Amoureux de la littérature, rendez-vous au Salon du livre, le 15 mars
Le Salon du livre ou Livre Paris, grand messe de l'édition littéraire
Chaque année au mois de mars est organisé à Paris un évènement d’envergure mondiale pour l’édition : le Salon du livre ou Livre Paris. Il rassemble les éditeurs de tous bords, les scolaires et le grand public autour d’animations, de débats et de séances de dédicaces. Zoom sur une manifestation culturelle de premier plan et sur le chiffre d’affaires de l’édition, en recul en 2018. Cette contraction ne reflète cependant pas les disparités selon les genres.
Salon du livre de Paris : pour un rayonnement international de la culture littéraire
Née en 1981, le salon du livre de Paris est l’un des moments culturels forts du début d’année. Au programme, la mise en avant d’un pays et d’une ville, des débats autour d’un fil rouge et des rencontres très attendues avec les auteurs.
Une brève histoire de Livre Paris
Au début des années 80, le secteur du livre va mal, contrairement aux années 70, pendant lesquelles se sont multipliés les fêtes, salons et journées du livre. Dans l’optique de sauver ce segment moribond, le gouvernement Barre décide de la libération du prix du livre avec la loi Monory. Une mesure qui va se révéler contre-productive, en favorisant les géants de la culture comme la Fnac, au détriment des petits libraires.
Le chiffre des tirages moyens continue à reculer, faisant craindre le pire pour le marché de l’édition. En réaction, le gouvernement décide de lancer le premier Salon du livre en 1981 au Grand Palais, inauguré par Jack Lang. En 1983 est organisée la première journée professionnelle ouverte aux libraires et bibliothécaires, mais c’est véritablement en 1985, lorsque Simone Signoret participe au salon pour présenter son roman Volodia, que le salon connaît ses premières heures de gloire. Dès 1992, il est transféré au hall 1 du parc des expositions de la Porte de Versailles et change de nom l’année suivante pour devenir Livre Paris.
Le Salon du livre : un fil rouge et des invités d’honneur
Depuis son lancement, Livre Paris met chaque année à l’honneur une ville, un pays et un invité spécial, et dévoile le fil rouge de sa programmation.
Pour cette 39ème édition, le salon fait une entorse à la règle en proposant deux fils rouges, l’Europe et « la Norme et ses limites », et un continent plutôt qu’un pays comme invité : l’Europe. Bratislava, ville à l’honneur et Oman, invité spécial, complètent le tableau.
C’est ainsi que des artistes, intellectuels et écrivains venus de tout le continent viendront débattre et échanger leurs idées sur les enjeux et problématiques liés à l’Europe et à la norme.
La programmation de Livre Paris
Chaque année du 15 au 18 mars, ce sont quelques 800 évènements petits ou grands qui sont organisés autour du livre et de l’édition, dont 250 conférences et débats. Le salon forme également un lieu de rencontres privilégié pour les professionnels.
Tous les jours, 6 émissions quotidiennes sont organisées :
- Une heure en … : elle sera consacrée aux écrivains émergents des divers pays d’Europe,
- L’Europe vue par : elle réunira politiques et littérateurs autour de questions de société,
- La bibliothèque idéale : elle invitera des écrivains à parler des livres qui leur évoquent l’idéal européen,
- Les grands débats : autour de questions géopolitiques,
- Le grand entretien : avec un écrivain européen,
- Connexion : « une personnalité européenne du monde des arts, de l'illustration, du sport, de la cuisine ou de la politique invite et dialogue avec un écrivain français de son choix".
En parallèle, vous pourrez vous rendre à :
- La Grande Scène, pour redécouvrir les temps forts de l’année littéraire 2018 et plus de 60 auteurs du monde entier,
- La Scène le Square des Arts, autour du beau livre,
- La Scène les Coulisses de l’édition, pour découvrir le fonctionnement de ce secteur,
- La Scène Polar, dédiée à la littérature policière,
- La Scène Jeunesse, ludique,
- La Scène BD, Manga et Comics où le 9ème art fera son show,
- La Scène Young Adulte : mis en lumière depuis l’année dernière, ce fleuron de l’édition littéraire formera l’occasion de débattre autour la place de la femme ou de faits de société marquants,
- La Scène Science pour tous, orientée vers la vulgarisation scientifique,
- La Scène Angora, avec des penseurs contemporains.
Le secteur de l’édition : un marché en berne ?
