Entreprendre en franchise en famille : comment éviter les pièges et réussir ensemble
Avantages et inconvénients d'une franchise en famille à travers des témoignages de franchisés
Travailler avec son conjoint, ses enfants, ses frères et sœurs ? Pour certains, l’idée semble périlleuse. Pour d’autres, c’est LA clé du succès ! Selon la FFF, 35 % des franchisés ont choisi d'entreprendre en couple, et ils sont bien plus nombreux à se lancer en famille au sens large. Confiance, solidarité, vision commune : l’entrepreneuriat familial séduit de plus en plus. Mais comment faire de ce modèle une réussite durable, sans faire exploser l’équilibre familial ? Trois franchisés partagent leur expérience lors d’une table ronde mise en place à Franchise Expo Paris 2025 : Laurent Brugirard, franchisé Norauto, et Stéphanie et Aurélien Waguener, franchisés La Mie Câline en couple.

La confiance, ciment de l’entrepreneuriat en famille
Quand on décide d'entreprendre en famille, la confiance n’a pas besoin de se prouver : elle est là, comme un socle naturel. Et c’est sans doute l’un des grands avantages de ce modèle.
Chez les Waguener, tout a commencé à deux. Puis leurs fils sont venus les rejoindre, d’abord de manière ponctuelle, avant de s’impliquer à temps plein : « On est en totale confiance et on peut déjà leur parler sans filtre et eux aussi, souligne le couple de franchisés La Mie Câline. On est en totale confiance quand on est en famille !
Cette structure familiale favorise l’implication totale, parfois jusqu’à l’oubli des horaires. « Quand on travaille en famille, il n’y a pas d’heure. Il n’y a pas de week-end, pas de jour férié. On travaille sans se poser de question », estime Laurent Brugirard, aujourd’hui à la tête de plusieurs centres Norauto.
Mais loin d’être vécu comme un fardeau, ce rythme intense est présenté comme une richesse : celle de construire un projet collectif qui fait sens pour chacun.
Les pièges à éviter dans la franchise en famille
L'importance de définir les rôles avant d'entreprendre en famille
Et comme dans tout projet collectif, il est capital d’avoir établi une feuille de route au préalable. Si les rôles ne sont pas bien définis, les tensions peuvent vite s’installer. Les clés du succès pour la réussite d’une entreprise associée est une bonne répartition des rôles et responsabilité afin d’éviter les tensions et les frustrations. Ceci est vrai pour une création d’entreprise en couple ou en famille mais également avec tout associé. Cette répartition doit être faite selon les compétences et les aspirations de chacun. Il est donc vital de discuter des attentes et d'identifier les forces et faiblesses de chacun.
« Il ne faut pas tout monopoliser, prévient Aurélien Waguener. Il faut savoir répartir son terrain de jeu, parce que sinon on ne se respecte plus. » Et d’expliquer que chacun, entre son épouse et lui, a pris la responsabilité de certaines tâches. Cela permet de savoir clairement quel est le rôle de chacun.
C’est l’un des grands enseignements partagés par tous les intervenants : la clarté des rôles est une condition de réussite. Chacun doit savoir ce qu’il a à faire, dans quelle zone de responsabilité il évolue. Même si cette répartition se fait “naturellement”, elle ne doit rien laisser au hasard.
« Il faut être complémentaires, il ne faut pas se marcher dessus. Sinon, ça devient compliqué », résume Laurent Brugirard.
Ne pas reproduire les schémas familiaux en franchise
Autre défi : ne pas transposer les dynamiques familiales dans l’entreprise. Un parent n’est pas un supérieur hiérarchique, un enfant n’est pas un exécutant par défaut. Le schéma professionnel doit être construit sur des compétences, pas sur les habitudes du foyer.
Et pour que cette organisation fonctionne, chacun doit avoir sa zone de confort. Laurent l’explique très simplement : « Mon épouse est dans l’administratif, moi dans les RH, mon frère dans le technique… Il n’y a pas de meilleure place, mais il faut que chacun reste dans sa zone de performance. »
Préserver vie professionnelle et vie personnelle
L’une des grandes peurs des porteurs de projet qui envisagent d’entreprendre en franchise en famille, c’est de ne jamais pouvoir déconnecter. Et à raison : les frontières entre la vie privée et la vie professionnelle deviennent très poreuses à partir du moment où plusieurs membres de la famille travaillent ensemble. Quand on passe toutes ses journées ensemble, difficile de savoir quand commence le travail et où il s’arrête. C’est encore plus marqué quand on décide d'entreprendre en franchise en couple puisque l’on retrouve son conjoint à la maison. Pour préserver l'équilibre familial, il est essentiel de poser des limites et savoir créer des moments où l'entreprise n'est pas le sujet de discussion.
