Marks & Spencer, cette enseigne si britannique
Tout le chic British pour s'habiller et manger
Marks & Spencer, l'enseigne anglaise par excellence qui a longtemps fait rayonner le style so british dans le monde connaît depuis 2001 des crises à répétition. Malgré cela, l'enseigne résiste en Angleterre, bien sûr, mais aussi en France.
Des origines modestes
Les origines de Marks & Spencer remontent à 1882. Cette année-là, Michael Marks, un immigré juif biélorusse de Slonim fuyant les pogroms, débarque en Angleterre. A 21 ans, il nourrit de grandes ambitions mais il n'a pas le sou. Rêvant de se faire embaucher chez Barran, à Leeds, il prendra finalement une autre voie en rencontrant Isaac Dewhirst, grossiste à Leeds. Ce dernier propose à Michael Marks de devenir colporteur dans la campagne environnante.
Pour l'aider à se lancer, Isaac Dewhirst propose de prêter à l'immigré fraîchement débarqué 5 £ pour acheter une charrette et ses premières marchandises. Michael Marks accepte l'offre et débute aussitôt ses ventes en tant que colporteur itinérant. Après deux ans de colportage, Michael Marks a quelques livres de côté. Il décide alors d'ouvrir un stand sur le marché Kirkgate, à Leeds. Cette première échoppe rencontre le succès. Son enseigne de Penny Bazaars écoule exclusivement des articles vendus un penny. Très vite, Michael Marks ouvre une seconde boutique, puis trois, puis quatre. Dix ans plus tard, en 1894, Marks a réussi : il est désormais à la tête de douze boutiques.
Pour étendre son réseau naissant, il cherche alors un associé. Il retourne naturellement voir Isaac Dewhirst qui refuse l'offre. Et c'est finalement Thomas Spencer, comptable de Dewhirst, qui accepte le challenge. Il apporte 300 £ dans l'affaire. Le célèbre partenariat entre Marks et Spencer prend dès lors son envol. En 1901, Marks déménage sur le marché libre de Birkenhead où il fusionne avec Spencer. Les années suivantes, les deux associés ouvrent des étals de marché dans de nombreux endroits du nord-ouest de l'Angleterre. Le premier Penny Bazaar de Leeds déménage au 20, Cheetham Hill Road à Manchester.
En 1907, Spencer puis Marks meurent. L'héritage est âprement disputé mais c'est finalement Simon Marks, le fils de Michael Marks qui reprend la tête de l'entreprise en 1915. Il restera à ce poste jusqu'à sa mort en 1964.
Un concept qualitatif à succès
Depuis ses origines, Marks & Spencer a toujours privilégié le qualitatif au quantitatif. La politique maison était de ne vendre que des produits fabriqués en Grande-Bretagne. Pour cela, l'enseigne a depuis ses débuts noué des relations à long terme avec des fabricants britanniques qui ont forgé sa renommée tant pour ses vêtements que pour ses produits alimentaires commercialisés sous la marque emblématique du groupe St Michael créée en 1928. Outre l'argument qualitatif, Marks & Spencer a longtemps été précurseur en matière commerciale. La marque a notamment commencé très tôt a accepté le retour des articles non désirés, en proposant le remboursement intégral. Cette politique de retour bien orchestrée concernait tous les produits achetés chez Marks & Spencer, quelle que soit la date d'achat, sur présentation d'un ticket d'achat.
Jouissant d'une bonne notoriété en Angleterre et hors frontières, la société a longtemps eu la réputation d'offrir un bon rapport qualité-prix.
En 1960, un premier magasin inauguré à Kaboul en Afghanistan a marqué le début de l'internationalisation de l'enseigne, mais c'est véritablement dans les années 1970, que la marque a commencé à s'internationaliser, au Canada dès 1973, en Europe continentale et notamment en France en 1975 et en Irlande quatre ans plus tard. Au Canada, l'enseigne a compté jusqu'à 47 magasins mais elle n'a jamais réussi à séduire les jeunes générations. L'ensemble des magasins canadiens a été fermé en 1999, faute de rentabilité.
En 1997, à l'apogée de son expansion, Marks & Spencer était le premier détaillant d'Angleterre à atteindre un bénéfice d'un milliard de livres sterling.
