Les Français sont de plus en plus nombreux à créer une entreprise et la société est en pleine mutation
Une étude sortie en début de semaine vient mettre en lumière ce qu’Alain Bosetti nomme la transition entrepreneuriale. Elle montre en effet comment les Français incluent l’entrepreneuriat dans leur trajectoire professionnelle et l’évolution d’une société de salariés en CDI vers une société d’indépendants et de free-lances. Toute la Franchise a interviewé Alain Bosetti pour qu’il livre sa vision de cette transformation progressive de la société.
6 millions de Français indépendants au cours de leur vie
15%. C’est la part des 2.000 Français interrogés dans le cadre de cette étude qui sont ou ont été entrepreneurs, que ce soit de manière temporaire ou durable, en activité principale ou secondaire. « Si on ramène ce chiffre à la population active globale, cela représente 6 millions de Français qui passent par la case entrepreneuriat au cours de leur trajectoire professionnelle », explique Alain Bosetti, président du salon SME, qui insiste sur le terme trajectoire professionnelle et non pas carrière : « Il est derrière nous le temps où l’on « faisait carrière ». Je préfère le terme de « trajectoire » car il inclut à la fois les périodes de travail et de chômage, mais également de formation ou les années sabbatiques.. Nous avons tous nos propres trajectoires, que nous souhaitons évidemment piloter nous-mêmes. C’est plus simple quand on est entrepreneur! »
Et parmi ces personnes qui ont créé leur entreprise à un moment ou un autre de leur vie, seules 29% savaient qu’elles allaient devenir entrepreneurs au début de leur vie professionnelle.. Pour 71% d’entre elles, cette création d’entreprise est apparue comme la solution la plus adaptée à leur situation personnelle à un instant T de leur vie. Pour autant, 91% de ces entrepreneurs déclarent avoir opté pour la création d’entreprise par choix et estiment que cette orientation n’était pas subie.
Créer son entreprise, gage d'autonomie et de prise d'initiatives
Pour Alain Bosetti, le fait que la création d’entreprise apparaisse de plus en plus souvent comme une option dans la vie professionnelle des Français (on recensait 216.000 nouveaux créateurs d’entreprise en 2000 –soit 0,60% de la population active-, contre 550.000 en 2016 –soit 1,45%-) est le signe d’un changement profond de la société. « On ne voit plus le travail et le chef d’entreprise de la même manière qu’autrefois. Chacun est capable de se projeter dans une création d’entreprise, quitte à revenir au salariat plus tard », explique-t-il. Et pour lui, c’est une excellente chose pour les entreprises : « C’est rassurant pour elles de savoir que leurs salariés ont une vision entrepreneuriale. De plus, les collaborateurs qui ont été à la tête de leur entreprise sont forcément plus autonomes et capables de prendre davantage d’initiatives. Le bénéfice est donc très important pour les entreprises ! »
Il estime qu’un mouvement est en train de se créer et que de la même manière qu’on parle de transition écologique ou de transition énergétique, il convient désormais de parler de transition entrepreneuriale : « On est en train d’évoluer d’une société de salariés en CDI vers une société d’indépendants et de free-lances, car l’accès à la création d’entreprise se démocratise. » Et d’évoquer les différentes mesures prises en 2003 (loi sur l’initiative économique) et 2009 (régime de l’auto-entrepreneur) pour favoriser l’entrepreneuriat, qui ont aussitôt fait grimper les chiffres de créations d’entreprise en France.
Faciliter encore le passage du salariat vers l'entrepreneuriat et inversement
Pour lui, cette « transition est naturelle et diffuse dans la société, avec des associations comme par exemple 100.000 entrepreneurs qui viennent présenter la création d’entreprise dans les écoles et de plus en plus d’étudiants qui veulent créer leur boîte ». Et la part de l’entrepreneuriat devrait continuer à augmenter selon lui. « Mais il faudrait encore faciliter et favoriser le passage du salariat vers l’entrepreneuriat, et vice versa », note Alain Bosetti.
Car pour Alain Bosetti, la grande question est de savoir quelle est l’alternative au CDD, de plus en plus fréquent en France. « Franchement, qu’est-ce qui est plus précaire et instable ? Le CDD ou l’entrepreneuriat ?, interroge-t-il. Aujourd’hui, il est plus facile de trouver un client qu’un patron. Et je pense qu’il est beaucoup moins précaire d’avoir cinq clients qu’un employeur ! »
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