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La vente des fonds de commerce reste dynamique en 2011

Les repreneurs saisissent à nouveau les opportunités de croissance

Publié le

En 2011, selon les données du baromètre Bodacc, un peu plus de 45 000 fonds de commerce ont trouvé acquéreurs en France. Un bon résultat, surtout lorsque l'on sait que les prix de cession ont été négociés à la hausse par rapport à 2010 !

Sur fond de crise persistante, on aurait pu logiquement penser que les repreneurs de fonds de commerce allaient hésiter. Mais finalement force est de constater que non comme l'attestent les chiffres de la deuxième édition du baromètre « ventes et cessions de fonds de commerce » du Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc) publiés fin mars dernier. « Le maelstrom financier de 2008 et l'assèchement du crédit qui s’en était suivi avait fait fuir les investisseurs.
En 2009, le nombre de cessions de fonds de commerce s'effondrait de près de 20%. En 2011, encouragés par de meilleures perspectives économiques, les repreneurs saisissent à nouveau les opportunités de croissance » résume le Bodacc.

Pour mémoire, le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc) est l'organisme centralisateur des publicités des actes enregistrés au registre du commerce et des sociétés - le RCS - de l'immatriculation à la radiation, des procédures collectives et des avis de dépôt des comptes des entreprises. Les mentions clés publiées au BODACC, à savoir la date de l’acte, les coordonnées du repreneur, le montant d’acquisition du fonds et les coordonnées du précédent propriétaire ont été enrichies de données complémentaires extraites des bases de données Altares.


Des transactions plus nombreuses à des prix plus élevés

En 2011, 45 105 établissements (bâtiment, commerce, industrie ou services) ont été repris. Selon le Bodacc, « c'est 2,2 % de plus qu'en 2010, soit près d'un millier de fonds de commerce de plus ».
Comment expliquer ce dynamisme de la reprise de fonds de commerce ? Selon le Bodacc, la bonne performance de la cession/reprise résulte essentiellement du moindre risque de la formule vis-à-vis d'une création pure. Et de fait, si l'on met en perspective les +2,2 % de la reprise avec les – 2 % de la création (hors auto-entrepreneurs), il semble bien en effet que la crise ai été facteur de glissement d'une formule sur l'autre. « Ces rachats de fonds permettent donc des poursuites d'activité et favorisent la relance de l'économie.

D’autant plus, que ces reprises sont davantage pérennes que les créations. Ainsi, près de neuf acheteurs sur dix (88 %) créés en 2008 dans le cadre d’une reprise de fonds de commerce sont toujours en activité en 2011 alors que l’INSEE constatait un taux de pérennité à 3 ans de 66 % sur le millésime de l’ensemble des créations de 2007. » L'engouement pour la reprise a également largement influé sur le prix moyen de cession qui gagne 6,8 % et se fixe à 187 924 € en 2011 (176 002 € en 2008, 174 509 € en baisse de - 0,8 % en 2009, 176 017 € en 2010 en hausse de 0,9 %).


Les opportunités de croissance externe tirent le marché

Selon les chiffres du Bodacc, une très large majorité (74 %) des 45 000 acheteurs sont des structures de moins de 3 salariés. Ce volume est relativement stable sur un an (+ 0,6 % à 33 304 transactions en 2011) tandis que le prix moyen payé augmente de 5 % à 145 374 €. « Ce montant ne cesse de progresser depuis 2008. » Clairement, la logique de ces repreneurs est celle de l'alternative à la création pure.
Entre 3 et 9 salariés, et plus encore au-delà de 10 salariés, la reprise exprime plus la volonté des repreneurs à saisir des opportunités de croissance externe. Du coup, comme le souligne le Bodacc « les tarifs se renchérissent rapidement ». Les TPE de 3 à 9 salariés doivent ainsi débourser en moyenne 273 697 € (+ 8,4 % par rapport à 2010) pour acquérir un fonds de commerce et pour les entreprises de plus de 10 salariés, le ticket de reprise grimpe allègrement à 354 494 € (+ 5,9 % par rapport à 2010). « Si les PME de plus de 10 salariés portent moins d’une transaction sur dix, elles donnent un vrai signal de rebond d’activité » insiste le Bodacc. Et de fait, les chiffres attestent d'un vrai changement de stratégie chez les entreprises de plus de 10 salariés.

En effet, avec la crise, ces entreprises avaient plus fait le choix d'assurer le quotidien en se repliant sur elles-mêmes. Cette stratégie a occasionné depuis 2008, une nette chute des reprises dans le cercle des entreprises de cette taille (– 32 % en 2009 et – 16 % en 2010). En 2011, la tendance s'inverse. « 2011 marque le retour de ces plus « grands » repreneurs » avec 3 481 transactions enregistrées en 2011 soit + 15,6 % vs 2010. Chez les entreprises de plus de 250 salariés, la même tendance est observée avec un nombre de reprise en croissance (+ 13,2 % par rapport à 2010) et un renchérissement du prix moyen par transaction à 523 654 € en moyenne (+ 50,1 %).


