l'année.
Pourquoi un tel engouement de la part de la grande distribution ? La réponse à cette question est triple. Premièrement, de plus en plus de Français achètent sur internet et les courses alimentaires n'échappent plus à cette tendance lourde.
Deuxièmement, installer un drive ne nécessite pas de défendre son dossier devant la commission départementale d'aménagement commercial (CDAC). En effet, un drive n'est ni plus ni moins qu'un simple entrepôt qui n'accueille pas de public. A ce titre, et comme tous les magasins de moins de 1 000 m2 depuis la LME, le drive est exempté de demande d'autorisation. Troisièmement, sachant que la surface dédiée au drive n'est pas « commerciale », elle échappe à la taxe sur les surfaces commerciales... Au grand dam des élus qui voient dans la généralisation de cette pratique un vrai manque à gagner fiscal ! Au bout du compte, installer un drive accolé à un magasin existant ou en version solo est une bonne affaire pour les grands noms de la grande distribution. D'où la multiplication ces derniers mois des ouvertures un peu partout en France. Les surfaces des drives ouverts en 2012 représentent entre 800 000 et 1 million de m2 !
Un projet de loi annoncé
Face à ce phénomène qui prend une ampleur de plus en plus conséquente, la ministre Sylvia Pinel a plusieurs fois annoncé qu'il fallait encadrer la pratique. Le 28 mai dernier, dans les colonnes du journal Le Parisien, l'annonce s'est faite plus précise : un projet de loi chargé de légiférer les drives va être présenté en juin prochain au Conseil des Ministres pour être proposé aux votes des parlementaires en septembre. La teneur de ce projet de loi n'est pas encore connue mais sans nul doute, le texte devrait amener les grandes enseignes à y réfléchir à deux fois avant de se lancer, car en effet, à l'heure d'aujourd'hui, les drives sont pour la plupart déficitaires en France. Et si ils apportent du service en plus aux clients, ils pèsent sur les bilans des grandes enseignes.
Ceci étant, le drive permet actuellement aux ténors de la grande distribution d'affiner leurs maillages et de redistribuer les cartes de la concurrence localement. Les drives solo par exemple permettent de créer des points relais à moindre frais dans des secteurs géographiques jusqu'alors tenus par des enseignes concurrentes.
Dominique André-Chaigneau, Toute La Franchise©