Acheter français : que pensent les français du Made in France ?
Etat du marché, tendances : focus sur l'achat de produits français
La crise du covid-19, début 2020, a ramené le made in France sur le devant de la scène en démontrant la forte dépendance du pays aux sous-traitants étrangers, asiatiques en particulier. Et si sondages et médias avancent à grand renfort de chiffres exorbitants qu’acheter français va devenir la norme, la réalité est un peu plus nuancée. Que pensent les Français du made in France ? Acheter français va-t-il devenir la norme ? Eléments de réponse.
Les Français engagés pour le made in France
Selon une étude exclusive réalisée par OpinionWay fin 2023 pour les CCI de France révèle que les Français restent engagés en faveur du made in France malgré l'inflation. Cette étude révèle ainsi que :
- 85% des Français achètent des produits made in France ;
- Le soutien des producteurs locaux est la première motivation à acheter des produits fabriqués en France (à 63%) ;
- Le pays de fabrication est cependant seulement le 4e critère de choix d'un produit (à 23%) ;
- Plus un foyer est aisé (plus de 3.500€ par mois) et plus le pays de fabrication d'un produit est un critère important dans l'acte d'achat ;
- 89% des Français souhaitent consommer plus de produits made in France ;
- 52% des consommateurs trouvent que les produits made in France ne sont pas assez mis en valeur dans la grande distribution.
81% de la consommation des ménages est made in France
C’est une étude aux résultats étonnants conduite par l’Insee en 2018 qui révélait que, en 2015, 81% de la consommation des ménages était déjà, en réalité, made in France. En clair, selon les données de l’Insee, seuls 19% des produits consommés par les ménages français étaient importés.
Ce chiffre étonnant masque en réalité de profondes disparités et des méthodes de calcul qui peuvent raisonnablement être remises en question. Il faut en effet analyser plus profondément, secteur par secteur, pour déceler des disparités très fortes.
Ainsi, la consommation de produits alimentaires, de boissons et de produits du tabac est à 60% « made in France ». Sur ce point, déjà, le taux de produits importés grimpe donc à 40%.
Si l’on s’intéresse au secteur de l’habillement, du cuir et de la chaussure, le taux de produits importés passe évidemment à 87% !
Mais ce qui fait basculer les résultats globaux de l’étude, c’est la prise en compte du secteur des services qui, par définition, sont produits et consommés sur place. Or, en valeur, la consommation de services, « made in France » à plus de 90%, pèse pour beaucoup dans la balance et fausse donc les résultats puisque ces derniers représentent près de 1.300 milliards sur un total d’environ 1.600 milliards, soit 81%.
Pour autant, on retrouve des données similaires dans l'étude menée pour les CCI fin 2023 dans laquelle on apprend que les 3 types de produits made in France les plus achetés sont :
- A 70% alimentaires ;
- A 33% des produits d'hygiène er de cosmétique ;
- A 32% des vêtements.
Les seniors, premiers consommateurs de produits français
Sans surprise, cette même étude révèle que ce sont les retraités qui sont les premiers à acheter français. Et pour cause : aujourd’hui encore les seniors constituent la part de la population avec le plus de pouvoir d’achat. Quand on sait qu’un produit français coûte en moyenne 4 fois plus cher à fabriquer qu’un produit issu d’industries asiatiques, on comprend mieux pourquoi les agriculteurs et les ouvriers consacrent quant à eux une part importante de leur budget dans des denrées alimentaires et boissons, qui comptent plus de produits importés.
Cette donnée est directement corrélée aux résultats de toutes les études plus récentes sur la question (l'enquête pour les CCI précédemment citée mais aussi une enquête menée par le magazine LSA Conso) : l'engagement pour la fabrication française est directement dépendant de l'âge et de la situation financière des ménages. Le consommateurs concerné qui veille à acheter français a plus de 35 ans et gagne plus de 3.500€ par mois.
>> Lire aussi : Marché des seniors : le pactole de l'or gris
Les Français prêts à payer 5% à 10% plus cher
Acheter français : quelques chiffres
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3 Français sur 4 se disent prêts à payer un produit manufacturé plus cher s’il est fabriqué en France.
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79% d’entre eux se déclarent disposés à payer plus cher pour un produit alimentaire s’il contient des ingrédients de qualité.
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93% des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est une manière de soutenir les entreprises françaises.
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91% des Français estiment qu’acheter un produit français est une manière de participer au maintien de l’emploi en France mais aussi de préserver les savoir-faire français.
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86% des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est la garantie d’avoir un produit élaboré selon des normes sociales respectueuses des salariés.
Le problème du prix
Les produits industriels, qu’il s’agisse des lunettes, des vêtements ou de l’électroménager, fabriqués en France coûtent en moyenne 20% de plus qu’un produit importé.
Le problème, c’est que les Français, qui se disent certes prêts à payer plus cher un produit fabriqué en France, fixent cette limite à 5% ou 10%, soit bien en-dessous du surcoût réel d’une production nationale. Et ce, parce que malgré le fait que, selon l’Insee, le pouvoir d’achat a progressé de 1,4 point en 2018, les Français, eux, ont le sentiment que leur pouvoir d’achat ne cesse de diminuer… biais cognitif qui s’aggrave quand on les confronte à des produits de facto plus chers... et encore plus en période d'inflation.
Ainsi, en 2023, 67% des Français ont déclaré que l'inflation a eu un impact sur l'achat de produits made in France :
- 80% ont restreint les achats de produits français ;
- 63% ont différé les achats de produits fabriqués en France ;
- 64% ont renoncé à acheter des produits made in France.
En conclusion, les Français sont prêts à acheter français, en particulier dans l’alimentaire. D’un point de vue pragmatique, de nombreuses entreprises - comme les franchises de restauration - ont donc tout intérêt non seulement à favoriser des approvisionnements locaux et labellisés mais aussi à communiquer sur cette démarche considérée comme responsable.
Les entreprises de service, notamment celles qui ont développé des compétences techniques spécifiques et/ou qui développent des produits innovants, peuvent également avoir intérêt à promouvoir cette origine française de leur savoir-faire ainsi que leurs engagements pour concevoir et fabriquer des produits innovants en France.