Des acheteurs et des vendeurs plutôt mieux aguerris...

A l'image des chiffres INSEE de la création d'entreprise qui démontrent de la baisse des structures individuelles (- 7 %) et de la hausse des formes sociétales (+ 2 %), le marché de la cession/reprise suit la même tendance. « Seulement une reprise sur cinq (20 %) se fait sous un statut d’entreprise individuelle » note le Bodacc. Le nombre de reprises de fonds de commerce sous statut d'entreprise individuelle recule ainsi de 9 %. Dans le même temps, les sociétés à responsabilité limitée augmentent de 6 %, et les SA ou SAS bondissent de 27,5 %. Plus exigeants en terme du sérieux de leurs statuts juridiques, les acheteurs sont également globalement plus expérimentés qu'avant : «l’accélération du nombre de sociétés de plus de 10 salariés candidates à la reprise d’un fonds de commerce se traduit par une plus forte proportion de repreneurs matures ».

Dans le détail, les profils de créateurs (acheteurs de moins d’un an), sont moins nombreux (- 3,6 %) en 2011 qu'en 2010, tandis que les structures plus âgées voient leur nombre grimper de + 9 % pour les repreneurs en activité depuis 6 à 15 ans et même de + 15,5 % pour ceux de plus de 15 ans.
Cette maturité des repreneurs s'explique en grande partie par la volonté des entreprises de grandir en âge avant de grandir en taille, ce qui confirme aussi la montée en puissance de la logique de la croissance externe. Plus matures, les acheteurs n'hésitent pas à casser leur tirelire pour grandir. « Le prix moyen de cession est en hausse forte de plus de 10 % lorsque le repreneur a 3 ans et plus. L’augmentation dépasse même les 20 % pour les fonds repris par les sociétés les plus anciennes » note le Bodacc. En moyenne, quand un acheteur de 0 à 5 ans négocie un fonds aux environs de 180 000 €, un acheteur âgé de 6 à 15 ans monte à 200 000 € et un acheteur de plus de 15 ans approche les 250 000 € en moyenne pour un fonds. « Nous noterons, toutefois, une tendance également forte sur la tranche des 1 à 2 ans, entreprises d’à peine un an pour partie créées au départ sans activité. »


La restauration et le commerce drainent près des deux tiers des transactions

Sur les 45 105 cessions/reprises enregistrées en 2011, les activités de commerce et d’hébergement-restauration-débits de boisson concentrent près des deux tiers des transactions. Les activités de commerce totalisent ainsi 13 583 transactions en 2011 (+ 4,2 % vs 2010) avec un ticket moyen de 253 478 € (+ 4,4 % vs 2010). Les activités d'hébergement, restauration et débits de boisson totalisent quant à elles 14 359 transactions en 2011 (+ 3,9 % vs 2010) pour un ticket moyen de 158 763 € (+ 4,5 % vs 2010).

Les autres secteurs qui ont le vent en poupe en terme de cession/reprise sont :

  • l'industrie, en hausse de 4,2 % par rapport à 2010 avec 4 763 transactions en 2011, ticket moyen 199 009 € en hausse de + 0,7 %,
  • les services aux particuliers, (en hausse de 1,4 % par rapport à 2010 avec 3 585 transactions en 2011, ticket moyen 68 698 € en baisse de 1,7 %,
  • la construction en hausse de 3,5 % par rapport à 2010 avec 3 480 transactions en 2011, ticket moyen 119 493 € en hausse de + 14,2 %,
  • les services aux entreprises, en hausse de 23,7 % par rapport à 2010 avec 2 335 transactions en 2011, ticket moyen 206 615 € en hausse de + 14,5 %.

Les secteurs aux nombres de transactions les plus faibles sont :

  • le transport & logistique avec 721 transactions en 2011 (+ 11,1 % vs 2010) et un ticket moyen de 175 164 € (en baisse de 9,5 % vs 2010),
  • l'information & communication avec 429 transactions en 2011 (+ 8,1 % vs 2010) et un ticket moyen de 262 365 € (en baisse de 0,5 % vs 2010),
  • les activités d'assurance et financières avec 320 transactions en 2011 (- 5 % vs 2010) et un ticket moyen de 340 555 € (en hausse de 40,8 % vs 2010),
  • l'agriculture avec 220 transactions en 2011 (+ 17,6 % vs 2010) et un ticket moyen de 149 472 € (en hausse de 0,1 % vs 2010).


De fortes disparités de prix dans chaque secteur d'activité

Si les prix moyens de cession peuvent connaître de grandes disparités selon le chiffre d’affaires réalisé par le vendeur, dans un même grand secteur d'activité, les écarts de prix sont souvent énormes. Ainsi, dans le commerce, quand un fonds de vente sur les marchés ou une épicerie se traitent à moins de 80 000 €, un fonds de pharmacie se négocie au-delà d'1,2 millions d'euros.

