Coronavirus : " Les entreprises doivent faire preuve de résilience pour passer l’orage" Olga Romulus, expert-comptable au sein du cabinet Fiducial
Résilience, sauvegarde de trésorerie, veille juridique et solidarité sont les points clés de la "survie" des entreprises.
Expert-comptable au sein du cabinet Fiducial, mais aussi membre du Collège des Experts de la Fédération française de la franchise, Olga Romulus évoque les effets à plus ou moins long terme de la crise sanitaire liée au coronavirus Covid-19, et la manière dont les entreprises avec lesquelles elle est en contact chaque jour réagissent face aux événements.
Quels sont les retours de vos clients ?
Chez Fiducial, nous accompagnons plus de 316 000 clients, artisans, commerçants, professions libérales, chefs d’entreprise et agriculteurs, qui sont essentiellement des TPE (Très petites entreprises) et également des franchisés.
Tous ces entrepreneurs sont touchés de plein fouet par les conséquences de cette crise sanitaire inédite dans l’histoire de notre pays, et à vrai dire du monde entier.
Ils font néanmoins preuve de sang-froid dans la majorité des cas en essayant de maintenir leur activité dans le strict respect des contraintes sanitaires. Beaucoup ont développé des solutions ingénieuses en mettant en place le télétravail ou d’autres modes d’exploitation : livraison à domicile, vente à emporter…
Ils sont en tout cas très réactifs et très à l’écoute de leurs conseillers pour se tenir informés des dispositifs mis en place par le gouvernement et prendre des décisions rapides pour le salut de leur entreprise aujourd’hui, tout en préparant la sortie de crise que nous espérons tous voir rapidement.
Avez-vous déjà été confrontée à une telle crise dans votre activité ?
Jusqu’à présent, les crises que nous avions connues étaient davantage des crises liées à l’offre qu’à la demande : problème de production, concurrence des prix, flambée des matières premières, …
Aujourd’hui la crise touche le consommateur en lui interdisant des actes de consommation non essentiels et en le privant de sa liberté de se déplacer. C’est une situation totalement inédite qui touche tous les acteurs du monde économique : les consommateurs, les travailleurs et les investisseurs.
Nous n’avions également jamais vu un tel déferlement de textes de lois, ordonnances, décrets, etc., où le législateur doit réguler pour le bien du pays des relations économiques, sociales qui s’organisaient jusqu’alors dans la sphère économique privée. La veille juridique est donc essentielle pour inscrire son activité dans le cadre de ces nouvelles règles mais également bénéficier des dispositifs d’aide qui se multiplient.
Quelle est la priorité pour les entreprises actuellement ?
Aujourd’hui la priorité pour les entreprises est de tenir face à cette tempête. La crise sanitaire cessera, mais les entreprises doivent faire preuve de résilience pour passer l’orage. Le point névralgique essentiel est leur capacité à sauvegarder leur trésorerie.
De nombreuses mesures vont permettre d’assister les entreprises à passer cette crise avec un soutien massif des banques françaises qui vont débloquer des prêts de trésorerie garantis par l’Etat ; mais il faudra à un moment être en capacité de recréer de la richesse et dégager l’argent nécessaire pour rembourser cette dette.
Les réseaux de franchise font également preuve de beaucoup de solidarité entre les franchisés, et les franchiseurs prennent toute la mesure de leur devoir d’assistance et de conseil auprès des membres de leur réseau.
Quels sont les scénarios de sortie de crise que l’on peut envisager ?
Nous avons malheureusement des exemples à l’autre bout du monde qui montrent que la reprise est plutôt lente après une crise de cette ampleur. Le consommateur a peur, hésite à reprendre ses habitudes de vie sociale et de consommation.
En France, nous pouvons espérer que le goût de la vie reprendra vite et permettra de retrouver une demande forte sur le secteur des loisirs, de la convivialité et du partage.
Mais il y aura un avant et un après. Le consommateur a découvert de nouvelles habitudes de consommation, de travail et même de vie. Il faudra désormais intégrer ces changements dans les offres proposées, et adapter encore les entreprises et les réseaux de franchise à cette nouvelle forme de demande.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise pour s’en sortir ?
Aujourd’hui tous les leviers pour préserver la trésorerie doivent être actionnés : recours au chômage partiel, décalage des échéances de paiement des charges sociales et fiscales, report des loyers, souscription de prêts de trésorerie.
Il faut néanmoins préserver le paiement de ses fournisseurs courants qui sont dans des situations similaires et dont l’entreprise aura grandement besoin au redémarrage de l’économie.
C’est également le moment pour mettre en place un business plan de sortie de crise pour voir quels leviers peuvent être actionnés, quelle stratégie adoptée pour reconquérir ce chiffre d'affaires perdu et envisager sereinement le remboursement des avances de trésorerie contractées.
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Gilets jaunes, manifestations, covid-19… Quels sont, en amont, les moyens pour se prémunir de telles crises ?
Il est impossible d’anticiper de tels évènements mais nous devons apprendre de ce qui se passe en ce moment.On portera désormais une attention particulière à la rédaction des situations de force majeure dans ses polices d’assurances.
De même, les contrats commerciaux, comme par exemple le bail commercial ou le contrat de franchise, devront peut-être à l’avenir comporter des clauses d’imprévision pour anticiper le sort des relations contractuelles lors de tels événements.