Le marché de l’occasion : un secteur en plein boom économique
Dans le contexte actuel, le marché de l’occasion fait de plus en plus d’émules en France. Quelles sont les clés de la réussite de ce secteur ?
Depuis la crise de 2008, le marché de l’occasion connaît une croissance continue en France. Malgré l’épidémie de la covid-19 qui touche l’ensemble du territoire national depuis près d’un an, ce marché a généré plus de 7,4 milliards d’euros l’année dernière, dont plus de la moitié en provenance du web, d’après les calculs des experts de Xerfi Precepta. Plus que jamais, les Français plébiscitent le marché de la seconde main qui a encore de belles perspectives de croissance notamment sur les principaux circuits et segments d’ici à horizon 2023.
L’occasion, une arme de séduction massive
Autrefois jugé dévalorisant et très marginalisé, le marché de l’occasion est aujourd’hui le fer de lance d’un nouveau mode de consommation qui s’appuie sur des motivations écologiques, citoyennes ainsi que sur l’évolution des offres commerciales. En effet, la crise sanitaire a redistribué les cartes et changé également le mode de fonctionnement de nombreuses enseignes à la notoriété bien établie. Ce fut notamment le cas pour l’enseigne La Redoute qui a décidé de se lancer sur ce marché en pleine expansion avec son concept baptisé « La Reboucle », une plateforme d’achat et de revente en ligne entre particuliers d’articles de mode, décoration et ameublement de seconde main.
Force est de constater que le marché de l’occasion vit actuellement un changement durable et structurel essentiellement motivé par le rejet du modèle de l’hyper consommation et l‘avènement d’une économie plus collaborative et responsable. D’après les experts de Xerfi Precepta qui ont mené une étude sur ce secteur, le rythme de croissance du marché de la seconde main sera porté d’ici 2023 par une forte demande et par le développement de l’offre en ligne et en magasins, notamment dans les rayons des acteurs du neuf.
Un marché estimé à plus de 7,4 milliards d’euros en 2020
Le marché de la seconde main offre une réelle bouffée d’oxygène au budget des ménages, surtout actuellement en temps de crise avec de fortes pressions à venir sur le pouvoir d'achat des français ainsi que l’éveil des consciences sur la nécessité de consommer écoresponsable comme l’a souligné Joris Escot, Directeur Général d’Easy Cash : « Au-delà du constat inéluctable que la seconde main est un marché porteur avec un engouement particulier auprès des Français ces dernières années, nous estimons avoir un rôle à jouer pour contribuer à une prise de conscience collective sur notre manière de consommer. Easy Cash a pour mission de rendre accessible à tous et de manière simple l’achat-vente de produits de seconde main et reconditionnés pour permettre à chacun d’être un acteur engagé en consommant de manière plus responsable ».
De plus, la quasi-totalité des biens de consommation peuvent être achetés et revendus d’occasion bien qu’une tendance semble s’être dégagée ces derniers mois. En effet, le marché du meuble et des articles de décoration (27% des ventes) ou encore des livres (12%) sont aujourd’hui les principaux produits de seconde main vendus dans l’Hexagone. D’après l’étude Xerfi, demain ça sera surtout les ventes d’articles de mode (16% de parts de marché) et de luxe (11%) qui tireront le marché.
Cette belle dynamique dont jouit aujourd’hui le marché de l'occasion suscite également de nombreuses convoitises. Ainsi, afin de tirer leur épingle du jeu, de nombreuses enseignes de biens neufs, de tous univers (Ikea, Boulanger, Decathlon, Oxybul…), ont déjà lancé des expérimentations, aussi bien pour profiter du phénomène que dans une optique de rétention de leur clientèle. Plus récemment, tous les groupes de la grande distribution alimentaire ou presque sont passés à l'offensive, notamment au travers de partenariats avec des spécialistes de la seconde main (Happy Cash, Cash Converters, Patatam, etc.).
Un nouveau marché très attractif pour les enseignes traditionnelles
L’année dernière, la plupart des acteurs de la grande distribution (Casino, Carrefour et Auchan puis Système U et Cora) ont décidé d’emboîter le pas au pionnier E.Leclerc, en optant pour des shop-in-shop ou des corners dédiés à l’achat-revente d’une large offre de produits électroniques et de petit électroménager à l’entrée de leurs magasins. Une nouvelle politique qui vise surtout à renforcer leur image prix, fidéliser leur clientèle, et dynamiser la fréquentation de leurs hypermarchés, en perte de vitesse.
Mais les enseignes alimentaires ne sont pas les seuls acteurs à vouloir se positionner sur ce nouveau créneau très porteur. Les circuits spécialisés ne sont pas en reste non plus de leur côté, comme l’illustre la multiplication des initiatives des enseignes de mode, à l’image de Kiabi et Gemo l’an dernier, mais aussi des leaders de l’électro-domestique (Darty, Boulanger…). Là où les premiers ouvrent des corners de vêtements de seconde main, les seconds misent exclusivement sur la vente en ligne de produits reconditionnés.
Cependant, le développement de l’offre de seconde main demeure toutefois un pari pour toutes ces enseignes traditionnelles de produits neufs. En effet, il existe un réel risque pour ces dernières d’écorner leur image de marque et de cannibaliser leurs ventes. Pour y faire face, ces grandes enseignes se sont toutes attaché les services des spécialistes de l’achat-revente pour se lancer.
D’après l’étude Xerfi, la structure des ventes par profil d’acteurs montre que les sites de petites annonces généralistes, Leboncoin en tête, continuent de s’imposer les leaders du marché de la seconde main avec environ 28% des ventes en valeur en 2020. Viennent ensuite les sites de vente en ligne spécialisés (Vinted, Back Market, Vestiaire Collective…) qui captent autour de 22% des ventes.
Ainsi, le succès du marché de l’occasion s’explique essentiellement par le fait qu’il constitue pour les ménages, un bon moyen de faire des économies et de s’offrir au passage une consommation plus vertueuse. De leur côté, les enseignes y trouvent un potentiel relais de croissance dans les marchés en perte de vitesse.