Entre ces deux extrêmes, l'on trouve notamment les fonds de primeur, poissonnier, boucher autour de 100 000 €, les garagistes à moins de 115 000 €, les activités de bricolage et équipement du foyer sous les 125 000 €, les fonds de commerce d’habillement autour des 150 000 €, les fonds d'opticien autour des 300 000 €. Dans les activités de loisir aussi, quand « les papeteries maintiennent un prix de vente proche de 180 K€ », les librairies se négocient en 2011 à 124 000 € en moyenne (- 10 000 € par an depuis 2008). Quant aux magasins multi-rayons ? : « les hypermarchés se négocient au-delà de 500 K€, les supermarchés au-delà de 300 K€ et les superettes approchent les 200 K€ ».

Les mêmes disparités se rencontrent aussi dans les activités de services aux entreprises où « les opérations de ventes & cessions s’opèrent essentiellement dans les activités techniques pour lesquelles le prix moyen négocié a augmenté de 33 % depuis 2008 à plus de 250 K€ ». En dehors de ces entreprises de services pointues, « le prix de cession se situe aux environs de 100 K€ dans les agences de voyage (stable) et le nettoyage courant de bâtiments (en baisse) ou franchit 90 K€ dans l’aménagement paysager. »

Dans le secteur des services aux particuliers, a contrario, le Bodacc note une faible variation des prix de cession. Ils oscillent ainsi entre 60 et 70 000 € « qu’il s’agisse de salons de coiffure, instituts de beauté ou de la blanchisserie-teinturerie. Ce montant approche, en revanche, 170 K€ dans les services funéraires. »

Dans les secteurs la restauration et débit de boisson enfin, les prix sont globalement orientés à la hausse à 170 000 € en moyenne pour les débits de boisson, 160 000 € dans la restauration traditionnelle, 105 000 € pour les services de traiteurs et moins de 90 000 € dans la restauration rapide. « Dans l’hébergement, il faut compter plus de 300 K€ voire 350 K€ pour un terrain de camping. »


Une forte disparité de prix en fonction des régions

Selon le Bodacc, la France de la cession/reprise est coupée en deux. Au Nord de la Loire, les prix de vente des fonds de commerce s’établissent en moyenne au-dessus de 180 000 €, tandis qu'au Sud de la Loire, le prix moyen se négocie sous les 170 000 €.

Dans le détail, les régions les plus chères sont l'Ile-de-France, mais aussi le Nord-Pas-de-Calais. En Ile-de-France, les prix de cession tournent aux environs de 230 000 € depuis 2008, et connaissent en 2011 une hausse de + 5,8 % pour atteindre les 244 000 € en moyenne (+ 5 % de transactions vs 2010). « Jusqu’alors la seule région métropolitaine à franchir le seuil des 200 K€, Ile-de-France est désormais rejointe dans cette fourchette de prix par la région Nord-Pas-de-Calais (222 K€) où le nombre de transactions à plus d’1 millions d’€ a plus que doublé en 2011. » 4 régions se disputent la 3e marche du podium avec des prix de transactions aux alentours de 195 000 € : l'Aquitaine, la Bretagne, la Champagne-Ardenne et la Picardie. « Derrière ces régions à presque 200 K€ ou plus, un écart s’opère. Les prix tombent ensuite sous la barre de 180 K€ ».

Dans une fourchette de 180 à 160 000 € de moyenne des prix de cession, l'on trouve notamment les deux Normandie et Provence-Alpes-Côte-D’azur (entre 180 et 170 K€), Midi-Pyrénées, Lorraine, Pays-de-la-Loire, Alsace, Rhône-Alpes, Poitou-Charentes et Corse (entre 160 et 170 K€). Sous le seuil des 160 K€, l'on retrouve enfin des régions comme le Limousin, l'Auvergne, la Bourgogne et la Franche-Comté (entre 140 et 160 K€).


Les départements qui enregistrent en 2011 les hausses les plus spectaculaires sont la Marne (+ 91 % vs 2010 à 244 679 €), les Pyrénées-Orientales (+ 83 % à 141 683 €), le Territoire de Belfort (+ 71 % vs 2010 à 149 544 €), la Haute-Savoie (+ 68 % à 218 153 €), le Nord (+ 63 % à 244 512 €), les DOM (+ 63 % à 292 692 €), la Haute-Garonne (+ 46 % à 189 747 €), l'Hérault (+ 46 % à 191 955 €), la Charente-Maritime (+ 43 % à 192 300 €), le Tarn-et-Garonne (+ 43 % à 187 440 €).

A l'inverse, les départements qui enregistrent en 2011 les chutes les plus spectaculaires sont l'Indre (- 51 % à 93 797 €), la Creuse (- 50 % à 85 378 €), l'Essonne (- 36 % à 198 995 €), les Alpes de Haute Provence (- 31 % à 130 229 €), l'Ain (- 28 % à 130 806 €) et la Charente (- 27 % à 234 301 €).


Retrouvez l'ensemble des chiffres détaillée du baromètre Bodacc : http://www.journal-officiel.gouv.fr/documents/externe/barometrebodacc_290312v3.pdf


Dominique André-Chaigneau, Toute la Franchise©

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