Épiphanie, le 6 janvier
L'épiphanie : des origines d'une fête païenne à la vente de galettes des rois.
S’il est une fête que les Français aiment à célébrer, c’est bien celle de l’Épiphanie. Le 6 janvier donne ainsi l’occasion de se réunir en famille ou entre amis autour d’une galette traditionnelle. À cette occasion, nous vous proposons un focus sur l’histoire de cette célébration et de décrypter le marché de l’une de nos pâtisseries préférées.
Une page d’histoire de la fête de l’Épiphanie
Fête païenne puis religieuse, l’Épiphanie célèbre à la fois la fin de l’hiver et la venue de Jésus Christ sur Terre. Pour la fête, il est d’usage de proposer une galette garnie de fève, une tradition qui remonte à l’Antiquité romaine.
L’Épiphanie : une fête célébrant le retour de la lumière
Provenant du grec Epiphaneia, qui signifie apparition ou manifestation, l’utilisation de ce terme est bien antérieure au christianisme. Dans la culture grecque antique, les Épiphanes désignent l’apparition des 12 dieux de l’Olympe aux hommes.
À l’origine, l’Épiphanie est une célébration païenne de la Lumière, qui débute le jour du solstice d’hiver, quand les jours commencent à rallonger, pour se poursuivre jusqu’au 6 janvier. On concocte pour l’occasion une galette ronde et dorée, qui rappelle le soleil et symbolise le retour de la lumière.
L’Épiphanie, une date qui marque la manifestation du Christ dans le monde.
Le 6 janvier est la date choisie par le père de l’Église Épiphane de Salamine pour marquer la naissance du Christ et sa manifestation au monde, avant que ne soit instaurée au VIè siècle la fête de Noël du 25 décembre.
Dans la tradition chrétienne, le 6 janvier est le jour où les trois rois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar, guidés par une étoile, arrivèrent à l’étable où se trouve l’enfant Jésus. Pour beaucoup de pays, cette date est la plus importante du calendrier religieux, en ce qu’elle annonce la Bonne Nouvelle aux nations du monde.
Une galette pour fêter l’Épiphanie
L’Église instaure la tradition de la galette en France dès le 13ème siècle. Pour célébrer l’adoration des rois mages, il fallait confectionner une galette, que l’on partageait en autant de portions que d’invités plus une. Cette dernière part, appelée part de la Vierge, était ensuite offerte au premier pauvre qui se présentait au logis. La coutume de la fève et celle de tirer les rois, quant à elles, sont plus anciennes.
Tirer les rois : une tradition qui date des Romains
Il faut remonter aux fêtes romaines des Saturnales pour trouver la première apparition du tirage des rois. Elles se déroulent durant la semaine précédant le solstice d’hiver et visent à célébrer le dieu Saturne. Pendant ces fêtes, les barrières sociales s’effacent et l’ordre s’inverse provisoirement entre les esclaves et les maîtres. Il était de coutume d’élire le roi de la fête par un gâteau dans lequel était inséré une fève. Il était coupé en autant de parts qu’il y avait de convives et on faisait appel à un enfant pour qu’il désigne à qui chacune était attribuée.
Une galette ou un gâteau pour célébrer l’Épiphanie
Si la galette est la pâtisserie la plus répandue pour célébrer l’Épiphanie le 6 janvier, sur le pourtour méditerranéen, il est plutôt d’usage d’offrir un gâteau des rois. Il prend la forme d’une couronne de pain au levain sucré tressée, parfumée à la fleur d’oranger, recouverte de sucre et/ou garnie de fruits confits. La fève est remplacée par un santon.
Pour les deux pâtisseries, la coutume veut que l’on confie la répartition des parts à l’enfant le plus jeune, et celui ou celle qui découvre la fève est couronné roi ou reine.
La galette sous la Révolution
À une époque où la Royauté est remise en cause, tirer les rois n’a plus lieu d’être. On remplace donc la galette des rois par celle de l’Égalité et la fève par un bonnet phrygien avant de la supprimer totalement. Elle fera son retour en 1870, sous la forme de figurines de porcelaine, puis de plastique.
Aujourd’hui, la galette des Rois est distribuée chaque année à l’Élysée et ne comporte pas de fève, pour ne pas que le Président puisse être couronné.
