Sortez vos lampions, c'est le Nouvel An chinois le 5 février !
Le Nouvel An chinois, une tradition millénaire et une grand messe commerciale
Selon le calendrier lunaire chinois, 2019 sera l’année de Cochon de Terre et le Nouvel An sera fêté le 5 février. En Chine, mais aussi au Vietnam, aux Philippines, en Malaisie, et même à Paris, où d’importantes communautés de Chinois sont installées, c’est le point de départ d’un ou plusieurs jours de congés et d’un cortège de célébrations. À l’approche de cette date, voici une petite histoire des origines du Nouvel An chinois, et un focus sur les secteurs économiques qui seront impactés par cette coutume.
Le Nouvel An chinois, de la croyance populaire à une grand-messe mondiale de la consommation
Fête célébrant le renouveau du printemps, le Nouvel An est la date la plus importante du calendrier chinois. À cette occasion, nombre de coutumes doivent être respectées à la lettre pour assurer la prospérité future. Les préparatifs, qui requièrent des objets de décoration, des fleurs, des pétards, des costumes et une farandole de petits plats, engendrent une hausse spectaculaire de la consommation en Chine et dans le monde.
Les origines du nouvel An chinois
Le Nouvel An chinois, littéralement le « passage de l’année » a vu le jour il y a plusieurs siècles et était à l’origine une célébration agricole, qui marquait le retour du printemps et des moissons. Cette date constitue le premier jour du premier mois en Chine. À l’inverse du calendrier grégorien, le calendrier chinois est luni-solaire et change chaque année, ce qui implique que la date du Nouvel An varie elle aussi d’un an sur l’autre. Cette célébration est observée bien évidement en République populaire de Chine, mais également à Hong Kong et Macao et dans les pays qui concentrent une importante communauté chinoise. À cette occasion, des jours de congés sont accordés : 7 en Chine, 5 à Taïwan, 2 en Malaisie et à Singapour ou encore 3 au Vietnam.
Le Nouvel An chinois, pour repousser Nian
La célébration du Nouvel An chinois a fait naître une foule de légendes, dont celle du monstre Nian. Celui-ci pénétrait dans les villes chinoises la veille du Nouvel An pour y dévorer les habitants. Afin de repousser les assauts de Nian, qui craignait la lumière, le bruit et la couleur rouge, il était de coutume d’installer des banderoles de papier rouge de chaque côté des portes, d’allumer des torches et de lancer des pétards. Une tradition qui perdure encore aujourd’hui.
Le symbolisme des animaux dans le calendrier chinois
Cochon, chien, serpent, chèvre, coq… les 12 mois de l’année sont représentés par autant d’animaux. C’est Bouddha qui serait à l’origine de cette curieuse disposition du calendrier. Le système de mesure du temps, fondé à l’époque sur 12 rameaux apparaissait trop complexe pour les paysans d’alors. Bouddha décida donc d’organiser une course entre douze animaux, lors de la laquelle le rat, le plus rusé se classa premier et le cochon, qui mangeait tout sur son passage, bon dernier.
Les décorations du Nouvel An chinois
Si la fête se tiendra dès le 5 février, les semaines précédentes sont consacrées aux préparatifs. Tout commence par un grand nettoyage de la maison, pour s’attirer les bonnes grâces du Dieu du Foyer, se débarrasser des mauvaises influences et commencer l’année sous les meilleurs auspices. Les Chinois déposent des bonbons ou des aliments collants devant l’image du dieu et écrivent leurs vœux sur du papier rouge pour se porter chance, ainsi que des vers également sur papier rouge qu’ils fixent de chaque côté des portes d’entrée. On fait aussi le plein de provisions, puisque les commerces sont fermés pendant les jours de congés.
