Salon Rétromobile 2019 : entre traditions et nouveautés
Bilan de la 44e édition du salon de la voiture d'occasion
Comme chaque année depuis 1976, les passionnés de belle mécanique et de belle carrosserie se sont réunis porte de Versailles à Paris, pour la 44e édition du salon Rétromobile. Et cette année a été un superbe cru qui, outre des ventes aux enchères exceptionnelles, a vu de nombreuses nouveautés et été l’occasion de célébrer de nombreux anniversaires. Bilan du salon Rétromobile 2019.
Le salon Rétromobile 2019 en chiffres
- 650 exposants
- 72 000 mètres carrés d’exposition
- 600 voitures
- Plus de 100 clubs
- Plus de 100 000 visiteurs
Le salon en bref
Cette 44e édition du célèbre salon Rétromobile était placée sous le signe des festivités puisque cette année, nous fêtions :
- Le 100e anniversaire de Citroën, qui était donc très représentée ;
- Le centenaire également de la prestigieuse marque britannique Bentley qui a brillé par des modèles de collection rutilants à faire pâlir les plus amoureux de véhicules raffinés ;
- Les 60 ans de Mini, anniversaire pour lequel 24 Mini étaient exposées ;
- Le centième anniversaire, enfin, de la marque française de motos Gnome & Rhône, aujourd'hui disparue.
Les plus de 100.000 visiteurs de ce salon d’exception ont donc pu se régaler de belles carrosseries et de belle mécanique, automobiles évidemment, mais pas que. En effet, si cette édition était marquée par le retour tant attendu de BMW, absente de Rétromobile depuis 2015, le clou du spectacle était surtout le Berliet T100. 50 tonnes, 700 chevaux, 5 mètres de haut pour autant de large, 15 mètres de long, le Berliet T100 est le plus gros camion français de cette époque (1955). Une présence d’autant plus remarquable qu’il n’existe plus que 4 exemplaires dans le monde de ce camion utilisé sur les champs pétrolifères en Algérie.
Cerise sur le gâteau enfin, le nouveau directeur du salon Rétromobile a réussi à faire venir un Panzer IV et un Sherman, deux modèles emblématiques de chars d’assaut qui se sont affrontés sur les champs de bataille lors de la dernière Guerre Mondiale.
A noter : les passionnés d’histoire automobile ont eu la chance de découvrir un prototype créé en 1919, qui avait disparu depuis les années 60 puis retrouvé il y a une vingtaine d’années : la Bugatti Diato Avio 8C !
Les motos à l’honneur pour l’édition 2019
Face à une demande insistante des passionnés ces dernières années, le salon Rétromobile 2019 a laissé une place plus importante aux motos, profitant en cela du centenaire de la marque Gnome & Rhône.
Le Musée Safran et l’association des Amis du Musée Safran ont en effet tenu un stand retraçant l’histoire de la célèbre marque française de motocyclettes qui a connu ses heures de gloire entre 1919 et la fin des années 50. A cette occasion, plus de 20 motos ont été présentées sur un espace de 400 mètres carrés.
Parallèlement, une zone d’enchères dédiée aux motocyclettes a été installée pour la première fois en 44 ans d’existence du salon Rétromobile.
Retro Mobile 2019 : des ventes aux enchères d’exception
Les Rolls des voitures de collection
Lors de cette 44e édition du salon Rétro Mobile, la maison française Artcurial a réalisé, comme l’an passé, une grande vente aux enchères… qui a connu un franc succès. Le résultat des ventes de cette édition 2019 a en effet atteint plus de 42.000.000€, soit une progression de 31% par rapport à l’an passé.
Dans le détail, 76% des lots ont été vendus, 43 lots ont été vendus à plus de 100.000€ et 3 ont dépassé le million. Le clou de cette vente exceptionnelle a atteint un record absolu : l’Alfa Romeo 8C 2900 B Touring Berlinetta de 1939, qui n’existe qu’en 5 exemplaires dans le monde, est partie pour la modique somme de… 16.745.000€ !
Loin derrière cette pièce rare, une Serenissima Spyder de 1966 a été acquise pour la somme de 4.218.800€ (soit près de 3 fois sa valeur estimée) et une Mercedes-Benz Stirling Moss Edition de 2009 a été adjugée quant à elle à 2.617.200€.
