Quel prix pour un fonds de commerce ?
La valeur d'un fonds de commerce dépend de différents éléments
Si vous envisagez de reprendre une franchise, vous serez alors confronté à la délicate question du prix du fonds de commerce. Prix médians en France en juillet 2021, méthodes d’évaluation, critères de pondération : découvrez comment connaître le prix d’un fonds de commerce.
Le prix médian des fonds de commerce en juillet 2021
Selon l’indicateur du site cessionpme.com, réalisé sur la base des annonces passées sur la plateforme, le prix médian des fonds de commerce, tous segments d’activité confondus, variait en juillet 2021 de 205 000€ en Corse à 496 000€ en région PACA. Ainsi, au niveau national, le prix médian des fonds de commerce était de 224 000€.
Toutefois, d’une part ces données sont directement impactées par la situation sanitaire, les fermetures et la baisse d’activité qu’elle a engendrées, et d’autre part, si elles donnent une indication intéressante, elles ne reflètent en aucun cas le prix réel auquel vous pourriez acheter ou vendre un fonds de commerce.
En effet, chaque fonds de commerce doit être évalué individuellement. Et ce, selon différents critères et différentes méthodes : il n’existe aucune norme pour l’évaluation des fonds de commerce. D’où la nécessité de connaître les différentes approches existantes, afin d’évaluer soi-même les fonds de commerce que l'on souhaite acheter et de négocier le prix en toute connaissance de cause.
Les méthodes d’évaluation des fonds de commerce
Afin d’estimer le prix d'achat d’un fonds de commerce, on utilise principalement quatre méthodes de valorisation différentes et parfois cumulées :
- La méthode des barèmes, utilisée par l’administration fiscale ;
- La méthode de la rentabilité, qui s’appuie sur l’excédent brut d’exploitation EBE), utilisée par les banques et les investisseurs ;
- La méthode par correction de l’actif net ;
- La méthode par comparaison.
Les deux dernières étant de peu de pertinence et, surtout, étant assez peu utilisées en pratique, cet article se concentrera sur les deux premières méthodes d’évaluation du prix d’un fonds de commerce : la méthode des barèmes et la méthode de la rentabilité.
La méthode des barèmes
La méthode des barèmes s’appuie sur le chiffre d’affaires moyen de l’entreprise au cours des trois années précédant la mise en vente pour évaluer le prix du fonds de commerce. Le principe est simplement d’appliquer à ce chiffre d’affaires un coefficient, qui varie, selon l’année, le secteur d’activité et selon différents critères de pondération (voir plus loin).
Le barème le plus utilisé pour cette méthode est le barème édité chaque année dans le Memento pratique Evaluation des éditions Francis Lefebvre.
Intéressante, cette méthode ne prend cependant pas en compte la rentabilité de l’activité, pourtant déterminante dans la pertinence du rachat du fonds de commerce et, surtout, les stratégies à mettre en œuvre suite au rachat.
C’est pourquoi les banques et les investisseurs lui préfèrent la méthode dite « de la rentabilité ».
La méthode de la rentabilité
Contrairement à la précédente, la méthode de la rentabilité s’appuie quant à elle sur l’excédent brut d’exploitation moyen des trois dernières années. La donnée est facile à obtenir et donne une idée précise de la rentabilité de l’entreprise.
Une fois l’EBE obtenu (directement depuis les bilans comptables fournis par le cédant), il est d’usage de le multiplier par trois pour obtenir la valeur du fonds de commerce.
Ce multiplicateur varie cependant beaucoup d’un secteur à un autre. Ainsi, par exemple, un bureau de tabac ne demandant que peu d’expertise et bénéficiant d’une demande forte, on applique généralement un multiplicateur de 5 à l’EBE pour valoriser le fonds de commerce.
Pour une pharmacie, même si une expertise est nécessaire, le fort potentiel ainsi que les règles d’implantation associées à ce type d’établissements conduisent à appliquer un multiplicateur de 6, voire 7 à l’EBE.
Pour les établissements de restauration, un point de vente disposant d’une licence IV bénéficiera d’une majoration de 30% en raison justement de cette licence, qui permet à l’exploitant de générer plus de chiffre d’affaires qu’un établissement sans licence IV. Etc.
En d’autres termes, la méthode de la rentabilité doit impérativement prendre en compte des éléments de pondération.
Les éléments de pondération du prix d’un fonds de commerce
Si, par exemple, pour un restaurant, une licence IV ou la présence d’une extraction vont immédiatement faire augmenter la valeur du fonds de commerce, il existe, pour tous les secteurs d’activité, quelques éléments de pondération évidents qui doivent être pris en compte (et négociés) :
- Emplacement du local ;
- Contenu du bail ;
- Etendue des travaux indispensables à prévoir ;
- Etat de l’outil de travail ;
- Masse salariale ;
- Clientèle ;
- Conjoncture économique ;
- Etc.
Tous ces critères vont pondérer le prix du fonds de commerce en appliquant des bonus ou des malus. Et surtout, l’importance de ces boni et mali peut être négociée avec le cédant.
A noter : une entreprise franchisée pose un cas très particulier. En effet, sa rentabilité et sa clientèle dépendent en grande partie de la licence de marque de la franchise, de même que ses méthodes de production ou de vente. Ce contrat génère donc une pondération à la hausse importante de la valeur du fonds de commerce. Cependant, le franchisé ne peut le céder sans l’accord du franchiseur, le contrat étant dit intuitu personnae. Le rachat d’une franchise implique donc de se rapprocher également du franchiseur, exactement comme n’importe quel créateur d’entreprise en franchise.
La diversité des méthodes d’évaluation du prix d’un fonds de commerce ainsi que la grande diversité des modificateurs pouvant être appliqués conduisent à une conclusion évidente : lorsque l’on envisage de céder ou d’acheter un fonds de commerce, il est fortement conseillé de se faire accompagner par des experts compétents.