L'intérim, un marché en pleine évolution
Focus sur les évolutions du secteur du travail temporaire
Au-delà des chiffres du marché de l’intérim en 2024, il est intéressant de se pencher sur l’évolution des profils des intérimaires, de leur parcours et de leurs motivations. Qui sont les quelque 3 millions d’intérimaires comptabilisés en France ? Dans quels secteurs sont-ils le plus présents ?
Des intérimaires qui effectuent moins d’heures en moyenne
L’Observatoire de l'Intérim et du Recrutement dénombrait 3.079.857 intérimaires en France en 2022, soit le chiffre le plus élevés de ces cinq dernières années. Au total, plus de 22 millions de contrats ont ainsi été conclus en 2022, dont environ 55.000 CDI.
Principal fait marquant quand on observe les chiffres et l’évolution du secteur : alors que le nombre d’intérimaires n’a jamais été aussi important, le volume moyen d’heures travaillées est au plus bas. En 2022, la moyenne est ainsi à 464 heures alors qu’elle était à 506 heures en 2018. Les missions d’intérim restent à 87% pour des durées inférieures à un mois ; 5% d’entre elles sont comprises entre un et deux mois, selon les chiffres clés de l’intérim (*).
Des femmes de plus en plus nombreuses en intérim
La féminisation de l’interim se poursuit. Alors qu’elles représentaient un quart des effectifs en 2016, les femmes occupent aujourd’hui 34% de la part des intérimaires, soit une progression de 9 points en sept ans, ce qui est loin d’être négligeable. Elles effectuent en moyenne 355 heures par an, contre 536 heures pour leurs homologues masculins.
Un plus d’un tiers (35%) des intérimaires est âgé de moins de 25 ans et 27% se situe dans la tranche 25-34 ans.
Les métiers de services de plus en plus présents dans l’intérim
Si l'industrie reste le principal secteur utilisateur d'intérim en France (34,7% selon le baromètre Prism’Emploi (**)), sa part tend à diminuer depuis une vingtaine d'années. Cette évolution s'explique par plusieurs facteurs :
- La tertiarisation de l'économie française : l'économie française se tourne de plus en plus vers les services, ce qui entraîne une baisse des besoins en main-d'œuvre temporaire dans l'industrie.
- L'automatisation et la robotisation des tâches manuelles : de plus en plus de tâches autrefois effectuées par des ouvriers sont désormais réalisées par des machines, ce qui réduit les besoins en intérim dans ce domaine.
- La délocalisation de certaines industries : la délocalisation d'industries manufacturières vers des pays à bas coût a également contribué à la diminution de la part de l'industrie dans le recours à l'intérim.
Parallèlement à cette baisse, on observe une augmentation de la part des entreprises utilisatrices d'intérim dans différents secteurs.
L'intérim dans les services
La demande en intérim est de plus en plus forte dans les services, notamment dans les domaines de l'informatique, du commerce et des services aux entreprises. Cela s'explique par la montée en gamme des services et par la complexification des tâches. Le secteur des services représente aujourd’hui 24% de l’intérim.
L'intérim dans les transports
Le développement du e-commerce et de la logistique entraîne une augmentation des besoins en intérim dans le secteur des transports, notamment pour des postes de chauffeurs, préparateurs de commandes et autres profils liés à la logistique. Près de 17% des besoins en intérim se situent dans le milieu des transports.
L'intérim dans le BTP
Le secteur du BTP reste un gros utilisateur d'intérim, avec des besoins importants en main-d'œuvre qualifiée pour les chantiers de construction. Cependant, la conjoncture économique peut avoir un impact important sur l'activité d'intérim dans ce secteur.
Une part toujours plus importante de « cols blancs » dans l’interim
Et cette tendance à voir la part de l’industrie diminuer se ressent aussi sur les profils des intérimaires. On observe en effet une évolution notable des profils ces dernières années, avec une part croissante des « cols blancs » (cadres, employés et professions intermédiaires) au sein des effectifs.
En 2023, la répartition des intérimaires par catégorie socioprofessionnelle se présente comme suit :
- Ouvriers : 72,5%, ( Ouvriers qualifiés : 38,4% et ovriers non qualifiés : 34,1%)
- Employés : 15,1%
- Cadres : 7,5%
- Professions intermédiaires : 5%
Des intérimaires épanouis
Enfin, quand on en vient à la perception de l’intérim par les intérimaires, elle est plutôt bonne dans la plupart des cas. Plus de 86% d’entre eux se disent épanouis par leur situation, selon le Baromètre Coffreo 2023 (***). Et l’intérim est loin d’être un non-choix, comme cela a pu l’être par le passé, bien au contraire ! En effet, 76,3% des intérimaires interrogés déclarent préférer ce mode de travail, soit une hausse de 6,4% par rapport au printemps précédent.
Cette appétence pour l'intérim est particulièrement marquée chez les jeunes actifs de la Génération Z, où 73,6% des sondés ont opté pour ce statut. Ces chiffres témoignent d'un changement de perception notable vis-à-vis du travail temporaire, qui n'est plus uniquement considéré comme une solution de transition en attendant un CDI.
Plusieurs facteurs expliquent ce choix assumé de l'intérim :
- Flexibilité et liberté : L'intérim offre une grande flexibilité en termes de durée des missions, d'horaires et de type de missions. Cela permet aux intérimaires de concilier vie professionnelle et vie personnelle plus facilement et de varier leurs expériences.
- Diversité des missions : L'intérim donne accès à une grande variété de secteurs d'activité et de métiers, ce qui permet aux intérimaires de développer de nouvelles compétences et d'acquérir une expérience polyvalente.
- Autonomie et responsabilités : De plus en plus, les intérimaires sont amenés à prendre des initiatives et à assumer des responsabilités. Cela favorise leur développement personnel et professionnel.
- Meilleure rémunération : Le salaire des intérimaires a connu une hausse notable ces dernières années, les rendant plus attractifs par rapport aux emplois en CDI de bas niveau.
- Accès à la formation : Les agences d'intérim proposent de plus en plus de formations à leurs intérimaires, ce qui leur permet de se qualifier et d'améliorer leurs compétences.
(*) Chiffres clés de l’intérim en 2022, de L’Observatoire de l'Intérim et du Recrutement
(**) Bilan de l’année 2023 et perspectives 2024, de Prism’Emploi
(***) Intérimaire, un statut comme un autre en 2023 ? Baromètre Coffreo été 2023
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