A travers cette vente incroyable, Artcurial Motorcars confirme ainsi sa position de leader européen sur le créneau des ventes aux enchères de véhicules de collection. Toutefois, ses concurrents, britanniques notamment, n’ont pas été de reste puisque RM Sotheby’s a également organisé sa vente aux enchères, en marge du salon, et a recueilli plus de 32 millions d’euros tandis que Bonhams s’est fait remarquer avec la vente d’une Mercedes-Benz 540 K Cabriolet A de 1939 pour près de 1,6 million d’euros.
Des voitures de collection plus abordables
Mais, comme le rappelle Jean-Sébastien Guichaoua, nouveau directeur de Rétromobile, les deux tiers des 250.000 propriétaires français de voitures de collection possèdent un véhicule dont le prix est inférieur à 25.000 euros. C’est pourquoi, pour l’édition 2019 du célèbre salon, les enchères dédiées à ces voitures de collection « abordables » a été conservé. Le nombre de véhicules mis en vente est passé quant à lui de 50 en 2018 à 100 en 2019. Et ce, de manière à satisfaire tous les publics.
Les « jeunes anciennes » ont la cote
Cette nouvelle édition du salon Rétromobile permet également de mieux comprendre les évolutions du marché des véhicules d’occasion. En effet, toujours selon Jean-Sébastien Guichaoua, le marché des « oldtimers », ces voitures de collection anciennes dont les tarifs dépassent en général 100.000€, a connu une forte croissance suite à la crise des subprimes, en 2008.
Et pour cause : les marchés s’étant effondrés et aucun produit financier ne semblant offrir de bonnes garanties de stabilité (donc à fortiori de rentabilité), les investisseurs fortunés se sont massivement tournés vers des valeurs refuge telles que les œuvres d’art, les bandes dessinées… et les voitures de collection ! Ces dernières se sont échangées sur le marché pendant plusieurs années et, face à la forte demande, les prix ont littéralement explosé, pour atteindre des sommets vertigineux, comme en témoigne la vente, l’an passé, à Pebble Beach, en Californie, d’une Ferrari 250 GTO adjugée… 48 millions d’euros !
En France, en outre, la fiscalité reconnaissant les voitures de collection comme des objets d’art, les investisseurs pouvaient déduire le montant dépensé pour l’achat d’une oldtimer de leur ISF, ce qui a considérablement tiré le marché vers le haut.
Cependant, désormais, les marchés financiers se sont stabilisés et sont même en pleine croissance, en France, l’ISF a été remplacé par l’IFI (les véhicules de collection ouvrent tout de même toujours droit à des avantages fiscaux) et les investisseurs peuvent diversifier leurs portefeuilles. Il résulte de cette conjoncture un tassement du marché des oldtimers, dont les prix ont été légèrement corrigés à la baisse.
En revanche, comme en témoigne le public du salon Rétromobile 2019, beaucoup plus jeune que lors des éditions précédentes, on trouve de plus en plus de trentenaires et de quadragénaires amateurs de vieilles voitures… ou plutôt de « jeunes anciennes », les youngtimers, comme on les appelle. Ces voitures qui étaient tendance il y a trente ou quarante ans connaissent aujourd’hui un nouveau succès et les passionnés et collectionneurs ayant des revenus inférieurs à 40.000€ par an se les arrachent. C’est ainsi, par exemple, que lors de la vente aux enchères des véhicules de moins de 25.000€ qui s’est déroulée pendant le salon Rétromobile 2019, une AX Sport de 1989 est partie… pour 14.000€ ! 205 GTI, Renault 25, Renault 5 et autres 2Cv sont donc désormais de véritables investissements et ceux qui peuvent en dénicher pour quelques centaines d’euros réalisent parfois des plus-values considérables à la revente, après avoir dépensé au maximum quelques milliers d’euros dans leur rénovation !
Ces données de marché recèlent de bonnes nouvelles pour les enseignes de pièces auto, les enseignes spécialisées dans l'entretien et la rénovation automobiles ou encore celles spécialisées dans l'achat-vente de véhicules d'occasion qui ont donc de belles opportunités de développement à exploiter pour profiter de ce boom des youngtimers !