Croissance régionale : les disparités s'accentuent depuis la crise
Introduction du dossier consacré à la croissance régionale
L'Insee a récemment publié un point sur la croissance des régions françaises depuis le début des années 1990. Ce point fait ressortir que certaines régions ont d'ores et déjà surmonté les effets de la crise, tandis que d'autres non.
Début juin, la division statistiques régionales, locales et urbaines de l'Insee publiait un document de synthèse particulièrement intéressant sur la croissance dans les régions. Dans ce document, l'Insee dresse le portrait d'une croissance française à plusieurs vitesses. « En France, depuis le début des années 1990, la croissance du produit intérieur brut n’a été interrompue que par les récessions de 1993 puis de 2008-2009 ».
Si la crise de 1993 a été rapidement surmontée par la plupart des régions, celle de 2008-2009 a eu des conséquences beaucoup plus profondes et durables sur l'ensemble des dynamiques régionales. Ceci étant, certaines régions se sont déjà relevées alors que d'autres peinent à redémarrer. Comment expliquer ces différences entre régions ?
L'Insee répond clairement : les régions les plus dynamiques avant la crise ont été celles qui se sont le plus vite relevées, à l'inverse, les régions à la peine avant la crise sont celles qui ont le plus de mal à retrouver un rythme de croissance dans la moyenne nationale.
Dans le détail, si de 1993 à 2007, les écarts de croissance entre régions ont été modérés : « en moyenne, les PIB régionaux augmentent en volume dans une fourchette allant de + 1,3% par an en Picardie à + 2,8% par an en Corse et en Languedoc-Roussillon », de 2008 à 2011, « les rythmes d’évolution divergent plus fortement » : de - 1,2% par an en Bourgogne à + 1,9% par an en Corse. « Au total, entre 1993 et 2011, la croissance annuelle moyenne en volume des PIB régionaux métropolitains varie de + 0,7% en Lorraine et Picardie à + 2,6% en Corse. »
5 grands profils de croissance régionale
Selon l'Insee, les dynamiques régionales répondent à 5 grands profils.
Le premier de ces profils concernent les régions qui étaient déjà plus dynamiques avant la crise. Ces régions sont principalement l’Île-de-France et Rhône-Alpes, mais aussi celles se situant sur la façade atlantique (Pays de la Loire, Aquitaine, Poitou-Charentes). Toutes ces régions ont redémarré plus fortement après 2008. Leur croissance est favorisée par leur démographie.
Le second profil concerne les régions qui à l’opposé, ont progressé plus lentement jusqu’en 2007 et ne retrouvent pas leur niveau d’avant la crise en 2011. Ces régions se concentrent essentiellement dans le quart nord-est (Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Lorraine, Picardie), et dans le centre du pays (Auvergne, Centre, Limousin).
Le troisième profil concerne les régions qui étaient relativement dynamiques entre 1993 et 2007 et qui ne sortent de récession qu’en 2011. Il s'agit du Languedoc-Roussillon, de Midi-Pyrénées et de Bretagne.
Le quatrième profil concerne une seule et unique région : la Corse, « la seule région métropolitaine dont la croissance est toujours restée positive ».
Et enfin, le cinquième profil concerne les départements d’outre-mer, où « la récession de 2008-2009 a été forte mais le redémarrage l’est tout autant. »
Des écarts de croissance amplifiés depuis la crise
Les écarts de croissance entre régions semblent s’être amplifiés depuis la crise. « Comme sur la période 1993-2007, ces écarts ne s’expliquent, entre 2008 et 2011, que très marginalement par la spécialisation sectorielle des régions » précise l'Insee. Autrement dit, selon les constats de l'Insee, « les disparités dans les évolutions économiques régionales ne résultent que très partiellement du profil d’activité de chaque région. Elles dépendent en effet principalement d’une dynamique propre, qui peut être positive ou négative ».
Clairement, les régions qui affichaient une dynamique propre favorable entre 1993 et 2007 ont rapidement surmonté la crise de 2008-2009. Cette dynamique propre résulte notamment dans les régions de l’Ouest et du pourtour méditerranéen ainsi qu'en Rhône-Alpes d'une dynamique démographique. « En effet, l’activité tend à se développer davantage dans les territoires où il faut répondre aux besoins d’une population croissante. Par ailleurs, les apports migratoires tendent à être plus importants dans les régions où l’activité est la plus dynamique ».
D'autres facteurs autres que démographiques expliquent la dynamique propre de chaque région : « présence d’aménités (climat, cadre de vie…), certaines politiques publiques locales, ou encore des aides européennes, en particulier concernant l’aménagement du territoire (transports, infrastructures). » Par ailleurs, certaines régions bénéficient de la dynamique de grandes métropoles (exemple : Ile-de-France).
Globalement, selon l'Insee, hormis la Corse, dix régions ont, en 2011, retrouvé ou dépassé le niveau de PIB en volume qu’elles avaient atteint en 2008. « Il s’agit des régions qui ont le PIB le plus élevé et où sont souvent situées les plus grandes métropoles françaises : Aquitaine, Poitou-Charentes, Île-de-France, Pays de la Loire, Haute-Normandie, Midi-Pyrénées, Nord - Pas-de-Calais, Rhône Alpes, Basse-Normandie et Provence - Alpes - Côte d’Azur. »
Les régions plus en difficultés se situent dans le quart Nord-Est (Lorraine, Picardie, Champagne-Ardenne, Alsace), au centre (Centre, Limousin, Auvergne) ou au centre-est (Bourgogne, Franche-Comté), voire à l’ouest du pays (Basse-Normandie). Toutes ces régions ont évolué moins favorablement entre 1993 et 2007 ce qui explique globalement qu'elles aient eu plus de mal à surmonter la crise de 2008-2009. « La structure productive de ces régions, souvent davantage orientée vers l’industrie ou l’agriculture, n’explique que marginalement leur rythme de croissance économique plus faible » rappelle l'Insee.
Les facteurs propres négatifs sont plus à aller chercher du côté d'une progression démographique plus lente. « En effet, hormis en Alsace, les conditions démographiques freinent la croissance par une moindre demande aux acteurs économiques. » Toutes ces régions, ainsi que le Languedoc-Roussillon et la Bretagne, n’ont pas retrouvé, en 2011, le niveau de PIB en volume qu’elles avaient avant la crise de 2008. « Dans toutes ces régions, les moindres performances économiques semblent corrélées à une moindre croissance démographique, hormis pour le Languedoc-Roussillon et la Bretagne, où la population croît plus rapidement que la moyenne. »
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