Si 2016 avait été un bon cru pour l’édition, 2017 et 2018 ont au contraire confirmé une tendance à la baisse de la vente de livres. Des chiffres en berne, qui ne reflètent cependant pas le contraste entre les différents genres et les bons résultats du segment du livre numérique, plutôt dynamique.
Quelques chiffres autour du Salon du livre
Du 15 au 18 mars, ce sont quelque 165 000 visiteurs et 688 groupes scolaires qui sont attendus et qui rencontreront 3 900 auteurs (comme Bruno Gaccio, Joan Sfar, Hubert Vedrine, Douglas Kennedy ou encore Bernard Werber) autour de 391 stands et 515 marques représentées. Les places sont chères au salon, puisqu’il faut débourser 5 000 € pour un mètre carré, autant dire que nombreux sont les petits éditeurs à se regrouper pour pouvoir exposer leurs dernières parutions.
Une production du livre restée sable, malgré une baisse des ventes
Chaque année, les Français dépensent en moyenne 116 € pour acheter 356 millions de livres papier ou numérique, pour un CA total de 3.97 milliards d’euros. Un chiffre qui a diminué en 2017 de 1.6% par rapport à 2016. Les chiffres de 2018 ne sont pas encore connus mais la tendance devrait se confirmer, malgré un excellent score enregistré en janvier 2018 (+4.5%). Une baisse à pondérer par segments de vente : les grandes surfaces culturelles (FNAC, Cultura…) restent stables, en revanche les ventes dans les librairies de premier et de deuxième niveaux reculent de 1.4% et 2.1%, et même de 7% pour les hypermarchés. La production reste pourtant stable, avec 68 199 nouveaux titres et nouvelles éditions en 2018. Et il est à noter que le nombre d’exemplaires vendus progresse alors que celui du tirage moyen diminue de 3.6%.
L’inflation éditoriale cache mal la disparité des titres vendus
Derrière les chiffres de vente se cache une réalité littéraire très disparate. Si le secteur des livres recule, le segment des manuels scolaires, par exemple, a connu une embellie sans précédent en 2016, portée par la réforme profonde des programmes, et qui boosté le CA de la filière dans son ensemble. En 2017 les chiffres ont chuté, malgré la sortie de la BD Astérix qui a dopé les ventes de livres tous supports confondus, avec 1 590 000 exemplaires vendus. C’est ainsi que cette baisse générale de 1.6%, dissimule en fait d’autres excellents scores enregistrés par certains genres.
Derrière les livres qui se vendent mal et qui font grimper les mauvais chiffres du secteur se cache également une autre tendance : celle de l’inflation éditoriale. Dans la course au best-seller, les éditeurs inondent les libraires de titres, et pour faire face à ce flux constant, ces derniers accélèrent la rotation des ouvrages et renvoient plus rapidement les invendus. Les seuls gagnants sont peut-être les lecteurs, qui découvrent ainsi une plus grande variété de titres et d’auteurs.
La forte progression du livre numérique
L’e-book continue sa progression, avec une hausse de 9% cette année, mais il reste très loin derrière le livre papier, qui représente encore 95% du marché, en volume comme en CA. Un score intéressant, mais néanmoins très en-dessous de celui enregistré par les pays anglo-saxons, États-Unis et Angleterre en tête. Le livre numérique représente en effet 25% des ventes de livres dans ces pays. Alors pourquoi cet écart ? La faute reviendrait au prix du livre numérique en France, lui aussi soumis à la politique du tarif unique, et beaucoup trop cher pour les lecteurs. La décote se situe en effet seulement entre 25 et 35%, et il n’est pas rare qu’au moment de la parution en poche, l’exemplaire papier revienne moins cher que l’e-book… Chez les Anglo-Saxons, la décote peut atteindre 70%.
Le marché de l’e-book pourrait également se déplacer vers le livre audio. Ils sont ainsi près de 45% à en avoir écouté un dans l’année écoulée.
Quels sont les genres littéraires qui ont bien marché ?
Le genre Young Adult, qui sera largement mis à l’honneur au Salon du livre de cette année, séduit et fédère de 12 à 30 ans. La BD se porte bien elle aussi, avec une progression de 2%, même si bien entendu ce chiffre est à pondérer avec celui de la sortie du dernier album d’Astérix. Enfin, les polards, dominés par Guillaume Musso et Marc Lévy, résistent toujours bien face à la contraction du secteur.