Fonds d’investissement et franchise font-ils bon ménage ?
Comme toutes les entreprises en recherche de ressources pour se lancer, croître ou lancer de nouveaux projets, les franchiseurs peuvent faire appel aux fonds d’investissement.
Comme toutes les entreprises en recherche de ressources pour se lancer, croître ou lancer de nouveaux projets, les franchiseurs peuvent faire appel aux fonds d’investissement. Il s’agit cependant d’une solution de financement qui peut paraître complexe et reste très minoritaire dans le secteur de la franchise (la détention du capital par un fond d’investissement reste encore très faible à 2% en 2015 versus 5% en 2014 et 3% en 2013 selon l’enquête annuelle de la franchise Banque Populaire). 8 franchiseurs sur 10 sont propriétaires de leur enseigne depuis sa création. Comment expliquer cette frilosité ? Car le capital-investisseur sera un financier responsable d’un portefeuille intéressé par le potentiel de rentabilité du réseau et non pas un entrepreneur. Comment concilier cette philosophie et la relation avec les différents chefs d’entreprise franchisés ? La Fédération Française de la Franchise s’est posé la question à travers son « Etude de la variabilité des structures capitalistiques franchisantes, incidences sur la gouvernance des réseaux de franchise » publiée en 2015. Il en ressort des points très intéressants.
Comment un réseau de franchise fait-il appel à un fonds d’investissement ?
Un réseau de franchise qui souhaite réaliser de gros investissements ou faire face à des difficultés financières peut choisir de faire appel à un fonds d’investissement plutôt qu’à sa banque. Dans le cadre d’une entreprise classique, le concept est assez simple : l’investisseur entre au capital en échange d’une future rentabilité. La qualité de l’investisseur lui-même pourra être multiple :
- Il pourra s’agir de « love money », c’est-à-dire d’une implication des proches du franchiseur dans son entreprise ;
- Le terme de « business angel » pourra aussi être employé et désigne un investisseur expérimenté qui viendra appuyer la société cible ;
- Enfin, il pourra s’agir d’une société de capital-investissement responsable d’un portefeuille de clients.
Les méthodes de capital-investissement sont également variables et correspondent chacune à une situation :
- Opération de capital-risque : l’investisseur participe à un nouveau concept qu’il s’agisse de création de la société ou d’un nouveau segment de son activité, via la franchise. Prise de risque maximale ;
- Opération de capital-développement : l’entreprise est déjà rentable mais le franchiseur souhaite accélérer son développement ou procéder à un rachat de positions d’actionnaires. Une opération stratégique, qui vise à donner des ailes à un concept en franchise qui fonctionne déjà ;
- Opération de capital-transmission : l’équipe dirigeante ou une nouvelle équipe rachète l’entreprise grâce à l’aide d’investisseurs. Cette opération sera souvent réalisée via une holding pour profiter d’un effet de levier. Le fond d’investissement amène des hommes et de l’’argent ;
- Opération de capital-retournement : l’investisseur redresse l’activité d’un franchiseur en difficulté et lui permet de redevenir rentable. Là aussi, grosse prise de risques, mais rentabilité escomptée forte pour l’investisseur vu comme un « sauveur ».
Toutes ces solutions impliquent donc une prise de pouvoir partielle de l’investisseur dans l’appareil décisionnel du franchiseur. En contrepartie de l’apport d’argent, le franchiseur doit céder un peu de son pouvoir…
Quelle est la relation entre le capital-risqueur et le réseau de franchise ?
Quelles sont les conséquences à entendre si un fond d’investissement intervient dans le cadre d’une franchise ? Si l’investisseur est impliqué au sein de l’appareil décisionnel, qu’advient-il de la franchise qui est par essence un savoir-faire et une marque ? Quid des franchisés et de leur liberté ? En effet, vous n’êtes pas sans savoir qu’un franchiseur qui ne serait-ce qu’influence les décisions de ses franchisés peut se voir assigné en justice et condamné. Au-delà des limites légales, la relation franchiseur-franchisé est souvent affective. Un changement stratégique trop prononcé peut mettre à mal cette collaboration et provoquer un abandon des franchisés. Le franchiseur se retrouve donc pris entre deux feux, entre franchisés et investisseurs, aux objectifs parfois contraires…
Les deux parties devront donc être tenues informées via une communication claire. Pour les investisseurs, cela se traduira souvent par le développement du système d’informations comptables et financières et la multiplication des réunions de suivi et de contrôle. Chacune de ces mesures doit être décrite précisément dans le pacte d’associés. Pour les franchisés, il s’agira de communiquer sur la valeur positive du capital-investissement en tant que signe de santé financière et sur le partenariat en lui-même.
La relation entre fonds d’investissement et franchise repose sur un équilibre délicat
Il existe encore trop peu de cas et d’études pour donner une réponse définitive sur le bien-fondé de l’entrée au capital d’un investisseur au sein d’une franchise. Les moyens d’action de l’investisseur restent limités au-delà de l’apport financier. Les facteurs majeurs de réussite restent donc une bonne cohésion entre investisseurs, franchisés et franchiseur, la qualité intrinsèque du réseau et les compétences de son équipe dirigeante.