Journée mondiale de la procrastination le 25 mars : remettez-tout à demain !
La procrastination, ou l'art de tout remettre au lendemain.
Remplir la déclaration d’impôt ? Elle ne presse pas ! Prendre rendez-vous chez le dentiste ? Demain, promis ! Si vous aussi vous êtes du genre à repousser vos obligations à plus tard, alors vous faites partie des procrastinateurs. Une tendance qui a même sa place au calendrier, à travers la célébration de la Journée mondiale de la procrastination le 25 mars. Explications.
La procrastination, c’est quoi ?
Le terme procrastination provient du latin pro « en avant » et crastinus « du lendemain » et désigne la tendance à remettre au lendemain les actions qui peuvent être réalisées aujourd’hui. Ce mot a longtemps été méconnu du grand public, et représentait même la définition la plus recherchée sur Google en 2018 ! L’exemple de procrastination le plus célèbre demeure le tableau intitulé « Abigail Smith Adams », commandé au portraitiste américain Gilbert Stuart, qui en repoussa l’achèvement pendant… 15 ans !
L’origine de la journée mondiale de la procrastination
La journée mondiale de la procrastination a été créée en 2010 par un éditeur français, David d’Equainville, également auteur du « Manifeste du 25 mars contre la tyrannie de l’hyper-urgence ». Le but selon lui ? Dédramatiser la tendance à reporter certaines tâches au lendemain et souligner les bienfaits de la procrastination. Pour d’Equainville, celle-ci n’est pas un mal, mais plutôt une solution pour gérer le stress engendré par une société de plus en plus chronophage et rapide. Et la journée de la procrastination se veut mondiale, parce que cette tendance serait inhérente à toute société selon l’écrivain.
Plus prosaïquement, derrière l’instauration de la journée de la procrastination se cache aussi la promotion de l’édition en français du livre « Demain c’est bien aussi ». Écrit par les auteurs allemands Kathrin Passig et Sascha Lobo et véritable succès d’édition, il fait lui aussi l’éloge de la procrastination « positive ».
Les avantages et bienfaits de la procrastination
Procrastiner sans se sentir coupable et laisser un peu de place à la paresse, telle est la vocation de la Journée mondiale de la procrastination. Retarder le moment d’accomplir certaines activités sans culpabiliser peut en effet avoir des conséquences positives sur votre moral. En procrastinant, vous pouvez vous rendre compte que certaines tâches sont en fait bien moins essentielles que ce que vous imaginiez de prime abord. Nul besoin par exemple de se laisser envahir par le stress si vous reportez d’une semaine le moment de faire le ménage. Ce dernier sera juste un tout petit peu plus long. De la même manière, cette présentation que vous n’arrivez pas à finir pourrait très bien trouver sa conclusion pendant une séance de méditation de vingt minutes ou une sieste.
Pourquoi a-t-on tendance à procrastiner ?
Avant une étude réalisée par des chercheurs allemands en 2018, les psychologues incriminaient la peur de l’échec, le manque de confiance en soi ou la reprise de pouvoir sur son emploi du temps pour justifier la procrastination. Ainsi pour certains professionnels, l’angoisse de ne pas réussir une tâche pourrait nous inciter à reporter le moment de la réaliser, pour d’autres, remettre les choses au lendemain constituerait une manière d’exprimer sa rébellion face aux contraintes professionnelles et sociales.
L’anatomie expliquerait la procrastination
Bonne nouvelle pour les procrastinateurs impénitents, il est désormais possible d’incriminer son cerveau pour expliquer cette tendance à toujours tout reporter au lendemain. Une équipe de chercheurs allemands a en effet publié des travaux en ce sens dans la très sérieuse revue Psychological Science.
Deux zones du cerveau entrent dans la prise de décision et la réalisation (ou non) d’une action : l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur. La première nous avertit des conséquences dommageables de certaines actions ou abstentions. La seconde nous aide à sélectionner les actions à entreprendre en les priorisant et en supprimant les émotions qui pourraient nous envahir.
L’équipe a donc comparé l’activité de ces deux zones chez des procrastinateurs patentés et d’autres personnes qui prennent plutôt les tâches à bras le corps. Pour déterminer si les 264 participants appartenaient à une catégorie plutôt qu’à une autre, les chercheurs les ont soumis à un questionnaire mesurant leur tendance à la procrastination. L’activité des zones cérébrales a ensuite été observée par IRM.
Il ressort de cette recherche que ceux qui ont tendance à procrastiner possèdent une amygdale plus développée que les autres. En conséquence, ils vont mieux percevoir les implications négatives de leurs actions, tout en ayant du mal à sélectionner celles qu’ils doivent entreprendre. La stimulation cérébrale pourrait diminuer la tendance à la procrastination.
