Comment une agence d’intérim gagne de l’argent ?
Zoom sur le marché et le modèle économique du travail temporaire
Sur un marché du travail temporaire certes fluctuant, car fortement soumis aux variations économiques, mais estimé à plus de 30 milliards d’euros par an, les agences d’intérim sont rémunérées pour recruter des salariés et les mettre à disposition des entreprises qui en ont besoin. Quel est l’état du marché du travail temporaire ? Comment les agences d’intérim gagnent de l’argent ? Comment ouvrir son agence d’intérim ? Eléments de réponse.
Le marché de l’intérim en 2023
Suite à la pandémie de Covid-19 et aux confinements successifs, le marché de l’intérim avait particulièrement bien rebondi, porté par la reprise économique et la flexibilisation accrue du travail (voir plus loin). Et ce, d’autant plus que les entreprises ont pu être échaudées par la crise, privilégiant ainsi le travail temporaire à des embauches strictes.
Et si le nombre d’intérimaires a légèrement baissé au premier trimestre 2023 par rapport au 4e trimestre 2022, selon la Dares, le nombre total d’intérimaires en France reste supérieur au niveau d’avant-Covid.
Au premier trimestre 2023, on dénombrait ainsi plus de 793.000 intérimaires pour près de 816.000 équivalents temps plein, contre 775.000 intérimaires pour à peine plus de 800.000 équivalents temps plein au dernier trimestre 2019.
A noter sur ce point que c’est dans le BTP, dans les transports et dans le commerce que la baisse du nombre d’intérimaires a été la plus marquée sur ce premier trimestre 2023 : autant de secteurs touchés aussi bien par la guerre en Ukraine que par l’inflation, et donc la baisse de consommation des ménages.
Cependant, en 2023, les voyants restent globalement au vert pour le marché de l’emploi malgré ces quelques fluctuations de début d’année. Ainsi, d’ici octobre 2023, les experts prévoient plus de 4,5 millions de recrutements. Parmi ceux-là, 20% devraient être en intérim équivalent temps plein, soit environ 900.000 recrutements, selon le dernier baromètre Adecco-Analytics.
Dans le détail, toujours selon ce baromètre, c’est en Île-de-France qu’il y aura le plus de recrutement (20% environ), puis en Auvergne-Rhône-Alpes (15% environ) et enfin la Provence-Alpes-Côte-d’Azur, La Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie (avec environ 9% chacune).
A noter cependant que l’inflation, et la revalorisation des salaires qui s’ensuit, nécessitent des ajustements de la part des opérateurs de l’intérim, qui doivent impérativement ajuster leurs business models pour rester concurrentiels et rentables. Sur ce point d’ailleurs, les agences d’intérim franchisées bénéficient d’un atout considérable : les enseignes sont plus en mesure d’adapter leurs modèles économiques et leurs stratégies pour garantir la performance de leurs réseaux.
Travail temporaire : un marché en reprise après la crise du Covid-19
Par définition, le travail temporaire fluctue en fonction du contexte économique. Et pour cause : c’est justement tout l’intérêt de l’intérim pour les entreprises que de disposer de salariés en fonction de leurs besoins. Les intérimaires sont une variable d’ajustement de la force de travail. Plus il y a d’activité, plus on en embauche, moins il y a d’activité, moins on en embauche.
Il est donc évident et logique que le marché du travail temporaire ait enregistré en 2020 un recul sans précédent avec environ 300.000 salariés intérimaires de moins que l’année précédente, selon l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement (OIR).
Toutefois, dès la fin des confinements et la reprise de nombreux secteurs, notamment les commerces et la restauration, le marché de l’intérim avait globalement retrouvé son niveau d’avant-crise en septembre 2021. Quelques mois plus tard, le nombre de salariés intérimaires dépassait de 7,2% le niveau d’avant-crise.
Toutefois, cette reprise est contrastée : si l’industrie reste la première employeuse d’intérimaire (36% des intérimaires français), suivie de près par les services qui ont embauché près de 10% d’intérimaires en plus, le BTP, lui, reste à la traîne, avec une forte baisse de près de 13% du nombre d’intérimaires.
Dans l’ensemble, 2022 et les années à venir seront des années de fort recrutement et la flexibilisation globale du marché du travail continuera à soutenir l’intérim et à renforcer la place des agences d’intérim comme interlocuteurs privilégiés des entreprises françaises. Il convient juste de bien analyser la zone de chalandise visée pour ouvrir son agence d’intérim afin de choisir son segment avec soin et éviter les déconvenues.
Les agences d’intérim : des prestataires de services
Pour comprendre comment les agences d’intérim gagnent de l’argent, il faut impérativement comprendre comment elles fonctionnent. Leur modèle économique est en effet directement lié à l’organisation du travail temporaire et aux services apportés aux entreprises clientes.
- L’agence d’intérim sélectionne des candidats demandeurs d’emploi et en embauche certains pour constituer son « pool » de salariés.
- Lorsqu’une entreprise a besoin d’intérimaires, l’agence définit avec l’entreprise cliente la fiche de poste, les attentes en termes de savoir-faire et de savoir-être, etc.
- Elle sélectionne parmi son « pool » de salariés celui ou celle qui correspond ou, le cas échéant, recrute une nouvelle personne pour répondre au besoin de l’entreprise cliente.
- Elle met le collaborateur à disposition de l’entreprise cliente, pour la durée prévue par le contrat. Et ce, en prenant en charge toutes les démarches administratives.
- Elle facture ensuite à l’entreprise cliente le montant de la prestation, incluant le coût du salarié mais aussi le coût du service fourni.
Tout au long de ces étapes, l’entreprise cliente n’a jamais embauché l’intérimaire : ce dernier est resté salarié de l’agence d’intérim.
Pour résumer, l’agence d’intérim non seulement salarie elle-même les collaborateurs qu’elle met à disposition de ses clients mais en plus elle assure une prestation de conseil, d’accompagnement et de services administratifs.
L’agence d’intérim facture donc cette prise de risque (c’est elle qui assume les éventuels risques juridiques liés à l’embauche, à la médecine du travail, etc.) et le service qu’elle assure.
C’est pourquoi, par exemple, un salarié au SMIC embauché en direct coûte en moyenne, en CDD de 2 mois, 2.250€/mois tandis qu’un intérimaire, sur la même période, peut coûter environ 3.200€/mois. Le différentiel, c’est la rémunération de l’agence d’intérim.
A noter : l’agence d’intérim ne ponctionne donc pas une partie de la rémunération du salarié à son profit ! Elle facture un service EN PLUS de la rémunération du salarié, à l‘entreprise cliente.
L’entreprise cliente achète donc du confort et de la flexibilité à l’agence d’intérim.
Ouvrir une agence d’intérim : des contraintes spécifiques
C’est justement pour toutes ces raisons que les agences d’intérim sont soumises à des contraintes strictes.
- Elles doivent obtenir une garantie financière égale à au moins 8% du chiffre d’affaires de l’année précédente afin de permettre le paiement des salaires, primes, indemnités et cotisations dues, en cas de défaillance de sa part.
- Elles doivent souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle spécifique des entreprises du travail temporaire, qui permet d’assurer des risques spécifiques : inadéquation des intérimaires mis à disposition, non-respect du droit du travail, faute inexcusable de l’employeur, accidents du travail de salariés mis à disposition, etc.
- Elles doivent se déclarer à l’inspection du travail.
- Elles doivent également souscrire au régime Intérimaires Prévoyance.
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