L'auto-entrepreneuriat : ennemi ou ami de la franchise ?
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Un profil différent
Le profil de l'auto-entrepreneur n'est pas tout à fait le même que celui du franchisé mais par contre il est assez proche de celui de l'entrepreneur individuel classique. Ainsi, selon les chiffres de l'INSEE, les auto-entrepreneurs sont majoritairement des hommes (66 %), mais à peine plus que les autres créateurs d'entreprises individuelles (63 %). Ils sont également à peine plus âgés : ils ont en moyenne 39 ans, contre 38 ans pour les autres créateurs. « Chez les hommes, les auto-entrepreneurs sont surreprésentés par rapport aux autres créateurs, parmi les plus de 60 ans et les moins de 30 ans. Ils sont, en revanche, sous-représentés dans les classes d'âges intermédiaires (de 30 à 60 ans). Chez les femmes, les auto-entrepreneuses sont surreprésentées au-delà de 40 ans, et sous-représentées parmi les créatrices de 20 à 40 ans » détaille l'INSEE.
Ces chiffres de l'INSEE, ne sont pas tout à fait en concordance avec ceux publiés par l’Observatoire de l'auto-entrepreneur reposant sur une enquête menée pour l'Union des Auto-Entrepreneurs (UAE) en novembre 2009 sur 1 000 auto-entrepreneurs. Cette enquête fait notamment état d'une moyenne d'âge de 44 ans au moment de la création (au lieu de 39 pour l'INSEE). 16% des personnes interrogées avaient moins de 30 ans, 33% avaient plus de 50 ans et 51% étaient âgés de 30 à 40 ans. L'Observatoire de l'auto-entrepreneur atteste également d'un pourcentage de 60% d'hommes (au lieu de 66% pour l'INSEE). Autres chiffres intéressants pour mieux cerner le profil de l'auto-entrepreneur : 39% des personnes interrogées exerçaient leur activité à titre exclusif, 29% étaient en parallèle salariés, 17% retraités, 3% fonctionnaires et 2% étudiants.
Ces derniers chiffres attestent bien que le statut d'auto-entrepreneur est avant tout utilisé comme une manière de compléter son revenu en testant sans risques une activité, mais le tremplin peut rapidement devenir une activité à temps plein. Selon l'Observatoire de l'auto-entrepreneur, 7 auto-entrepreneurs sur 10 avaient déjà vendu ou facturé à la fin 2009. Parmi ceux-ci, la moyenne de chiffre d’affaires s'établissait en 2009 à 5.200 € (TTC), soit un revenu mensuel de 775 € net. « Les Auto-Entrepreneurs consacrent à leur activité 56% de leur temps ce qui leur rapporte plus d’un tiers de leur revenu global » ajoute l'enquête. Si l'on résume tous ces chiffres, l'auto-entrepreneur est surtout un créateur à la recherche d'une solution pratique pour tester une activité en parallèle de son activité principale. L'investissement étant minime au démarrage et les charges absentes en cas de chiffre d'affaires inexistant, ce statut s'adapte parfaitement à l'idée de test pour voir. Pour le franchisé, la logique est différente. Le test de la rentabilité a déjà été réalisé par le franchiseur. L'activité en franchise ne se conçoit pas comme un complément de revenus mais bien comme un moyen de dégager un revenu principal.
Pour y parvenir, l'engagement financier au démarrage (et la part de risques) est de fait bien plus conséquent. Le franchisé consacre 100% de son temps au développement de son activité en franchise. Sachant que la logique est différente, les auto-entrepreneurs ne sont a priori pas des candidats perdus pour les franchiseurs, mais par contre, ils sont des concurrents potentiels...
Des secteurs d'activités en concurrence
Selon les chiffres de l'INSEE, l'auto-entrepreneuriat s'est massivement orienté vers quelques secteurs d'activités clés traditionnellement bien couverts par la franchise. Ainsi, en 2009, les hausses de créations sont les plus élevées dans les activités de services aux ménages (+ 193%), les activités de soutien aux entreprises (+ 109 %), les services pour l'information et la communication (+141%).
Ces trois secteurs ont représenté 39 % des créations de 2009, et 48 % des créations d'auto-entrepreneurs. Les autres secteurs particulièrement touchés par le phénomène de l'auto-entrepreneuriat sont l'enseignement, la santé, l'action sociale, le commerce, les transports, l'hébergement, la restauration et la construction. Ces secteurs rassemblent 51 % des créations de 2009, et 46 % des créations d'auto-entrepreneurs. L'industrie arrive largement en queue de peloton avec + 100 % de créations mais malgré cette forte hausse, l'industrie ne représentait que 5 % des créations de 2009, et 4,5 % des créations d'auto-entrepreneurs.
Dans cette marée de chiffres à la hausse, plusieurs secteurs d'activité ont toutefois enregistré une stabilité voire une régression de créations en 2009 par rapport à 2008. Tel est le cas notamment des activités financières (+ 3 %) ou l'immobilier (− 8 %). Ces deux secteurs représentaient moins de 5 % des créations de 2009, et moins de 1,5 % des créations d'auto-entrepreneurs. Le même constat est peu ou prou dressé par l'enquête de l'Union des Auto-entrepreneurs : 7 Auto-Entrepreneurs sur 10 opèrent dans le secteur des services. 39% travaillent dans les services aux particuliers, 28% dans les services aux entreprises, 16% dans le commerce, 12% dans la construction, 4% dans l’industrie et 1% dans l’agriculture.
Côté franchiseur, une adaptation nécessaire
Comme on le voit par le biais de cette rafale de chiffres, le secteur du service en franchise de manière générale est largement touché par le phénomène de l'auto-entrepreneuriat. Clairement, tous les budgets dépensés par les ménages et les entreprises chez les auto-entrepreneurs vient en moins dans l'escarcelle des franchisés. Selon l’ACOSS (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale), le chiffre d''affaires généré par les auto-entrepreneurs s'élève à 499 millions d’euros au titre des trois premiers trimestres de l’année (61 millions d’euros au titre du 1er trimestre, 169 millions d’euros au titre du 2e et 269 millions au titre du 3e trimestre).
Et selon les estimations de l'ACOSS, la progression du chiffre d’affaires devrait se poursuivre au 4e trimestre de l’année 2009 au vu de l'explosion du nombre de créations d’auto-entreprises de ces derniers mois. Devant cette « nouvelle concurrence » peu de franchiseurs ont encore réagi mais il serait étonnant que les choses en restent là. Ainsi, à l'image du secteur de l'immobilier et de la finance où le recrutement de nouveaux candidats a été plus que laborieux en ces temps récents de crise, plusieurs franchiseurs ont choisi d'ouvrir largement leurs recrutements aux auto-entrepreneurs. Parmi eux, l'on peut citer notamment les concepts Optim'Home, ou encore Idimmo, mais aussi In & Fi et Arcanciane.
D'autres concepts existants faisant appel à des distributeurs indépendants devraient suivre le mouvement dans les prochains mois. Et il est fort à parier que cette nouvelle donne va titiller les imaginations de nouveaux franchiseurs pour donner naissance, qui sait, à de nouveaux concepts basés sur la fourniture ciblée de services aux auto-entrepreneurs ou à des services accessibles à des auto-entrepreneurs.
Pour en savoir plus sur les chiffres de l'INSEE : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1277
Pour en savoir plus sur les chiffres de l'Union des Auto-entrepreneurs : http://www.union-auto-entrepreneurs.com
Dominique, Journaliste toute-la-franchise©