Les Français et la procrastination
Selon le livre « Demain c’est bien aussi », 20 à 30% de la population mondiale à tendance à lourdement procrastiner, et selon Diane Ballonade Rolland, auteure de « J'arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain », elle aurait augmenté de 300 à 400 % en 40 ans.
Quelle est la part des Français dans ces chiffres ? Commanditée par le site Internet JeChange.fr, un sondage réalisé en 2018 à partir d’un échantillon représentatif de la population révèle que nous faisons partie des champions de la procrastination. Nous sommes en effet 49% à consacrer au moins une heure de notre journée de travail à procrastiner, 27% entre une et deux heures et 22% plus de deux heures !
Alors quelles sont les tâches que nous avons tendance à repousser au lendemain ou aux calendes grecques ? En pole position viennent le tri et le rangement pour 50% d’entre nous, le ménage occupant la seconde place (45%). 38% des Français préfèrent procrastiner que s’occuper de leurs papiers administratifs et 37% repoussent les petits travaux de bricolage. Les salles de sport semblent aussi rebuter une part significative d’entre nous, puisque nous sommes 36% à différer le moment de nous y rendre. 14% des Français reportent à plus tard le moment de faire leurs courses et 11% celui de préparer le repas. Enfin et curieusement, la réservation des vacances incite également 8% des Français à la procrastination.
Que font les Français qui procrastinent ?
Sans surprise, les Français préfèrent passer du temps sur leur smartphone plutôt que de s’occuper de leurs tâches urgentes et surtout ménagères. C’est ainsi que 33% d’entre nous jouent sur leur téléphone ou leur ordinateur ou passent du temps sur les réseaux sociaux. À la deuxième place des activités préférées pour procrastiner, on retrouve le visionnage de séries télé ou de vidéos (32%). Même si les tâches ménagères font partie de celles que nous avons tendance à reporter au lendemain, 30% d’entre nous rangent leur intérieur ou leur bureau alors que ce n’est pas utile. 26% regardent des photos sur leur portable et 22% profitent du temps libéré pour envoyer des SMS et des mails à leurs proches.
Quelles sont les excuses que nous nous inventons pour procrastiner ?
C’est une tendance lourde chez les procrastinateurs : se dissimuler derrière de nombreuses excuses pour éviter d’avoir à accomplir des tâches plus ou moins urgentes. Ainsi, 64% des Français les remettent à plus tard pour les faire dans de meilleures dispositions, 46% procrastinent pour diminuer leur stress, 42% pour être plus heureux et 42% pour être plus efficaces.
Quelles sont les conséquences de la procrastination pour les Français ?
L’envie de buller s’avère la plupart du temps sans conséquences, mais pour 75% des Français qui avouent s’adonner régulièrement à la procrastination, celle-ci a pu avoir des corollaires plus ou moins graves comme de :
- Devoir effectuer une tâche en urgence pour 64% d’entre eux,
- Arriver en retard au travail ou à un rendez-vous pour 40%,
- Ne pas avoir pu participer à un spectacle, concert ou tout autre évènement nécessitant une réservation préalable pour 40%,
- Avoir payé des pénalités financières pour 22%.
Comment lutter contre la procrastination ?
La procrastination n’est pas une fatalité et quelques astuces peuvent vous aider à vaincre cette stratégie de l’évitement.
- Soignez votre confiance en vous : l’anxiété engendrée par la peur de mal faire peut littéralement paralyser le passage à l’action et favoriser ainsi la procrastination. Face à une liste de tâches qui ne cesse de s’allonger, il peut être utile de s’adonner à la méditation ou au yoga pour comprendre que la perfection n’est pas de ce monde.
- Mieux s’organiser : pour avoir une vision globale des tâches que vous avez à accomplir, rien ne vaut une liste ! D’autant plus que vous prendrez un plaisir certain à rayer l’une après l’autres celles que vous avez réalisées. En parallèle, apprenez à les prioriser.
- Éliminez les mauvaises habitudes : Internet et le smartphone constituent de véritables fléaux pour la concentration et incitent à la procrastination. Les éliminer pendant que vous travaillez peut vous aider à mener à bien vos tâches.
- Prenez des pauses et faites-vous plaisir avec un morceau de musique ou un carré de chocolat !
Concluons sur une note légère avec deux citations sur la procrastination : « pourquoi faire aujourd’hui ce qu’un autre peut faire demain à ta place ? », d’un anonyme bien inspiré, et « ne remets pas à demain ce que tu peux faire après-demain » d’Alphonse Allais.