L’Épiphanie en Europe
En Espagne, l’Épiphanie est appelée Dia de los Reyes et revêt une plus grande importance que Noël, c’est pourquoi les enfants reçoivent leurs cadeaux le 6 janvier et non le 25 décembre.
En Italie, les bouts de chou sont doublement gâtés : par le père Noël le 25 décembre et par la sorcière Befana (un dérivé du terme Épiphanie) le 6 janvier.
En Allemagne, dans les régions de Bavière, Saxe-Anhalt et du Bade-Wurtemberg, le 6 janvier est un jour férié. Les enfants doivent se déguiser en rois et visiter les maisons en chantant des cantiques de Noël. Ils reçoivent en récompense des pommes, des bonbons et des noix.
En Irlande, le 6 janvier est appelé Little Christmas et toutes les décorations de Noël doivent être enlevées à cette date. Il est de coutume que le soir, les femmes se réunissent entre elles.
Les caractéristiques du marché de la galette des rois
La galette des rois a de nombreux adeptes en France, l’occasion pour les artisans et les professionnels de la grande distribution de réaliser une part importante de leur chiffre d’affaires durant le mois de janvier.
L’Épiphanie et la galette des rois, un marché en or
Emblème de l’Épiphanie, la galette des rois représentait en 2018 un chiffre d’affaires de 332 millions d’euros, tous réseaux de distribution confondus. Les marges peuvent aller jusqu’à 400% et la vente peut entraîner certaines dérives. C’est pourquoi certains artisans réclament un label tradition pour protéger la galette réalisée dans les règles de l’art par des boulangers-pâtissiers. S’ils sont environ 32 000 à confectionner eux-mêmes leur frangipane et leur pâte feuilletée, ils seraient 70% à proposer à la vente des galettes industrielles congelées qu’ils se contenteraient de réchauffer… Tout en vendant au prix fort !
Les chiffres de la galette des rois en France
Les Français adorent la fête de l’Épiphanie et selon un sondage, 85% d’entre eux achètent une galette des rois et 8% en achètent même plus de 5. Chaque année, ce sont donc quelques 32 millions de galettes des rois qui sont vendues, dont 7 millions préparées de manière artisanale et 25 millions de façon industrielle. Pour les 32 000 boulangers-pâtissiers qui la réalisent eux-mêmes, la vente de la galette peut représenter jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires annuel, soit 200 000 € en moyenne, avec entre 600 et 1 500 gâteaux écoulés chaque semaine durant le mois de janvier. Dans la grande distribution, Carrefour vend chaque année 3.7 millions de galettes, et l’enseigne spécialisée dans les produits surgelés Picard environ 1.3 millions d’unités.
Le prix de la galette des rois
La traditionnelle galette des rois à la frangipane a la côte auprès des Français, puisqu’ils sont 80% à la choisir pendant les fêtes de l’Épiphanie, contre 16% qui préfèrent le gâteau des rois du Sud et 4% les galettes aux pommes ou au chocolat. Elles sont vendues entre 5 et 10 € dans la grande distribution et entre 15 et 40 € chez les artisans. Cet écart des prix s’explique notamment par les matières premières utilisées, dont la poudre d’amande et le beurre. Le prix à la tonne de ce dernier n’a eu de cesse en effet de progresser entre 2016 et 2018. Il faut compter 4.32 € de prix de revient pour une galette artisanale de 8 parts, vendue en moyenne à 18 €, soit une marge bénéficiaire de presque 14 €. Le business de la galette des rois reste donc lucratif, que le produit soit artisanal ou industriel.
Et la fève dans tout ça ?
Argument marketing essentiel, la fève se décline en une multitude de formes et de matières. Du héros de bande dessinée au petit objet en or, en passant par les modèles traditionnels en porcelaine, on trouve de quoi contenter les goûts de tous les fabophiles. Il existe un véritable marché de la fève, et les modèles les plus prisés peuvent s’échanger pour plus de 1 000 €. Une Alsacienne en possède même une collection de 152 000 exemplaires ! Alors d’où viennent ces petites figurines ? Pour 95% d’Asie, avec une fabrication en Chine et au Vietnam à un prix d’achat moyen de 60 centimes d’euro.
Alors qui aura la fève cette année ? 68% des parents avouent tricher pour la laisser à leurs enfants.