Les difficultés s’amoncellent
Au début des années 2000, la forteresse Marks & Spencer a commencé à vaciller. La concurrence asiatique à bas prix a largement impacté les habitudes d'achat des consommateurs. Les produits vendus par l'enseigne ont dès lors connus des revers de fortune cuisants. L'obstination des dirigeants à refuser jusqu'en 2001 les cartes de crédit, a également précipité la chute.
La confiance étant ébranlée, le groupe s’effondre subitement. Entre 1997 et 2001, le cours de l'action de la société a chuté de plus des deux tiers. Dans le même temps ses bénéfices sont passés de plus d'un milliard à 145 millions de livres sterling.
De restructuration en plans de sauvegarde, le Groupe a maintes fois du faire marche arrière. En 2001 notamment, l'enseigne a été obligée de procéder à une restructuration de ses activités internationales. Cette restructuration a donné lieu à la fermeture de 38 magasins en Europe, dont les 18 qu'elle possédait en France.
En 2001, pour sauver l'entreprise, une nouvelle stratégie commerciale a été mise sur pied. Désormais l'enseigne acceptait les cartes de crédit et lançait sa gamme de vêtements Per Una. En 2004, elle s'est battue bec et ongles pour échapper à la tentative de prise de contrôle par le groupe Arcadia. Un temps rétablie, l'enseigne s'est relancée en 2007 avec l'inauguration du plus grand magasin M & S au monde en dehors du Royaume-Uni à Dubaï Festival City. Cette ouverture a été suivie fin 2008 par une première implantation en Chine continentale, à Shanghai.
Mais le répit a été de courte durée. En 2009, 22 magasins de produits alimentaires non rentables ont fermé leurs portes en Angleterre. En 2010, 3 autres magasins anglais ont également tiré définitivement le rideau, et l'enseigne a dû se résoudre à mettre fin à plusieurs de ses marques emblématiques (Portfolio et Indigo). Le recentrage sur la marque Per Una était ainsi acté.
En 2011, Marks & Spencer décide de dépoussiérer le design de ses magasins et d'investir quelque 600 millions de livres sterling entre 2011 et 2014 dans ses magasins britanniques. Un nouveau format de magasin voyait ainsi le jour, mettant en avant des rabais plus importants. Le label Marks & Spencer sur les vêtements a également évolué dans les mêmes temps avec l'apparition dans les rayons de M & S Woman et M & S Man. En 2013, la gamme Best of British était lancée, et Per Una ainsi qu'Indigo refondues.
En 2015, une nouvelle vague de fermetures a été actée en Angleterre, mais aussi sur des marchés européens tels que la France, la Belgique et les Pays-Bas, ainsi que des avant-postes en Chine.
En mai 2018, Marks & Spencer a annoncé la fermeture d'environ 100 magasins au Royaume-Uni pour l'horizon 2022.
Marks & Spencer en France
Marks & Spencer a longtemps été une enseigne populaire en France. Installée chez nous depuis 1975, sur le boulevard Haussmann et à Lyon, puis par un deuxième magasin parisien à Rosny 2 en 1977. Les autres villes françaises ont ensuite pris de l'expansion dans les années 1980. Mais en 2001, confronté à des problèmes internes, l'enseigne a dû y fermer tous ses magasins.
Depuis, quelques nouvelles boutiques ont été rouvertes sur le territoire français : sur les Champs-Élysées fin 2011, à Levallois-Perret, au centre commercial d'Aéroville, dans le 15e arrondissement de Paris au cœur du centre commercial Beaugrenelle, ou encore à Villeneuve-la-Garenne, à La Défense, et plus récemment à proximité du Boulevard Haussmann à Paris.
En novembre 2016, un nouveau plan de restructuration concernant dix pays a amené le distributeur anglais à fermer 7 magasins qu'il détenait en propre en France dont celui de Beaugrenelle et celui des Champs-Élysées. Au total, le plan de restructuration a vu la fermeture d'une centaine de magasins dans le monde.
Les onze magasins franchisés spécialisés dans l'alimentaire et tous situés en Île-de-France (M&S Grévin-Passage Jouffroy, M&S Saint Germain, M&S Vill'up, M&S Duban, M&S Saint Michel, M&S Palais des congrès, M&S Alésia, M&S Rex, M&S Ledru Rollin, M&S Chatelet, M&S La Défense, M&S CDG) restent quant à eux ouverts.