D’autant que « pour bosser en famille, il faut être passionné ! », comme le rappelle Aurélien Waguener. Ce qui implique que « cela prend une certaine place… Mais ce n'est pas forcément négatif ! C'est plutôt positif. Parce que malgré tout, on arrive à parler d'autres choses, à rigoler entre nous […] C'est la vie d'une famille normale, finalement ! On a fait des réglages ensemble pour que naturellement, on arrive à faire la part des choses. Des fois, on peut se mettre en off pour vaquer à nos occupations privées. »
La clé ? Apprendre à se faire confiance, déléguer, organiser des relais en interne pour s’autoriser des temps personnels sans culpabilité. Les Waguener le vivent ainsi : le magasin continue de tourner, même quand ils s’accordent une pause.
La franchise comme garde-fou pour s'associer en famille
Un point fait l’unanimité : se lancer en famille sans être accompagné par un franchiseur, c’est clairement jouer avec le feu.
« Quitte à tout miser en famille dans l’entrepreneuriat, sans hésiter, il faut prendre une enseigne pour être accompagné, prévient Laurent Brugirard. Quand on met tous ses œufs dans le même panier en famille, ça peut avoir des conséquences dramatiques. On peut tout perdre et ce n'est pas une légende. »
Le modèle de la franchise rassure, structure, encadre et propose les clés pour maximiser ses chances de réussite. Il permet aux membres d’une même famille de s’appuyer sur un socle méthodologique éprouvé, avec des outils de gestion, des formations, une aide au développement. Et surtout, il permet de gagner du temps et d’éviter les erreurs de débutant.
« Le plus grand piège, c'est de penser que c'est simple », note Laurent Brugirard. Si vu de l’extérieur être chef d’entreprise peut paraître facile et agréable, cela implique en effet beaucoup de responsabilités, d’autant plus grandes lorsqu’on a embarqué une partie de sa famille dans l’aventure. Alors autant ne rien laisser au hasard : « Avec une franchise, on gagne en tranquillité, en accompagnement, en développement ».
Entreprise familiale : transmettre sans imposer
Quand l’entreprise devient familiale, la question de la succession ne tarde pas à se poser. Faut-il envisager dès le départ que les enfants prendront la relève ? Ou au contraire les laisser libres de choisir leur voie ?
« Ils peuvent continuer avec nous… ou pas. On ne leur impose rien, témoigne Aurélien Waguener. S’ils veulent suivre le même chemin, on peut les aider. Mais c’est leur choix. »
Laurent, de son côté, s’apprête à ouvrir un nouveau centre pour son fils. Mais là encore, rien n’est automatique. « C'est un symbole de refaire une affaire alors que le gamin a travaillé des années et que, enfin il a son magasin. Mais il ne faut pas brûler les étapes. Il a travaillé dur comme ses parents et peut-être encore plus dur, parce que souvent, les enfants travaillent plus dur que les autres. Donc, c'est chouette mais après il va falloir confirmer, valider et que ça marche bien, tout en s’assurant que c’est vraiment le choix des enfants. »
A noter que même dans un contexte familial, la validation du franchiseur reste essentielle lorsqu’il s’agira de reprise d’entreprise, pour garantir un niveau d’exigence équivalent à celui de n’importe quel franchisé. Se contenter de « passer le flambeau » dans le cadre d’une transmission intergénérationnelle n’est pas envisageable !
Entreprendre en franchise en famille présente donc de nombreux avantages mais ne constitue donc pas pour autant un long fleuve tranquille. Cela exige de l’organisation, de la rigueur et beaucoup de communication. « Ne croyez pas que c’est simple ! Ce n’est pas parce qu’on voit un copain réussir que ce sera facile », prévient Laurent Brugirard. Mais pour ceux qui acceptent d’y mettre les formes, c’est un modèle qui peut devenir une formidable aventure humaine !
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