La franchise et les jeunes, de l’intention à la réalité
Peu de jeunes sont attirés par la franchise
Les moins de 30 ans d'aujourd'hui sont-ils prêts à choisir la franchise pour se lancer ? La réponse est oui, mais si l’ambition créatrice n’est plus à démontrer, le ticket d’entrée plus élevé en franchise les fait encore réfléchir !
En France, selon les données de l'Observatoire de la création d'entreprise, plus de la moitié des jeunes de moins de 18 ans estiment que travailler à son compte ou avoir sa propre entreprise est le choix de carrière le plus intéressant. Ceci étant, 50% de ces jeunes convaincus du bien-fondé de l’entrepreneuriat ne passeront pas à l’acte. Loin s’en faut ! Entre intention et réalité, la marche est souvent haute. « Plus attirés que leurs aînés par l’entrepreneuriat, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure. » Pour preuve ? 36% des jeunes Français de 18 à 29 ans sont ou ont été inscrits dans une dynamique entrepreneuriale. C’est beaucoup plus que chez leurs aînés, comme le précise l’Observatoire de la création d’entreprise, « il existe un véritable effet générationnel sur le dynamisme entrepreneurial où les générations les plus anciennes (50 ans et plus) sont moins souvent investies d’un dynamisme entrepreneurial : 44% des 30-49 ans et 22% des 50 ans et plus. »
Près d’un jeune sur trois se voit entrepreneur
Une chose est sûre toutefois, comme le souligne l’Observatoire de la création d’entreprise : « L’intérêt des jeunes pour l’entrepreneuriat s’est fortement accru ces dernières années. Ils prennent conscience que cette voie peut constituer une étape intéressante, à de nombreux égards, dans leur parcours professionnel ou un véritable projet de carrière. » Près d’un jeune sur trois envisage de créer ou reprendre un jour une entreprise, dont 12% souhaitent passer à l’acte dans les deux prochaines années. Pourquoi veulent-ils se lancer ? « Selon les déclarations des intentionnistes, leur envie d’entreprendre est principalement motivée par la volonté de s’épanouir, de réaliser son rêve (41%), le désir d’être indépendant (31%), l’envie de se lancer un défi (30%) ou encore le fait de gagner plus d’argent (28%) » détaille l’Observatoire de la création d’entreprise. Et dans les faits, depuis le lancement du régime auto-entrepreneur, la donne change. Ainsi, en 2014, 24% des entreprises étaient créées par des jeunes de moins de 30 ans, dont 8% étaient âgés de moins de 25 ans. « Ces chiffres nous permettent d’estimer que 135.000 entreprises ont été créées par des jeunes en 2014, dont 84.000 ont vu le jour sous le régime de l’auto entrepreneur ». Dans le détail, parmi l’ensemble des entreprises créées par des jeunes en 2014, 62% sont sous le régime de l’auto entrepreneur ; « c’est plus fréquent que chez leurs aînés (48%). La part d’auto-entrepreneurs est d’autant plus importante que les créateurs sont jeunes : 72% des moins de 25 ans et 57% des 25-29 ans ».
Mais des freins subsistent !
Et pour les 64% des Français de 18 à 29 ans qui ne sont pas inscrits dans une dynamique entrepreneuriale ? 29% n’ont même jamais pensé à créer ou reprendre une entreprise, et 35% y ont déjà pensé, mais ne souhaitent pas le faire. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’ils craignent des investissements trop importants (25%), mais aussi, et c’est là une spécificité française, ils craignent d’échouer (20%). « La faible tolérance des Français, leur attitude négative face à l’échec et leur aversion pour le risque (fortement liés à l’histoire et aux traditions) expliquent le moindre attrait des jeunes Français pour l’entrepreneuriat par rapport à d’autres pays, notamment les États-Unis. » Les autres raisons de blocage sont le fait de ne pas savoir comment s’y prendre (15%) ou de ne pas avoir les compétences requises (15%) et d’estimer ne pas avoir l’expérience requise (13%). Parmi les autres freins, l’Observatoire de la création d’entreprise note le rôle dissuasif des grandes écoles qui privilégient l’intégration des nouveaux diplômés dans une grande entreprise.
Quels secteurs d’activité inspirent les jeunes créateurs ?
Selon les observations des enquêtes Sine 2014 de l’Insee, les créateurs de moins de 30 ans se lancent essentiellement dans des secteurs traditionnels comme le commerce, la construction, les activités spécialisées, et ce, dans des proportions équivalentes à celles des créateurs plus âgés. Dans le détail, le commerce arrive largement en tête (20% des créations), devant la construction (16%), les activités spécialisées (14%), les services aux particuliers (8%), la santé et l'information/communication (7%), l'hébergement/restauration et l'industrie (5%), les arts, secteurs, activités récréatives et l'enseignement (4%), les transports (3%), les activités financières, d'assurance et immobilières (2%). On est loin de l’image hyper techno associée à la génération Milléniale, quoi que... Comme le souligne l’Observatoire de la création d’entreprise, « nombre de valeurs et de centres d’intérêt sont fortement portés par les jeunes générations : l’utilisation de nouvelles technologies, le travail en réseau, l’importance des dimensions écologiques et sociales dans la vie privée et professionnelle, l’intérêt pour les voyages, notamment à l’étranger… » Par ailleurs, 47 % des jeunes créateurs déclarent être innovants en apportant sur leur marché des nouveautés en matière de produits ou services, de procédés de fabrication, d’organisation ou de marketing.
Les jeunes et la création en franchise ?
Selon les chiffres de la dernière enquête CSA - Banque Populaire - Fédération Française de la Franchise, L’an dernier, 9% des franchisés qui se sont lancés en franchise avaient entre 18 et 34 ans. C’est peu, certes, mais finalement cela n’est pas si étonnant que cela. Pourquoi ? Tout simplement parce que le modèle de la franchise implique de se glisser dans un moule déjà bien bordé par le franchiseur. Et quand on est jeune, on a envie de tout sauf de s’enfermer dans ce qui peut trop souvent ressembler à un carcan. Suivre des consignes pour la jeunesse n’est pas un acte « naturel », s’imposer des limites non plus ! Rien d’étonnant alors que l’on retrouve plus souvent les jeunes dans la peau d’un franchiseur que d’un franchisé.
Le deuxième frein majeur à l’installation en franchise par les jeunes tient au coût plus conséquent pour se lancer. Droit d’entrée, redevances forfaitaires, création d’une « vraie » entreprise et non plus d’une activité en auto-entreprise, investissement global souvent rehaussé du fait des aménagements exigés par le concept et de la qualité imposée de l’emplacement... Tout cela coûte évidemment plus cher que de s’installer à son compte en solo. Une lourdeur d’investissement qui n’est bien souvent pas compatible avec les ressources des jeunes qui viennent de se lancer dans la vie active. Et sans un minimum d’apport personnel, et d’expérience, les banques renâclent à prêter, forcément.
Le troisième et dernier frein au choix de la franchise tient à la durée d’engagement. Là aussi, quand on est jeune, on a des envies de bouger, de tester par soi-même des nouvelles choses. Avec un contrat de 7 ans en moyenne, la franchise ressemble plus à un plan de carrière qu’à un test pour voir. L’avantage de la stabilité qui séduit les quadras est plutôt un inconvénient pour les jeunes dynamiques qui veulent en découdre avec la vie.