La France toujours plus urbaine selon l'Insee
Près de 9 millions d'habitants en plus en 30 ans dans les zones urbaines
Selon les chiffres d'un dossier spécial publié par l'Insee à la mi-avril, la France est toujours plus urbaine. En 2011, en France métropolitaine, près de huit habitants sur dix résident dans l’espace urbain.
Le paysage de la France évolue. Selon l'Insee, en trente ans (1982-2011), la population des unités urbaines s’est accrue de 23%, soit 8.961.000 habitants supplémentaires et la superficie occupée par ces unités urbaines s'est également accrue de 42,5% (35.400 km2). « Sur cette période, la population urbaine a augmenté de manière inégale sur le territoire. Les grandes unités urbaines absorbent en effet près de 80% de la hausse (20% par l’unité urbaine de Paris et 56% par les unités de 400.000 à 2.000.000 habitants). » |
Globalement, la population urbaine se répartit entre un centre parisien hypertrophié (10 millions d’habitants), 14 unités urbaines de 400.000 habitants ou plus situées sur le littoral, le long des fleuves, près des frontières, et 2.218 unités urbaines plus petites. « Les unités urbaines dont la population est comprise entre 200.000 et 400.000 habitants sont celles qui contribuent le moins à la variation de population de l’ensemble des unités urbaines (en raison, notamment, de la « migration » de trois unités urbaines vers d’autres classes de taille). »
L’attractivité des grandes villes s'accentue
L'étude des chiffres des recensements sur ces 30 dernières années « conforte un système urbain dominé en premier lieu par Paris (près de sept fois plus grande que ses suivantes immédiates, Lyon ou Marseille, selon les recensements) et en second lieu, par un ensemble de 14 unités urbaines de 400.000 habitants ou plus. » Dans le détail, l’ensemble des quinze villes les plus importantes regroupe en 2011, 21,3 millions d’habitants, soit 43,8% du total urbain, contre 14,4 millions d’habitants ou 36,4% en 1982 ! Ainsi, en l'espace de 30 ans, la France s'est urbanisée à grande vitesse mais de façon inégale. Les grandes villes ont continué de rafler la mise, ce qui explique en grande partie pourquoi « cet accroissement important ne s'est pas traduit par une modification massive des positions des villes au sein de la hiérarchie urbaine, laquelle est restée globalement stable. »
Ainsi, l’unité urbaine de Paris rassemble en 2011 comme en 1982 plus du quart de la population urbaine. « Parallèlement, la part des unités urbaines de 100.000 à moins de 400.000 habitants parmi l’ensemble des unités urbaines de 10.000 habitants ou plus a diminué de 28,0% en 1982 à 19,3% en 2011. Cette baisse a profité aux grandes métropoles de 400.000 habitants ou plus (hors Paris) qui regroupent 26,4% de la population urbaine en 2011 contre 17,1% en 1982. » Les quatorze plus grandes villes de France (unités urbaines de 400.000 habitants ou plus) avec Paris ont fortement contribué à l’augmentation de la concentration spatiale de la population. Parmi elles, la population de six grandes villes a augmenté plus vite que celle de Paris : Toulouse, Nantes, Avignon, Bordeaux, Lyon et Strasbourg.
Une attractivité fortement corrélée à l'emploi
Sans surprise, l'attractivité des unités urbaines quelles que soient leurs tailles, est fortement corrélée à l'emploi. Ainsi, comme le souligne l'Insee, « les populations ont tendance à suivre l’activité économique ou les potentialités de développement économique. » Dans le détail, l'Insee dégage 4 grands profils en s'appuyant sur l’analyse des 475 unités urbaines de 10.000 habitants ou plus en termes d’évolutions de la population et de l’emploi entre 1982 et 2011.
Groupe 1 : Les unités urbaines qui gagnent à la fois des habitants et des emplois sont au nombre de 271. Elles sont globalement les plus peuplées de France « à l’exception de celles de Douai-Lens et Rouen. » Parmi ces villes, les plus dynamiques sont Toulouse et Montpellier « aussi bien en termes de population (respectivement + 47% et + 45%) qu’en termes d’emploi (+ 87% et + 93%). » Les autres aires urbaines dynamiques de ce groupe sont notamment la partie française de l’unité urbaine internationale de Genève-Annemasse ainsi que Béthune, Lille, Reims, Besançon et Caen.
Groupe 2 : Les unités urbaines qui perdent des habitants mais dont le nombre d’emplois augmente sont au nombre de 131. « Arrivent en tête du classement à l’intérieur de ce groupe les grandes unités urbaines du Nord » à l'image de Douai-Lens,Valenciennes ou encore Rouen, suivies des unités urbaines de 100.000 habitants ou plus comme Metz et Nancy à l’est, Clermont-Ferrand au centre, Le Mans, Brest, Amiens, Saint-Nazaire, Angoulême au Nord-Ouest. Sont également incluses dans ce groupe, 39 unités urbaines situées sur le littoral océanique ou méditerranéen comme Le Havre, Brest, Saint-Nazaire, Lorient ou Cavalaire, Wimereux, Capbreton, Riantec, Saint-Jean-de-Monts, Saint-Paul-de-Léon, Canet-en-Roussillon.
Groupe 3 : Les unités urbaines qui perdent des habitants et des emplois sont au nombre de 63. Parmi les unités urbaines de 100.000 habitants ou plus, l'on trouve notamment Saint-Étienne, Dunkerque, Thionville, Maubeuge, Montbéliard et à un degré moindre Troyes. « Ces évolutions sont notamment dues à l’affaiblissement des industries anciennes (mines, sidérurgie, métallurgie, textile) voire encore plus anciennes (fabrication de faïences ou de porcelaines par exemple) comme dans les unités urbaines du Creusot, Montceau-les-Mines, Decazeville, Carmaux, Nevers, Digoin, etc. »
Groupe 4 : Les unités urbaines qui gagnent des habitants mais perdent de l'emploi sont au nombre de 10. Huit de ces unités urbaines sont situées dans la partie nord de la France parmi lesquelles l’unité urbaine de Creil, proche de l’Île-de-France, mais aussi l'unité urbaine de Neuves-Maisons, située près de Nancy.
L'intégralité des chiffres de l'étude Insee et les cartes d'illustrations sont téléchargeables sur le site de l'Insee.