Le repas du Réveillon, une abondance de mets
Les Chinois se réunissent pour célébrer le Nouvel An chinois, au domicile des ainés de la famille, généralement paternelle. Si certains d’entre eux sont absents, on leur laisse une chaise vide à table. Nombre de mets sont alors emmenés, comme des gyozas dont la forme rappelle celle des anciens lingots d’or, une soupe de boulettes farcies, qui symbolise l’union familiale et des mooncakes, des gâteaux porte-bonheurs. À cette occasion, les adultes mariés distribuent aux enfants et aux célibataires des enveloppes rouges, les honbao, contenant une somme paire de billets, en leur adressant un vœu ou une parole de bon augure. Les plus jeunes sont ensuite autorisés à brûler des feux de Bengale ou des pétards, bien que cette dernière coutume soit de plus en plus souvent interdite, pour limiter le bruit et la pollution de l’air. Chaque année, ce sont ainsi plusieurs milliards de dollars qui seraient dépensés pour le Nouvel An chinois.
L’influence du Nouvel An chinois sur l’économie mondiale
Si le déficit économique entre la France et la Chine n’a de cesse de s’alourdir, l’Hexagone attire néanmoins en masse les investisseurs Chinois et inversement, l’Empire du Milieu accueille de plus en plus d’entreprises françaises. En parallèle, l’économie du Nouvel An chinois devrait induire une progression du chiffre d’affaires de certains secteurs, comme celui du tourisme, de la grande distribution et des enseignes de décoration.
Les chiffres de la relation économique entre la France et la Chine
Le dernier séjour d’Emmanuel Macron en Chine avait pour objet un rééquilibrage des relations entre la France et la Chine, car le déficit commercial, qui atteint 30.4 milliards d’euros, tend à s’aggraver d’année en année. Si la Chine envoie pour près de 49 milliards d’euros de produits vers la France, celle-ci n’en exporte que pour 19 milliards. A titre de comparaison, l’Allemagne est en excédent de 20 milliards d’euros avec la Chine. Alors qu’importe-t-on depuis la Chine ? Des vêtements, des téléphones, des ordinateurs, du matériel électrique ou des produits électroniques. À l’inverse, nous vendons en Chine des équipements automobiles, des produits chimiques, des parfums et des produits pharmaceutiques.
Pourtant, les deux pays ne manquent pas d’attractivité réciproque, si l’on en croit les chiffres des entreprises : 700 filiales de structures chinoises et hongkongaises sont implantées en France et emploient 45 000 personnes, tandis que 1 600 sociétés françaises sont présentes en Chine. Les investissements chinois en France ont même pu acquérir la majorité des parts de grandes entreprises comme la marque Sandro, la cristallerie Baccarat ou encore l’aéroport de Toulouse. Quelques 150 vignobles français sont également passés sous contrôle chinois.
Le boom du tourisme lors du Nouvel An chinois
Les Chinois obtiennent une semaine de congés lors du Nouvel An, qu’ils aiment mettre à profit pour voyager ou rentrer dans leur famille lorsqu’ils sont expatriés. C’est ainsi que chaque année, ils effectuent environ 3 milliards de trajet, en Chine et à l’étranger. Si les destinations les plus prisées sont la Thaïlande, le Japon et le Vietnam, la France et l’Europe ne devraient pas être en reste, puisque déjà l’année dernière, le taux de réservation de vols avait progressé de 28% pendant cette période et 6.15 millions de Chinois avaient au moins fait une escale en Europe. Une aubaine pour le commerce également, puisque le panier moyen d’un touriste Chinois en France est estimé à quelque 1 750 €.
L’industrie de l’hôtellerie restauration a bien saisi les enjeux de cette manne touristique, et c’est ainsi que plusieurs grands établissements s’habillent de rouge et proposent dans leurs restaurants des menus spécialement axés vers le public chinois. Et lui font payer le prix fort ! Comptez par exemple 98 € pour un brunch au Camélia du Mandarin Oriental Paris.
Les enseignes de la grande distribution et de la décoration devraient bénéficier de retombées économiques importantes
Le Nouvel An chinois est un évènement qui profite essentiellement à la grande distribution en France. 60% des personnes qui le célèbrent pousseront les portes d’un hypermarché pour faire leurs courses et devraient consacrer en moyenne 67 € aux produits d’origine asiatique.
Les enseignes de décoration devraient elles aussi tirer leur épingle du jeu, en commercialisant des lanternes, des photophores, des accessoires de fête ou encore des objets à l’effigie du porc et du dragon. Les magasins de cotillons et autres pétards peuvent multiplier leur chiffre d’affaires par deux à l’occasion du Nouvel An.