Villes moyennes : nouveaux centres de la France de demain ?
Les « futures gagnantes d’une possible recomposition territoriale » ?
Pendant le premier confinement de mars 2020, 11% des habitants de Paris intra-muros ont quitté la capitale. Selon le Baromètre des Territoires 2020, 23% des habitants des grandes villes envisagent de déménager. Ainsi, en 2021, les villes moyennes semblent abandonner leur image de cités sinistrées et retrouvent de l’attrait auprès de la population. Quelle vision les Français ont-ils des villes moyennes ? Quels leviers restent à activer pour concrétiser leur attrait ? Quelles opportunités économiques offrent-elles ? Eléments de réponse.
Villes moyennes : 30 ans de déprise économique et démographique
Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, c’est sur les villes moyennes, ces communes qui comptent aujourd’hui moins de 100.000 habitants, que les pays européens, dont la France, se sont appuyés pour relancer leur économie et leur démographie.
Toutefois, à partir des années 80, les politiques publiques favorisent, au nom de la décentralisation, la centralisation des territoires autour des grandes métropoles, sommées de devenir les vaisseaux amiraux des régions, mini-capitales chargées de dupliquer localement le modèle parisien.
La désindustrialisation rapide de la France à la même époque ne fait qu’accroître ce phénomène. Ainsi, après une phase de croissance démographique rapide entre 1945 et 1970, les petites villes et villes moyennes connaissent un bilan démographique au mieux neutre, au pire négatif. Le déclin est initié.
Entre images d’Epinal et repoussoirs urbains
Ainsi, en quelques décennies, les grandes agglomérations n’ont cessé de croître et d’attirer toujours plus de monde, Paris en tête, tandis que les villes moyennes étaient progressivement oubliées. Dès lors, leur perception par les Français, et par les médias, oscille longtemps entre images d’Epinal idéalisant une « forme urbaine fondatrice de l’identité française » et visions apocalyptiques de territoires sinistrés en proie à la déprise économique, sortes de repoussoirs pour une population ainsi conviée à se satisfaire de sa vie dans les grandes agglomérations.
Le Covid-19 à la rescousse des villes moyennes
Mais le Covid-19 est passé par là, avec son confinement de mars 2020 et le déploiement du télétravail dans de nombreuses organisations. La population découvre alors une vie urbaine, étriquée, sans loisirs, sans offre culturelle mais aussi sans jardin, sans espace, sans marge financière de manœuvre.
Ainsi, 11% des habitants de Paris intra-muros quittent la capitale. Certes, il s’agit là principalement de populations disposant de résidences secondaires en province ou de pied-à-terre chez de la famille. Mais la dynamique est lancée. Au sortir du confinement, selon l’édition 2020 du Baromètre des Territoires, 23% des habitants des grandes villes envisagent de déménager. Une proportion qui monte même à 36% chez les jeunes actifs de moins de 35 ans des grandes agglomérations.
Et quand on leur demande dans quel type de ville ils envisagent de déménager, 50% d’entre eux répondent vouloir aller dans une ville de taille moyenne et 13% dans une petite ville. Une tendance que l’on retrouve à l’échelle nationale puisque 84% des Français préfèrent vivre dans une ville de taille moyenne plutôt que dans une grande métropole.
Un changement de perception des villes moyennes
Riche de nombreux enseignements intéressants, ce Baromètre des territoires interroge également la perception relative aux villes moyennes, notamment par celles et ceux qui y habitent, qui considèrent que ces dernières offrent :
- Proximité avec la nature ;
- Proximité avec les services et les commerces ;
- Mobilité facile.
Et ce, avec une offre culturelle satisfaisante pour 65% d’entre eux et une offre d’enseignement supérieur satisfaisante à 64%.
Du point de vue des habitants des grandes agglomérations, les villes moyennes sont également plus aptes à s’adapter aux défis du changement climatique (33%). En outre, selon un sondage Kantar/Potloc pour La Fabrique de la Cité réalisé fin 2020, les villes moyennes ont, pour les Français en général, un profil « équilibré », entre authenticité et innovation, adaptation aux familles, avec une bonne offre de commerces et de services, des logements de bonne qualité, etc.
C’est ainsi que, selon l’association Villes et villages où il fait bon vivre, le palmarès 2020, donc avant la crise du Covid-19, faisait apparaître 4 villes moyennes dans le top 10 : Bayonne en 2ème position, La Rochelle en 3ème position, Avignon en 7ème position et Lorient en 10ème position.
Les villes moyennes : des villes où entreprendre
Il convient cependant de garder les pieds sur terre quand on analyse les villes moyennes. En effet, selon les habitants eux-mêmes, ces dernières présentent également quelques points faibles, au premier rang desquels les difficultés économiques et la difficulté à trouver un emploi.
A contrario, les habitants des villes moyennes plébiscitent l’efficacité des structures d’accompagnement à la création d’entreprise dans leurs territoires : 77% et même 81% dans les communes bénéficiaires du programme Action Cœur de Ville.
Ainsi, offrant un vivier de population important et peut-être « futures gagnantes d’une possible recomposition territoriale », comme s’interrogeait la Fabrique de la Cité en décembre 2020, les villes moyennes présentent un fort potentiel pour la création d’entreprise, notamment en franchise.
En effet, face à la saturation des marchés dans les zones présentant les plus fortes densités de population, les villes moyennes ayant été délaissées pendant des décennies se présentent comme les meilleurs endroits où entreprendre. C’est ainsi, d’ailleurs, que l’édition 2020 du Baromètre du dynamisme de la franchise en région, portant donc sur les données 2019, faisait apparaître de nombreux départements considérés comme ruraux en tête du classement :
- Le Calvados ;
- La Vendée ;
- La Loire ;
- Le Loir-et-Cher ;
- L’Indre-et-Loire ;
- La Manche ;
- La Gironde ;
- Le Maine-et-Loire ;
- L’Oise ;
- Les Alpes-Maritimes ;
- L’Yonne ;
- Paris ;
- L’Eure-et-Loir ;
- La Loire-Atlantique ;
- Le Vaucluse.
Par conséquent, si vous souhaitez créer une entreprise, si vous envisagez une reconversion professionnelle, si vous souhaitez quitter une grande agglomération pour retrouver une meilleure qualité de vie et un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle, pensez à créer votre entreprise en franchise dans une ville moyenne.